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© Deux séries de campagnes de vaccination contre la polio devraient être lancées fin août et en septembre 2024 dans la bande de Gaza.© WHO
Alors que de nouveaux ordres d’évacuation donnés vendredi par l’armée israélienne menacent de déraciner à nouveau des communautés de plusieurs zones de Khan Younis et Deir el-Balah, à Gaza, le Secrétaire général de l'ONU et des agences humanitaires ont demandé, vendredi, « des pauses humanitaires » dans les combats afin que plus de 640.000 enfants de moins de 10 ans soient vaccinés ces prochaines semaines contre la polio dans l'enclave palestinienne.
« J’appelle toutes les parties à fournir immédiatement des garanties concrètes garantissant des pauses humanitaires pour la campagne » contre la polio, a déclaré le chef de l’ONU, António Guterres, lors d’un point de presse, notant qu’il « est impossible de mener une campagne de vaccination contre la polio alors que la guerre fait rage partout ».
« Une campagne de vaccination réussie contre la polio nécessite avant tout la sécurité. La sécurité des personnels de santé pour faire leur travail. La sécurité des enfants et des familles pour se rendre aux établissements de santé. Et la sécurité de ces établissements de santé pour être protégés des bombardements », a-t-il insisté.
« Il est de notre devoir commun de nous unir. De nous mobiliser, non pas pour combattre les gens, mais pour combattre la polio. Et pour vaincre un virus vicieux qui, s’il n’est pas maîtrisé, aurait des conséquences désastreuses non seulement pour les enfants palestiniens de Gaza, mais aussi pour les pays voisins et la région », a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, dans un communiqué, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont aussi demandé « à toutes les parties au conflit de mettre en œuvre ces pauses humanitaires afin de permettre la réalisation des deux séries de campagnes de vaccination » contre la poliomyélite.
Les deux agences onusiennes ont précisé que ces campagnes devraient être lancées à la fin du mois d’août et en septembre afin d’empêcher la propagation du variant circulant du poliovirus de type 2 (cVDPV2).
Selon les agences humanitaires onusiennes, ces pauses dans les combats permettraient aux enfants et aux familles de se rendre en toute sécurité dans les établissements de santé et aux agents de proximité d’atteindre les enfants qui ne peuvent pas accéder aux établissements de santé pour les vacciner contre la polio. « Sans ces pauses humanitaires, la campagne ne pourra pas être menée à bien », ont averti les deux agences de l’ONU.
Risque de propagation élevé à Gaza et au niveau international
Au cours de chaque phase de la campagne, le ministère palestinien de la Santé, en collaboration avec l’OMS, l’UNICEF et l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), administrera deux gouttes de nouveau vaccin oral contre la polio de type 2 (nOPV2) à plus de 640.000 enfants de moins de dix ans.
Le poliovirus a été détecté en juillet 2024 dans des échantillons environnementaux provenant de Khan Younis et de Deir al-Balah. Fait inquiétant, trois enfants présentant une suspicion de paralysie flasque aiguë (PFA), un symptôme courant de la poliomyélite, ont depuis été signalés dans la bande de Gaza. Leurs échantillons de selles ont été envoyés pour analyse au laboratoire national jordanien de la polio.
Le risque de propagation du PVDV2, à Gaza et au niveau international, reste élevé compte tenu des lacunes dans l’immunité des enfants dues aux interruptions de la vaccination systématique, à la décimation du système de santé, aux déplacements constants de population, à la malnutrition et aux systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement gravement endommagés.
700 équipes et 2.700 agents de santé mobilisés
Plus de 1,6 million de doses de VPOn2 seront livrées. Les vaccins et les équipements de la chaîne du froid devraient transiter par l’aéroport Ben Gurion avant d’arriver dans la bande de Gaza à la fin du mois d’août.
Pour l’ONU, il est essentiel que le transport des vaccins et de la chaîne du froid soit facilité à chaque étape du voyage afin de garantir leur réception, leur dédouanement et leur livraison à temps pour la campagne.
Les vaccins seront administrés par plus de 700 équipes, notamment dans les hôpitaux, les hôpitaux de campagne et les centres de soins de santé primaires de chaque municipalité de la bande de Gaza. Environ 2.700 agents de santé, y compris des équipes mobiles et des agents de proximité, contribueront à l’organisation des deux phases de la campagne.
Israël ordonne de nouvelles évacuations pour le sud de Gaza
Tandis que des rapports des médias font état de la poursuite à Doha (Qatar) des négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza, l’armée israélienne a ordonné, vendredi, l’évacuation de nouveaux quartiers de de l’enclave palestinienne, affirmant qu’elle y mènerait des attaques contre des combattants.
« De nouveaux ordres d’évacuation ont été émis par les autorités israéliennes, même à l’intérieur de la soi-disant zone humanitaire », a d’ailleurs confirmé l'UNRWA, relevant qu’une fois de plus, « la peur se répand ».
Dans un message publié sur X, le porte-parole israélien en langue arabe, Avichay Adraee, a dressé la liste de six quartiers concernés par ce nouvel ordre d’évacuation. Les zones évacuées se trouvent dans l’est de Deir el-Balah, à al-Qarara, al-Mawasi, al-Jalaa, Hamad City et Nassr.
Un cauchemar sans fin « de mort et de destruction »
Plusieurs d’entre elles étaient auparavant considérés comme faisant partie de la « zone humanitaire » de Gaza. Selon l’UNRWA, les derniers ordres d’évacuation d’Israël à Gaza contribuent à un « cauchemar sans fin de mort et de destruction ».
« Une fois de plus, la peur se répand alors que les familles n’ont nulle part où aller », a déclaré l’UNRWA dans un message sur X. « Les gens restent piégés dans un cauchemar sans fin de mort et de destruction à une échelle stupéfiante ».
Ces nouveaux ordres d’évacuation interviennent alors que l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements dans l’enclave palestinienne. Avec la poursuite des hostilités et ces ordres de l’armée, les mouvements de population ne s’arrêtent jamais.
Selon l’UNRWA, près de 84 % de la bande de Gaza - environ 305 km² - a été placée sous ordre d’évacuation par l’armée israélienne. « Les populations courent pour sauver leur vie, attrapant ce qu’ils peuvent et laissant tout le reste derrière eux », a regretté l’agence onusienne, rappelant que les Gazaouis « sont épuisés et n’ont aucun endroit sûr où aller ».
Allégations de tortures sexuelles
Par ailleurs, une experte indépendante de l’ONU s’est dite, vendredi, consternée par les allégations de tortures sexuelles commises par des soldats israéliens et a demandé que les responsables rendent des comptes
La Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la torture, Alice Jill Edwards, a condamné la dernière allégation d’agression sexuelle commise par des soldats israéliens à l’encontre d’un Palestinien dont ils avaient la garde. Cette condamnation fait suite à la communication officielle qu’elle a adressée à Israël en mai au sujet de multiples allégations de torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants à l’encontre de Palestiniens détenus depuis le 7 octobre 2023.
Selon l’experte, des milliers de Palestiniens sont détenus par Israël depuis le 7 octobre 2023. Elle estime qu’il n’existe aucune circonstance dans laquelle la torture sexuelle ou les traitements inhumains et dégradants sexualisés peuvent être justifiés.
« Cette allégation de torture sexuelle impliquant plusieurs aggresseurs est particulièrement horrible. Lors d’une réunion officielle avec les autorités israéliennes, j’ai été informée que plusieurs soldats soupçonnés d’être impliqués ont été identifiés et font actuellement l’objet d’une enquête », a déclaré dans un communiqué, Mme Edwards.
Une reddition des comptes sans interférence
« Tous les crimes présumés commis dans le cadre de cette terrible guerre doivent faire l’objet d’une enquête transparente et impartiale, et les responsables doivent répondre de leurs actes devant des tribunaux civils », a-t-elle ajouté.
Mme Edwards a ainsi demandé que ce processus se déroule sans interférence. D’autant qu’elle s’est dite « troublée » par les récentes tentatives de citoyens israéliens - y compris, semble-t-il, un membre du parlement - d’intervenir violemment après l’arrestation de soldats accusés de mauvais traitements.
« Les procédures pénales relatives à toutes les allégations doivent se dérouler sans entrave. Personne n’est au-dessus de la loi. Personne n’est à l’abri de poursuites pour torture », a insisté l’experte indépendante onusienne. Une façon de rappeler que les responsables de toutes les allégations de torture ou traitements inhumains ou dégradants pendant cette guerre doivent rendre des comptes.
Elle a réitéré son appel à la libération immédiate de tous les otages israéliens encore détenus illégalement par le Hamas et d’autres groupes armés, ainsi qu’à la libération rapide de tous les Palestiniens détenus arbitrairement. Elle s’est félicitée du contrôle exercé par la Haute Cour de justice sur le camp militaire de Sde Teiman, qui a fait l’objet de nombreuses allégations graves.
Africa24monde avec Regard Sur l'Afrique / ONU