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© Combien de startups marocaines ont levé plus d’1 million de dollars en 2025?
Il y a une réelle différence entre le mythe de l’essor exponentiel, qui est de la com, face à la réalité des flux de capitaux en 2025. Le discours ambiant laisse entendre que l’écosystème technologique marocain entre dans une phase d’expansion accélérée, porté par une dynamique d’investissement comparable à celle observée dans certains hubs émergents.
Mais l’analyse des flux de capitaux contredit largement cette narration.
En 2025, seulement deux opérations documentées dépassent le seuil des 1 million de dollars : ORA Technologies, avec une levée de 7,5 M$ en amorçage avancé, un ticket atypiquement élevé pour un marché encore peu profond, et Chari, avec 12 M$ en série A, l’une des rares start-up marocaines capables de mobiliser du capital institutionnel régional et international.
Au total, les données disponibles indiquent 11 transactions pour un cumul avoisinant 33 M$. Cela implique que près de 80 % des deals se situent en dessous du million de dollar, ce qui confirme la prédominance d’un marché early-stage fragmenté, dominé par des tickets compris entre 100 k$ et 500 k$.
Alors pourquoi ce décalage structurel entre perception et données ?
Parce que plusieurs dynamiques structurantes sont souvent occultées : Tout d’abord on reste dans un marché qui reste deal-light malgré une forte densité institutionnelle. Malgré la présence d’accélérateurs, de structures publiques et de fonds para-publics, la cadence des deals reste faible. Le pipeline de projets investissables c’est-à-dire conformes aux standards VC internationaux (traction, TAM, CAC/LTV) demeure très limité.
Ensuite on est dans un contexte de dépendance persistante à la liquidité exogène. Les deux levées >1M$ de 2025 ont été possibles grâce à des capitaux majoritairement étrangers. Le marché domestique du capital-risque n’a pas encore la capacité de soutenir des tours >5M$ de façon récurrente. La profondeur du marché reste faible… Et enfin il y a un réel écart entre communication institutionnelle et métriques réelles…
La mise en avant de success stories crée un effet de halo. Mais les indicateurs fondamentaux: volume des deals, taille médiane, repeat investors, temps de closing, montrent un marché encore en phase de structuration plutôt qu’en hypercroissance.
Le Maroc progresse certes, mais lentement, et le récit d’hypercroissance ne correspond pas aux fondamentaux.
Oui le pays bénéficie d’une infrastructure numérique supérieure à la moyenne régionale (et c’est pas difficile), d’une stabilité institutionnelle rare (et c’est difficile), d’une volonté étatique d’industrialiser l’innovation (Start-up Act, fiscalité). Mais un véritable take-off nécessite une augmentation de la taille des tickets domestiques, un élargissement du pipeline de projets à forte scalabilité, et une présence accrue d’investisseurs internationaux prêts à syndiquer des tours de série A/B et on en est encore loin.
Africa24monde Par Jérémie Taïeb