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© De gauche à droite : le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi, le président chinois Xi Jinping, le président russe Vladimir Poutine ; le président sud-africain Cyril Ramaphosa, troisième à droite ; le président turc Recep Tayyip Erdogan, deuxième à droite ; et le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, à droite, lors des séances photos conjointes des dirigeants des BRICS lors du 16e sommet des BRICS à Kazan.
« La géopolitique mondiale est en pleine mutation et les pays africains doivent renforcer leur autonomie face aux bouleversements liés à l'affaiblissement de l'influence russe dans certaines régions stratégiques.
Pour ce faire, une diversification des partenariats stratégiques s'impose, en explorant de nouvelles alliances avec des acteurs émergents comme la Chine, l'Inde ou la Turquie.
Cette approche proactive permettra aux nations africaines de consolider leur résilience économique tout en développant des secteurs clés comme l'énergie, l'agriculture et les technologies. »
NOUVEAUX EQUILIBRES MONDIAUX : COMMENT LES PAYS AFRICAINS PEUVENT REPONDRE AUX CHANGEMENTS GEOPOLITIQUES.
CHANGEMENT DE DONNE GEOPOLITIQUE : OPPORTUNITES ET DEFIS POUR L’AFRIQUE APRES LA CHUTE DE BACHAR.
Introduction.
La Syrie, théâtre de l'un des conflits les plus complexes du XXIe siècle, est au cœur d’un redécoupage stratégique mondial. Depuis plus d'une décennie, la Russie a utilisé ses bases militaires en Syrie, notamment celles de Tartous et de Hmeimim, comme des plateformes cruciales pour son influence régionale et mondiale. Ces installations renforcent la capacité de Moscou à intervenir au Moyen-Orient tout en consolidant sa présence en Afrique, où elle soutient des États africains en quête de diversification de leurs alliances stratégiques.
Cependant, la chute de Bachar al-Assad, allié de longue date du Kremlin, pourrait bouleverser cet équilibre. La perte de ces bases mettrait en péril la projection russe en Méditerranée et au-delà, affectant profondément les relations avec l'Afrique, qui dépend largement du soutien russe pour contrer l’influence occidentale.
Dans un monde où l’ordre multipolaire s'impose comme une réalité, ces bouleversements concernent directement les nations africaines. Ces dernières doivent désormais repenser leurs stratégies pour s’affranchir des tutelles traditionnelles et anticiper les conséquences d’un éventuel retrait russe.
Première Partie : Évaluation des nouveaux rapports de force.
Impact sur les relations entre puissances mondiales.
La chute de Bachar Al-Assad affaiblirait considérablement la posture géopolitique russe au Moyen-Orient, où la Russie utilise ses bases comme des points de projection de puissance en Méditerranée orientale et en Afrique, offrant un avantage stratégique aux États-Unis et à leurs alliés européens. Elle perdrait aussi sa crédibilité auprès de ses alliés, notamment l’Iran et les Etats africains, qui comptent sur sa puissance militaire comme contrepoids à l’Occident.
Les USA pourraient renforcer leur influence régionale, notamment en soutenant des régimes alternatifs ou en facilitant la reconstruction syrienne comme ce fut le cas en Irak après la chute de Saddam Hussein.
La Chine, bien que moins directement impliquée, pourrait combler les lacunes économiques laissées par la Russie en Syrie en renforçant sa position économique dans la région, notamment par des projets liés à la Belt and Road Initiative (BRI).
D’autre part, la Turquie, déjà active en Syrie, pourrait intensifier ses efforts pour redéfinir les frontières d’influence à travers les zones de contrôle sécuritaire au prétexte de lutter contre les mouvements kurdes, tandis que l’Iran, autre allié clé du régime syrien et dont le corridor stratégique vers la Méditerranée, via le Liban, est affaibli, subirait un recul stratégique face à Israël et une coalition occidentale renforcée.
Ses proxys notamment le Hezbollah dont l’approvisionnement passait par la Syrie, devrait trouver des solutions de rechange.
Il n’en demeure pas moins qu'Israël qui a profité de la situation pour s’emparer de la zone tampon, côté Golan syrien et détruire toutes les infrastructures militaires de l’armée de Bachar et des proxys iraniens, peut apparaître comme un des gagnants de la chute du régime mais au regard du vide ou du chaos crée que la coalition hétéroclite HTS ne pourrait rapidement combler, pourrait se retrouver confrontée à un voisin instable avec des conséquences militaires difficilement maîtrisables. Un Irak ou Libye bis.
Implications pour les conflits régionaux.
La disparition d’un acteur stabilisateur clé comme la Russie affaiblirait les dynamiques de contrepoids en Syrie, favorisant l'émergence de conflits indirects plus violents entre acteurs régionaux (Turquie, Iran, Israël), notamment entre l'Iran et les puissances sunnites soutenues par l'Occident.
Ce vide pourrait aussi exacerber les tensions dans des régions déjà instables, comme la Libye ou la Corne de l’Afrique.
Répercussions sur les alliances africaines.
En Afrique, les pays ayant bénéficié de la coopération russe dans le cadre de partenariats sécuritaires ou économiques pourraient se retrouver isolés. Ces pays pourraient percevoir la Russie comme un allié moins fiable.
Par exemple, la République centrafricaine et le Mali, qui comptent sur l’appui militaire russe pour stabiliser leurs territoires, devraient revoir leurs stratégies en envisageant des alternatives. Cette situation ouvrirait également la voie à une pression accrue de l'Occident pour récupérer son influence.
Deuxième Partie : Conséquences de la perte éventuelle des bases russes en Syrie.
Enjeux militaires, économiques et diplomatiques pour la Russie.
La perte des bases de Tartous et de Hmeimim limiterait drastiquement la capacité militaire de la Russie à projeter sa puissance en Méditerranée et en Afrique d’une part et à répondre aux menaces dans les eaux internationales voire à soutenir ses alliés en temps de crise d’autre part. Cela compromettrait également sa capacité à sécuriser ses intérêts énergétiques et commerciaux (entre autres les exportations d’armes russes vers l’Afrique et le Moyen-Orient) dans la région.
Diplomatiquement, ce revers affaiblirait la posture de Moscou dans les négociations internationales et surtout régionales en lui faisant perdre un levier stratégique dans ses relations avec l’Iran et la Turquie, où elle se présente comme un contrepoids aux puissances occidentales.
Impact sur la stratégie de projection en Afrique.
La Russie, bien que déjà active en Afrique via des accords bilatéraux (notamment par l’entremise de Wagner), pourrait voir ses efforts entravés par un manque de soutien logistique.
Elle pourrait être contrainte de réduire ses engagements en Afrique en raison de la difficulté logistique accrue et des ressources limitées.
Cette situation affecterait son rôle dans des zones stratégiques comme le Sahel, où elle a concurrencé la France et d'autres puissances occidentales.
Les partenaires africains de la Russie pourraient chercher des alternatives militaires et économiques auprès de puissances comme la Chine, l’Inde ou la Turquie.
Influence sur la vision d’un monde multipolaire.
Un tel revers affaiblirait la crédibilité de la Russie en tant que promoteur d’un monde multipolaire.
D'autres acteurs, comme la Chine, pourraient occuper cet espace, redéfinissant les rapports de force globaux au détriment de Moscou d’une part et en tant que principal concurrent des Etats-Unis dans la construction d’un ordre multipolaire d’autre part.
Cependant il serait imprudent d’aller aussi vite en besogne car la Russie, dans un jeu d’échecs, garderait toujours dans sa manche des cartes non négligeables notamment en Amérique Latine où elle pourrait renforcer des régimes hostiles aux USA tels que Cuba, le Venezuela ou le Nicaragua.
Mieux, l’ours comme les dignitaires de Téhéran pourraient se venger de la « trahison » de la Turquie.
Ecoutons Alexandre Douguine, très proche de Poutine :
"La Syrie était un piège pour Erdogan.
Il a commis une erreur stratégique. Il a trahi la Russie. Il a trahi l'Iran. Il est condamné. Maintenant, la fin de la Turquie de Kemal a commencé, nous vous avons soutenu. Jusqu'à présent. À partir de maintenant, vous regretterez."
L'ancien pilote de l'armée de l'air russe et l'un des correspondants de guerre les plus renommés de Russie, Ilya Tumanov: "Les Turcs ont tiré de grandes leçons de l'opération militaire spéciale de la Russie (guerre en Ukraine) et ils se sont installés à la table en tant que partie gagnante.
Sans se précipiter, ils ont créé ces conditions pour eux-mêmes de manière très normale et n'ont même pas tenu compte des accords américano-russes de 2016. Alors, que pouvons-nous offrir aux Turcs, qui détiennent en quelque sorte des milliers de nos citoyens (soldats russes dans la base aérienne de Hmeimim) en captivité ? Je ne sais pas."
Pour couper court à toutes ces plaintes, Erdogan a dit aujourd'hui concernant la Syrie : "Autant le chacal connaît les ruses, autant le loup connaît les chemins."
Troisième Partie : Alternatives pour les pays africains.
Diversification des partenariats stratégiques.
Pour s'adapter, les pays africains doivent élargir leurs alliances. La Chine, déjà un acteur majeur en Afrique, offre des partenariats économiques et militaires, souvent sans les conditions politiques imposées par l'Occident. De même, l'Inde et les pays du Golfe, tels que les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, peuvent devenir des partenaires alternatifs viables.
Secteurs prioritaires pour la diversification.
1. Sécurité :
2. Énergie :
3. Agriculture :
Renforcement de la souveraineté économique.
• Transformation locale des ressources :
• Autonomie alimentaire :
Renforcement des capacités locales.
• Formation professionnelle :
• Technologies :
Opportunités émergentes.
La mise en place d’une coopération Sud-Sud, renforcée par des alliances intra-africaines, pourrait réduire la dépendance extérieure. Par exemple, des organisations comme l’Union africaine ou la CEDEAO, la SADC, la CEMAC, pourraient jouer un rôle plus central dans la gestion des crises régionales.
Renforcement de l’intégration régionale.
Une meilleure intégration économique et politique entre les pays africains, notamment via la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), permettrait de limiter les dépendances. Le développement de capacités militaires locales, en coopération avec des partenaires stratégiques non traditionnels, serait également essentiel.
Conclusion et recommandations.
Résumé des enjeux clés.
La chute de Bachar al-Assad et la perte éventuelle des bases russes en Syrie redéfinissent profondément les rapports de force mondiaux. Si la Russie perd son ancrage stratégique, les pays africains doivent anticiper et s’adapter pour éviter un isolement géopolitique. Ils doivent :
Recommandations.
1. Pour les pays africains :
2. Pour les partenaires stratégiques :
3. Pour les institutions académiques et de recherche :
Cette stratégie proactive permettra à l’Afrique de non seulement se protéger des bouleversements géopolitiques, mais aussi de transformer ces défis en opportunités pour un développement durable.
Africa24monde Par Adrien Macaire Lemdja