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© Un bureau de vote à Zanzibar, en Tanzanie, le 28 octobre 2020. AFP/Patrick Meinhardt
En Tanzanie, 29 millions d’électeurs sont appelés aux urnes ce 28 octobre. Le pays organise des élections présidentielle, législatives et locales. Le scrutin se déroule dans un contexte tendu après des violences mardi à Zanzibar, territoire semi-autonome qui a voté un jour en avance. L’opposition accuse la police d’avoir tué une dizaine de personnes qui protestaient contre des tentatives de fraudes. Les forces de l’ordre ont démenti avoir abattu qui que ce soit.
En Tanzanie, quinze candidats se disputent la présidence, dont le chef de l’État sortant, John Magufuli, 60 ans, qui brigue un second mandat de cinq ans. Cet ancien chimiste et professeur a voté ce 28 octobre au matin à Dodoma, la capitale politique. « Maintenir la paix est une priorité », a-t-il déclaré, en encourageant les Tanzaniens à se rendre aux urnes. Membre du CCM [« Chama cha Mapinduzi », « Parti de la révolution » en swahili], le parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1961, John Magufuli, père de cinq enfants, est un catholique pratiquant qui aime chanter dans les chorales.
Il s'agit aussi d'un personnage controversé, d’autant plus qu’il a affirmé qu’il n’y avait plus de Covid 19-en Tanzanie, grâce notamment aux prières de la population. D’ailleurs, le pays ne diffuse plus de chiffres sur le virus depuis avril.
Tout au long de la campagne, le président a vanté sa lutte contre la corruption et la construction d’infrastructures comme des barrages ou des chemins de fer. Il a aussi promis 8% de croissance, même si la Banque mondiale, elle, prévoit 2,5%, pour cette année en tout cas.
Face à lui, se trouvent quatorze candidats dont le principal opposant Tundu Lissu, du parti Chadema. Cet avocat de 52 ans, fan de reggae, est rentré en Tanzanie en juillet après trois ans d’exil. Il avait fui le pays suite à une tentative d’assassinat. Il avait reçu 16 balles dans le corps. Il a fait campagne sur le respect des droits humains, en insistant sur le développement de la population et non pas les chantiers à tout-va.
Soupçons de fraudes
Tundu Lissu fait campagne pour un retour des libertés. Au fil des années, John Magufuli a été accusé de restreindre les libertés. En 2016, le gouvernement a interdit les meetings et les sondages ont été suspendus. Depuis quatre ans, au moins une dizaine de médias ont subi des suspensions temporaires ou définitives, selon le Comité de protection des journalistes.
L’opposition accuse déjà le pouvoir de tentative de fraudes, d’une élection aux airs de farce. Depuis des semaines, elle affirme être victime d’intimidation et de répression. Plusieurs opposants ont été arrêtés depuis le dimanche 25 octobre. Ce matin encore, Freeman Mbowe, président de Chadema a affirmé que cette nuit, « des gangsters armés et protégés par la police » avaient envahi son hôtel et kidnappé deux gardes du corps. « Ma vie est en danger », a déclaré l’opposant.
La Commission électorale, elle, est soupçonnée d’être aux ordres, surtout depuis l’invalidation de dizaines de candidatures pour les législatives.L’opposition craint que John Magufuli triche pour l’emporter, puis modifie la Constitution afin de rester au pouvoir indéfiniment. Elle a déjà prévenu qu’elle n’accepterait pas d’élections volées et qu’elle appellerait à manifester en masse en cas de fraude.
Africa24monde avec RFI correspondant à Nairobi, Sébastien Nemeth