Départ forcé : Les avions de chasse français quittent le Tchad
L'armée française a commencé le retrait de ses troupes du Tchad. ...
© Un avion de chasse français a décollé, alors que la France commence le retrait de son armée du Tchad avec le départ de deux avions de guerre, à N'Djamena, au Tchad, le 10 décembre 2024. REUTERS - Stringer
L'armée française a commencé le retrait de ses troupes du Tchad. L'état-major des armées tchadien l'a annoncé mardi 10 décembre dans un communiqué officiel à la mi-journée : « Une partie des avions de chasses » ont quitté la base aérienne d’Adji Kossei à N’Djamena mardi. La France a décidé d’entamer ce retrait après la rupture des accords de coopération de défense et de sécurité annoncée par le gouvernement tchadien, le 28 novembre dernier. N’Djamena exigeait un retrait rapide des troupes françaises présentes sur son sol et Paris a emboité le pas.
L'armée française a entamé son retrait du Tchad avec deux Mirage 2000.
Sur les trois Mirage 2000 présents au Tchad, deux ont quitté la base aérienne d’Adji Kossei à 13h15 mardi. Ils étaient accompagnés d’un MRTT, un avion de ravitaillement. Direction : la France.
« C’était voulu par le Tchad et la France y a mis de la bonne volonté », c’est ce qu’explique une source gouvernementale tchadienne. Mais la rapidité du retrait des premiers avions de combat français est néanmoins une surprise. « C’est allé plus vite qu’on ne l’imaginait », confie cette même source.
Ce début de retrait est historique. Le Tchad est un point d'ancrage important de l'armée de l'air française. La dernière fois qu’elle avait quitté le sol tchadien, c’était en 1976 à la demande du président Félix Malloum pour finalement revenir la même année et aider à empêcher la progression des rebelles du Front de libération nationale du Tchad (Frolinat) vers le sud du pays.
Le désengagement des autres capacités militaires françaises présentes au Tchad est en discussion entre Paris et N’Djamena. Cela comprend aussi le retrait des 1 000 soldats présents.
Les avions, «basés au Tchad depuis des décennies», ont décollé de N’Djamena et se sont envolés pour la base aérienne de Nancy.
La France a fait décoller ce 10 décembre deux avions de combat Mirage, stationnés au Tchad «depuis des décennies», marquant ainsi le début du retrait de ses forces militaires de ce pays africain, selon les médias français. Un troisième appareil devrait encore décoller dans la journée, a précisé l’agence de presse d’État AFP citant des sources dans l’armée.
Les deux Mirage 2000-D ont décollé de la base française de N’Djamena, après que les forces militaires tchadiennes sont venues leur faire leurs adieux, et se sont envolés pour la base aérienne de Nancy, dans l’est de la France, a encore précisé le porte-parole de l’armée française, le colonel Guillaume Vernet, cité par l’agence de presse américaine AP.
Selon l’AFP, Paris déployait jusque-là près de 1000 militaires au Tchad, un dispositif qui était amené à se réduire dans le cadre d’une reconfiguration de la présence militaire française dans ce pays mais également au Sénégal et en Côte d’Ivoire. «Des avions de combat français ont été stationnés au Tchad, quasiment sans discontinuer depuis l’indépendance en 1960», relève encore l’agence.
Le 29 novembre dernier, les autorités tchadiennes ont annoncé leur «décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense» avec la France datant de 1966. Le Tchad a également mis fin à un accord signé en 2019 visant à renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense avec Paris.
Montée du souverainisme en Afrique
«Après 66 ans d’indépendance de la République du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa pleine souveraineté et de redéfinir ses partenariats stratégiques en fonction des priorités nationales», avait alors déclaré le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah.
Le jour même où le Tchad a fait cette annonce, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, qui a remporté les élections de mars, a appelé à son tour au retrait des bases militaires françaises du Sénégal. «Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain, et la souveraineté n’accepte pas la présence de bases militaires dans un pays souverain», avait affirmé Faye.
Ces évolutions marquent un changement fondamental dans les relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique parallèlement à la montée en puissance de dirigeants locaux souverainistes, et s’ajoutent aux retraits militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger à la suite des coups d’État survenus dans ces trois pays au cours des dernières années.
Réunis à Niamey le 6 juillet dernier, les dirigeants des trois pays sahéliens avaient acté la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), décidée le 16 septembre 2023. Des hommes politiques tchadiens ont appelé récemment le président Mahamat Idriss Déby à entamer des discussions pour intégrer l’AES.
Africa24monde avec RFI et RT France