Présidentielle au Cameroun: les résultats imminents font craindre une instabilité politique
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© La présidente actuelle du pays est Samia Hassan Suluhu, en fonction depuis le 19 mars 2021.
Les vols ont été annulés mercredi après que l'élection présidentielle a dégénéré en manifestations. Depuis, la Tanzanie sombre dans la violence. Sept cents morts selon l'opposition. Certaines routes sont barrées, l'accès à Internet est bloqué.
Les touristes, eux, sont confinés, sans nouvelles. "On ne pouvait pas joindre nos proches comme on voulait. On n'avait pas accès aux informations comme on voulait. Donc il y avait un petit moment de peur aussi parce que quand on ne sait pas exactement ce qui se passe, on nous dit juste de rester confinés : 'Si vous sortez, vous êtes en danger'. Au fur et à mesure, on nous disait 100 morts, puis 700 morts. Et on savait que ça continuait. Ça a été tellement dur ces 50 heures...", témoigne la passagère.
Les violences électorales ont fait « environ 700 morts », selon le parti d’opposition Chadema
Le pays d’Afrique de l’Est a sombré dans la violence mercredi, jour d’élections, présidentielle et législatives, qui se sont déroulées sans opposition. Le ministre des affaires étrangères tanzanien a récusé tout « usage excessif de la force ».
Environ 700 personnes ont été tuées lors de manifestations contre le pouvoir en Tanzanie, a affirmé, vendredi 31 octobre, le Parti de la démocratie et du développement (Chadema), principal parti d’opposition de ce pays d’Afrique de l’Est qui est toujours sous une chape de plomb, Internet ayant été coupé par les autorités.
Le pays de 68 millions d’habitants a sombré dans la violence mercredi, jour d’élections présidentielle et législatives qui se sont déroulées sans opposition, les deux principaux adversaires de la cheffe de l’Etat, Samia Suluhu Hassan, ayant été respectivement emprisonné et disqualifié. L’Agence France-Presse (AFP) a fait état mercredi de tirs nourris dans la capitale économique et plus grosse ville du pays, Dar es-Salaam, alors que des centaines de personnes protestaient, incendiant notamment un commissariat. La contestation s’est ensuite étendue dans le pays.
« Au moment où nous parlons, le nombre de morts à Dar es-Salaam est d’environ 350 et il y en a plus de 200 à Mwanza. Si l’on ajoute les chiffres des autres endroits dans le pays, on arrive à un total d’environ 700 morts », a déclaré à l’AFP le porte-parole de Chadema, John Kitoka.
« Il n’y a eu aucun usage excessif de la force », a répondu le ministre des affaires étrangères tanzanien, Mahmoud Thabit Kombo, sur la chaîne Al-Jazira, faisant état de « poches de violence » dans le pays. « Je n’ai pas vu ces 700 morts », a-t-il poursuivi. « Nous n’avons encore aucun chiffre pour aucune victime dans le pays », a affirmé le chef de la diplomatie tanzanienne.
Répression sévère
Le bilan de l’opposition a été qualifié de « plutôt crédible » par une source diplomatique, qui a fait état de « centaines de morts ». Une source sécuritaire interrogée par l’AFP a reçu des informations similaires. « Les forces de sécurité sont dans les hôpitaux. Elles essaient de contrôler le narratif » sur le nombre de victimes pour ne pas mettre en difficulté le gouvernement, a déclaré un chercheur d’Amnesty International, interrogé par l’AFP.
Plusieurs hôpitaux et centres de santé ont refusé de s’exprimer dans un contexte de crainte maximale des autorités. Internet reste par ailleurs très largement bloqué, ce qui complique d’autant le travail de récolte de ces données.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a appelé vendredi les forces de sécurité en Tanzanie à ne pas recourir à une force « disproportionnée » contre les manifestants. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « très inquiet » et a réclamé une « enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d’utilisation excessive de la force », a indiqué Stéphane Dujarric dans un communiqué appelant également toutes les parties à la « retenue » et à « empêcher toute nouvelle escalade ».
Malgré un confinement décrété à Dar es-Salaam, des centaines de personnes marchaient vendredi dans les rues de la ville, selon John Kitoka et une source sécuritaire. La cible de leur courroux est la cheffe de l’Etat, promue à la tête de la Tanzanie à la mort de son prédécesseur John Magufuli en 2021 et qui aspire cette fois à être élue.
Saluée dans un premier temps pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, Samia Suluhu Hassan a été accusée ensuite de mener une répression sévère contre ses critiques, notamment en amont du scrutin.
Raz-de-marée du parti au pouvoir
Les sites d’information locaux n’ont pas été mis à jour depuis mercredi et Mme Hassan n’a fait aucun commentaire sur les troubles. La seule déclaration officielle est venue du chef des armées, Jacob Mkunda, qui a qualifié jeudi soir les manifestants de « criminels ». « Je demande aux Tanzaniens de rester calmes. Les forces de défense contiennent la situation », a-t-il ajouté.
Le décompte des votes est toujours en cours, avec des mises à jour régulièrement annoncées sur la télévision nationale, qui ne mentionne pas les troubles mais montre, sans surprise, un raz-de-marée du parti au pouvoir, Chama Cha Mapinduzi (CCM).
Sur l’île de Zanzibar, haut lieu touristique, le CCM a été déclaré vainqueur des élections locales jeudi soir. Mais le parti d’opposition ACT-Wazalendo, arrivé second, a rejeté les résultats, s’estimant « volé », et a exigé un nouveau scrutin. L’un de ses hauts responsables a déclaré à l’AFP que des urnes avaient été bourrées, que des personnes avaient été autorisées à voter plusieurs fois sans pièce d’identité et que les observateurs électoraux de l’ACT-Wazalendo avaient été expulsés des bureaux de dépouillement.
L’ACT-Wazalendo a été autorisé à participer aux élections à Zanzibar, mais son candidat à la présidentielle, Luhaga Mpina, a été disqualifié sur la partie continentale de la Tanzanie. La formation Chadema a été exclue des élections et a appelé au boycott du scrutin. Son chef, Tundu Lissu, arrêté en avril, est jugé pour trahison, une accusation passible de la peine capitale.
Africa24monde avec AFP