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© Illustration : forage d'un puits de pétrole
Le Cameroun et le Nigeria, deux pays frères et voisins, ont administré au monde un bel exemple de règlement pacifique de conflit frontalier. Dans la gestion de cette affaire, le Président Paul BIYA a montré une fois encore ses grandes qualités d’homme d’Etat épris de paix. Mais à quel prix pour le Cameroun?
La presqu'île de Bakassi est une région du Sud-ouest Cameroun riche en pétrole et en gaz, avec des réserves estimées à environ 35,2 milliards de barils de pétrole et 176 billions de pieds cubes de gaz.
Litige frontalier
Le conflit de Bakassi est une insurrection qui a débuté en 2006 dans la péninsule de Bakassi, au Cameroun, et qui est menée par des séparatistes locaux contre les forces armées camerounaises. Après l'indépendance du Cameroun et du Nigeria, la frontière entre les deux pays n'a pas été réglée et d'autres différends ont surgi. Le gouvernement nigérian a affirmé que la frontière était celle d'avant les accords britanniques et allemands de 1913. De son côté, le Cameroun revendiquait la frontière fixée par les accords germano-britanniques. Le différend frontalier s'est aggravé dans les années 1980 et 1990 après que des incidents frontaliers se soient produits, qui ont failli provoquer une guerre entre les deux pays.
Après l'indépendance du Nigeria et du Cameroun en 1960, le statut du Cameroun britannique n'était pas clair. Un plébiscite, parrainé et supervisé par les Nations unies, a eu lieu au mois de février suivant, à l'issue duquel la partie nord du territoire, le Cameroun septentrional (Northern Cameroons) a voté pour rester dans le giron du Nigeria, tandis que la partie sud, le Cameroun méridional (Southern Cameroons) a voté pour la réunification avec le Cameroun. La partie nord du Cameroun britannique a été transférée au Nigeria au mois de juin suivant, tandis que la partie sud a rejoint le Cameroun en octobre. L'un des différends qui en résultent concerne la péninsule de Bakassi, une zone dotée d'importantes réserves de pétrole et de gaz, qui avait été administrée de facto par le Nigeria.
Au début des années 1960, le Nigeria a reconnu que la péninsule ne faisait pas partie de son histoire. Le Nigeria a affirmé que les Britanniques avaient conclu un accord avec les chefs locaux pour assurer leur protection, et que la frontière de 1884 qui en résultait devait être la frontière officielle. Le Cameroun a affirmé que les accords frontaliers britannico-allemands de 1913 devaient délimiter la frontière entre les deux pays. Le différend n'était pas un problème majeur entre les deux pays jusqu'à ce que le président nigérian, Yakubu Gowon, soit renversé par le général Murtala Mohammed en juillet 1975. Mohammed a affirmé que Gowon avait accepté de transférer Bakassi au Cameroun lorsqu'il a signé la Déclaration de Maroua en juin. Le gouvernement de Mohammed n'a jamais ratifié l'accord, alors que le Cameroun le considérait comme étant en vigueur.
Les grandes puissances et le pétrole de Bakassi
Le 14 août 2008 dans la ville de Calabar, capitale de l’Etat fédéré nigérian de « Cross River », avait lieu une cérémonie sobre et pleine d’émotion de transfert d’autorité par le Nigeria au Cameroun sur la totalité de la presqu’île de Bakassi en application de l’arrêt de la CIJ du 10 octobre 2002 et de l’accord de Greentree du 12 juin 2006. Ce jour-là, en quittant Calabar, les représentants des deux pays, le représentant du Secrétaire Général des Nations Unies et les représentants des Etats témoins avaient promis d’appliquer intégralement l’accord de Greentree. Cinq ans après, ce 14 août 2013, c’est chose faite.
Le Président Paul Biya ne pouvait qu’accepter la mise sous tutelle du pétrole de Bakassi. Le 21 Décembre 1993, les troupes nigérianes envahissent la péninsule de Bakassi plus précisément à Jabane et Diamond dans le département du Lebialem.
Le 29 mars 1994, le Cameroun saisit la Cour internationale de Justice de La Haye qui reconnaît la souveraineté du Cameroun sur la presqu'île de Bakassi. Le 12 juin 2006, signature de l'Accord de Greentree à New-York (Etats-Unis) «entre la République du Cameroun et la République fédérale du Nigeria concernant les modalités de retrait et de transfert d'autorité dans la presqu'île de Bakassi.
Le Nigeria reconnaît que la souveraineté sur la presqu'île de Bakassi est camerounaise conformément à l'arrêt de la Cour International de Justice du 10 octobre 2002». «14 août 2006. Akwa (Bakassi: retrait effectif des forces armées nigérianes de la péninsule de Bakassi et transfert d'autorité de la République du Cameroun, en application de l'arrêt du 10 octobre 2002 de la Cour Internationale de justice et en conformité avec l'accord de Greentree du 12 juin 2006».
Le «14 août 2008. Calabar (Nigeria): Calabar (Nigeria): cérémonie officielle de transfert définitif d'autorité de la presqu'île de Bakassi au Cameroun par le Nigeria, conformément ci l'accord de d'entrée en présence des représentants des autre Etats témoins (Etats-Unis), France, Allemagne et Grande-Bretagne, et du représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu, président de la Commission mixte Cameroun-Nigeria, Saïd Djinnit».
Et le 14 septembre 2013, sonne la fin de la période transitoire. Les Nigérians vivant à Bakassi doivent choisir entre prendre la nationalité nigériane.
Souveraineté camerounaise sur la presqu’île de Bakassi
L'article 3 de l'accord de Greentree du 12 juin 2006 dispose : «Le Cameroun, après que le Nigeria lui aura transféré l'autorité, garantit aux ressortissants nigérians vivant dans la presqu'île de Bakassi l'exercice des libertés et droits fondamentaux consacrés par le droit international des droits de l'homme et les autres règles pertinentes du droit international.» En particulier, il s'engage entre autre à: Ne pas forcer les ressortissants nigérians vivant dans la presqu'île de Bakassi... Le Président comprend que les choses seront très dures pour lui.
Acte l
Il s'ouvre à certaines personnes qui lui conseillent d'utiliser la diplomatie et la ruse au lieu de la force car le rapport de forces militaires est en faveur de notre voisin de l'Ouest, le Nigeria. On lui conseille donc d'aller rencontrer George W. Bush, alors Président des Etats-Unis qui a un ascendant sur le Président nigérian Olusegun Obasanjo dont il est un ami personnel. Le président camerounais Paul Biya voyage et rencontre le Président méricain George W. Bush à la Maison Blanche le jeudi 20 mars 2003 pour un dîner de travail. Lors de cette rencontre, ils ont discuté de questions de stabilité en Afrique de l'Ouest, de la réforme et de la gouvernance au Cameroun, ainsi que du différend frontalier de Bakassi. Bush répond qu'il peut régler ce problème, mais quel sera le profit personnel qu'il pourra en tirer et pour son pays?. Paul Biya lui répond qu'il ne trouve pas d'inconvénient à ce que Bush soit intéressé à l'exploitation du pétrole de Bakassi ainsi que son pays.
Acte 2
Bush convoque le général Obasanjo et lui demande de faire évacuer ses troupes de Bakassi. Obasanjo dit que ses troupes peuvent quitter Bakassi à condition qu'il y trouve son compte dans les puits exploités par Total, société française et Shell, société anglonéerlandaise. Il faut noter qu'entre-temps le dictateur Sani Abacha est mort. Paul Biya accepte les conditions du Président Obasanjo, c'est-à-dire qu'on va verser au Président Nigérian, à titre personnel, intuiti personne une sorte de rente sur le pétrole exploité à Bakassi. Il est bon de savoir que le Nigeria exploitait le pétrole de Bakassi après l'invasion de 1993. Quand le mauritanien Ould Halmedah, alors représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu, président de la Commission mixte Cameroun-Nigeria est interviewé par notre confrère Bouabouvier au sujet de ce conflit, il répondra que le Cameroun va récupérer tout ce qui lui appartient dans la zone de Bakassi «y compris les puits de pétrole en exploitation par le Nigeria...»
Acte 3
Quand le verdict du 10 octobre 2002 de la Cij de la Haye tombe, beaucoup de choses se sont passées. Koffi Arman, le Secrétaire général des Nations Unis a reçu beaucoup d'argent, des milliards de Franc CFA. Les membres de la Cij de la Haye ont reçu des milliards de FCFA. Le Général Président Olusegun Obasanjo a reçu beaucoup d'argent avec une option pour plusieurs années sur le pétrole exploité — C'est à dire qu'on a continué à verser de l'argent à Obasanjo jusqu'au 14 septembre dernier. Les représentants des quatre Etats témoins: Etats-Unités, France,l'Allemagne et la Grande Bretagne) ont reçu beaucoup d'argent.
Acte 4
l'Allemagne a demandé à être associé à l'exploitation de Bakassi en tant que puissance colonisatrice du Cameroun. Paul Biya a accepté: - La France est entrée dans le jeu en tant que puissance tutrice du Cameroun. Ses intérêts seront suivis par la société Total Paul Biya a accepté; - La Grande-Bretagne est dans le partage en tant qu'ancienne puissance coloniale du Cameroun ; - Les Pays-Bas qui ont en copropriété la société Shell avec la Grande Bretagne sont également dans le coup. En résumé, la presqu'île de Bakassi appartient au Cameroun mais pas le pétrole et le gaz qui s'y trouvent. C'est la triste réalité. Et Paul Biya ne peut pas autoriser l'exploitation de ces richesses sans l'avis des pays cités plus haut. La preuve est là que s'agissant des puits, 76, exploités par Total et Shell dans la zone et dont les revenus allaient au Nigeria, le Cameroun n'a rien depuis que Bakassi lui est totalement revenue.
L'accord du 12 juin 2006 prévoit que les îles d'Atabong et d'Abana, qui forment la partie occidentale de Bakassi, seront encore administrées par Abuja pendant les deux années qui suivent le retrait definitif.
Rappel : C'est le ministre nigérian de la Justice, Bayo Ojo, et son homologue camerounais, le ministre délégué à la justice, Maurice Kamto, qui ont signé les documents transférant la souveraineté de Bakassi aux autorités de Yaoundé, lors d'une cérémonie à Archibong, dans le nord de la péninsule en 2006.
Par Africa24monde avec Regard Sur l'Afrique