
Guerre froide : des archives déclassifiées révèlent les bases secrètes de la CIA en Afrique
Des documents déclassifiés par les archives nationales des États-Unis ...
© Ibrahim Rasool est déclaré persona non grata par la nouvelle administration Trump
Ambassadeur d’Afrique du Sud aux États-Unis sous Obama, puis sous Biden, Ibrahim Rasool est déclaré persona non grata par la nouvelle administration Trump. Son expulsion expose les tensions stratégiques liées à la Loi 13 et à l’influence croissante des BRICS.
Amplifiée par la position stratégique de l’Afrique du Sud au sein des BRICS, son rapprochement avec la Chine et la Russie, ainsi que l’adoption en 2024 de la Loi 13, permettant aux communautés indigènes de posséder et de gérer des terres, l’expulsion Rasool s’inscrit dans une montée des tensions entre Washington et Pretoria.
Ce geste diplomatique extrême reflète la volonté américaine de contenir l’influence croissante des BRICS dans un monde multipolaire. Il vise également à sanctionner les orientations progressistes de Pretoria, perçues comme un affront à l’hégémonie occidentale en essayant d’humilier les personnalités de premier plan du pays, sachant que Rasool est un membre influent de l’ANC ayant occupé plusieurs postes de direction au sein du parti. Il a été Premier ministre du Cap-Occidental de 2004 à 2008 avant d’être élu membre de l’Assemblée nationale en 2009-2010.
L’attitude arrogante de l’administration américaine
En plus de l’avis formel, le secrétaire d’État Rubio a diffusé un message percutant sur les réseaux sociaux : «L’ambassadeur d’Afrique du Sud aux États-Unis n’est plus le bienvenu dans notre grand pays. Ibrahim Rasool est un politicien raciste qui déteste l’Amérique et son président Donald Trump. Nous n’avons rien à lui dire, il est donc considéré comme persona non grata». Cet incident symbolise une fracture géopolitique majeure dans un ordre mondial en recomposition.
Cette décision américaine – qui n’est pas un cas isolé – traduit une attitude arrogante qui consiste à imposer une vision unilatérale sans tenir compte des dynamiques bilatérales ni des valeurs de dialogue fondamentales. Elle accentue une fracture idéologique notable qui oppose les valeurs progressistes et la quête de justice sociale de l’Afrique du Sud à une rhétorique nationaliste américaine exacerbée et emprisonnée dans une logique conflictuelle. Cette divergence révèle non seulement l’incapacité de Washington à s’adapter à un contexte mondial multipolaire, mais aussi son approche coercitive qui ne fait que l’isoler davantage sur la scène internationale.
Globalement, cet incident établit un précédent alarmant où l’impulsivité et l’unilatéralisme américains fragilisent les normes diplomatiques et sapent les institutions multilatérales clés pour la stabilité mondiale. Profondément enracinée dans la politique étrangère américaine, cette interversion du triptyque diplomatique composé de soft-power, hard-power et smart-power risque d’encourager d’autres nations à adopter symétriquement des stratégies similaires. Ce qui pourrait cliver davantage l’échiquier global et compromettre les efforts de résolution pacifique des conflits.
C’est pourquoi, intervenue dans un contexte géopolitique caractérisé par la montée en puissance de l’Alliance BRICS et l’adoption de la Loi sur l’expropriation, cette expulsion symbolise non seulement une polarisation croissante, mais aussi un affaiblissement de l’influence morale des États-Unis dans les affaires globales. Cet article examine l’incidence diplomatique du refoulement asymétrique contre Rasool sous les prismes de la Loi sur l’expropriation en Afrique du Sud et de la position stratégique de Pretoria au sein de l’Alliance BRICS.
Un lien troublant entre la loi sur l’expropriation et l’expulsion d’Ibrahim Rasool
La Loi 13 sur l’expropriation en Afrique du Sud, malgré son ambition de redresser les injustices historiques, suscite d’importantes préoccupations quant à son orientation politique. Elle pourrait potentiellement affaiblir les investissements étrangers, menacer les droits de propriété privée et exacerber la polarisation sociale dans un pays déjà économiquement vulnérable.
Alors que l’adoption de cette Loi est motivée par une préoccupation de déconstruire l’héritage de l’Apartheid, elle affecte les relations entre Washington et Pretoria. L’ambassadeur sud-africain paie le lourd tribut par son expulsion suite aux critiques émises par le président américain à l’encontre de cette Loi perçue par beaucoup comme une mesure radicale touchant les Sud-Africains blancs. Cette législation habilite un gouvernement majoritairement noir à confisquer des biens pour diverses motivations, en vue de les redistribuer selon des principes de justice sociale. Ce développement inquiète vivement le lobby américain, renforçant les craintes d’un dangereux précédent pour les investissements étrangers. Les parallèles historiques avec le Zimbabwe rappellent les risques de sanctions économiques que cette situation pourrait engendrer.
Par ailleurs, s’éloignant des partenariats traditionnels avec l’Occident, l’Afrique du Sud accentue son pivot géostratégique vers les BRICS en intensifiant ses collaborations avec la Chine et la Russie. Cela est mal vu par les États-Unis qui profitent de l’adoption de la Loi susvisée pour s’inscrire dans une asymétrie diplomatique. Cette situation souligne un contexte de fragmentation géopolitique où les terres sud-africaines deviennent le théâtre d’un affrontement stratégique.
La Loi sur l’expropriation aurait simplement servi de prétexte stratégique à l’expulsion de l’ambassadeur, révélant des tensions idéologiques et géopolitiques profondes entre les deux pays.
L’expulsion Rasool sous le prisme de la position stratégique de l’Afrique du Sud au sein de l’Alliance BRICS
Le rôle croissant de l’Afrique du Sud au sein de l’Alliance BRICS, perçu comme une menace pour les intérêts géopolitiques américains, pourrait expliquer de manière inavouée, la décision diplomatique extrême de Washington. Par réciprocité, Pretoria a suspendu toute exportation de minéraux aux États-Unis. Le poste d’ambassadeur des États-Unis en Afrique du Sud étant vacant, la mission diplomatique est dirigée par le chargé d’affaires. En février dernier, l’absence du secrétaire d’État américain Marco Rubio à la réunion des ministres des affaires étrangères du G20 à Johannesburg a marqué une approche stratégique différente, avec la participation du chargé d’affaires pour assurer tout simplement une présence protocolaire.
La déclaration d’Ibrahim Rasool «persona non grata» et son expulsion par les États-Unis suscite des interrogations sur les complexités géopolitiques où l’Afrique du Sud – en tant que membre stratégique de l’Alliance BRICS – occupe une position centrale. En tant que porte d’entrée africaine des BRICS, l’Afrique du Sud agit comme un vecteur de connexions entre le continent africain – riche en ressources – et les puissances émergentes. A travers des initiatives comme la Nouvelle Banque de Développement et la dédollarisation par le règlement des échanges en monnaies nationales, cette alliance reconfigure les équilibres économiques et remet en question l’hégémonie américaine.
Le renforcement des relations de l’Afrique du Sud avec la Russie et la Chine témoigne d’une orientation stratégique qui diverge des intérêts de Washington. Dans ce contexte de rivalité mondiale constante, l’expulsion de l’ambassadeur sud-africain prend non seulement une dimension symbolique, mais souligne également la volonté de Washington de réaffirmer son influence face aux BRICS et de dissuader d’autres alliances similaires. Dès lors, cet acte dépasse un simple différend diplomatique et s’inscrit dans un mouvement plus large de redéfinition des rapports de force mondiaux.
La décision asymétrique de Washington reflète donc les tensions liées à l’influence croissante de l’Afrique du Sud au sein des BRICS.
On peut dire que l’expulsion de l’ambassadeur sud-africain par les États-Unis révèle une fracture stratégique dans un contexte multipolaire où les tensions idéologiques et les rivalités liées aux BRICS redéfinissent les équilibres mondiaux. La Loi 13 sur l’expropriation n’en aurait été qu’un simple prétexte pour masquer l’intention réelle inavouée.
Africa24monde avec New Eastern Outlook par Mohamed Lamine Kaba