
Nigéria : au moins 117 morts après des inondations
Des torrents de pluie ont déclenché des inondations qui ont tué au moins 117 ...
© Neuf morts et 46 blessés au dépôt de munition transformé en champ de ruine
De nombreuses détonations très puissantes se sont fait entendre jusqu'à plusieurs kilomètres du dépôt du quartier de Goudji, non loin de l'aéroport de la capitale tchadienne. L’incendie a fait au moins neuf morts et 46 blessées, a annoncé le ministre de la Santé publique.
Neuf morts et 46 blessés, certains dans un état gravissime. C’est le bilan que vient de donner le ministre de la Santé lors d’une conférence de presse avec cinq autres membres du gouvernement. « Nous n’avons rien à cacher » a-t-il ajouté en réponse aux journalistes qui se plaignaient de ne pas pouvoir accéder aux hôpitaux. Le ministre de la Défense n’a pourtant pas souhaité préciser le nombre de militaires parmi les victimes, rapporte la correspondante de RFI à Ndjamena, Carol Valade.
Mais il a promis de construire des entrepôts plus sécurisés et de déplacer ceux qui sont trop proches du centre-ville. « Des enquêtes ont été lancées. Mais il est encore trop tôt pour faire des supputations sur l’origine de l’incendie », a déclaré quant à lui le ministre de l’Administration du territoire.
Le président sur place
Le site de l’explosion est dévasté. Le président de la République, Mahamat Idriss Déby, et le Premier ministre se sont rendus sur place ce matin. Il ne reste absolument plus rien du dépôt de munition transformé en champ de ruine avec au centre deux énormes cratères noirs larges d’une dizaine de mètres.
On entend encore quelques détonations, il flotte une forte odeur de poudre. Dans les quartiers autour, les bâtiments sont dévastés, les maisons éventrées, les toitures déchirées. Dans l’une des maisons détruites, le sol était taché de sang : c’était celui d’une fillette blessée à la jambe. Aux dernières nouvelles, ses jours sont hors de danger. Le sol est jonché de munitions de tous calibres et d’obus, pour certains, non explosés.
Un incendie de plusieurs heures
Le dépôt de munitions a pris feu vers 22h30, heure locale, et l'incendie a duré plusieurs heures, accompagné de très puissantes explosions entendues à des km à la ronde. Des tubes de roquettes, des éclats, sont retrouvés un peu partout dans les 1ère et 2ème arrondissement de la ville. Certains projectiles n'ont pas explosé, et les services de déminage ont diffusé un numéro d'appel.
« On a vu l'air devenir particulièrement rouge. On a entendu une très forte explosion, tellement forte qu'on l'a ressenti sous nos pieds », témoigne Mahamat Moussa Hemchi, un habitant du quartier. « On entendait surtout le sifflement des projectiles qui passaient au-dessous de nos têtes, poursuit-il. C'était dur à vivre, surtout pour les femmes et les enfants. Les fenêtres et les portes bougeaient. On ne pouvait pas fermer. Dès que l'on fermait une porte, une explosion arrivait et ouvrait la porte. On avait l'impression que ça avait frappé juste à côté. »
Dans la nuit, Abderaman Koulamallah est revenu auprès de RFI sur la situation : « Ce dépôt a pris feu accidentellement. Bien entendu, dans un dépôt militaire, cela occasionne des explosions d'obus, de munitions, et c'est assez impressionnant [...]. Les forces d'interventions dont des pompiers sont sur place. On attend que ça se calme un peu pour maîtriser la situation. »
Ce matin, le président Mahamat Idriss Déby s'est rendu sur les lieux. « Nous avons mis en place une équipe d’enquête pour nous situer sur les causes de ce qui s’est passé et après cela, nous allons prendre des mesures », a affirmé le président tchadien.
Il est de mon devoir, en tant que chef d'État, d'aller visiter là où il y a eu des explosions pour constater ( les choses) de visu et encourager les hommes et les sapeurs-pompiers qui ont travaillé toute la nuit.
Mahamat Idriss Déby sur les lieux de l'explosion
Dans la nuit, le président avait déclaré sur sa page Facebook qu'il y avait des morts et des blessés, sans qu'un bilan humain ne soit communiqué. « Un incendie dans un dépôt de munitions [...] a provoqué des dégâts humains et matériels. Paix aux âmes des victimes, sincères condoléances aux familles éplorées et prompt rétablissement aux blessés », avait-il écrit aussi.
? Le ministre de la Sécurité a mis en place un numéro de téléphone pour signaler les engins non explosés aux démineurs : 66 29 89 99.
«La négligence et la responsabilité des autorités sont évidentes»
quelles responsabilités et quelles leçons tirer de l'incendie de la poudrière de Goudji qui a fait au moins 9 morts et 46 blessés dans la nuit du 18 au 19 juin 2024 ? Le gouvernement a promis que l'enquête « situerait les responsabilités » et permettrait de « prendre des dispositions » afin de « ne plus revivre ce phénomène ».
Figure de la société civile, le défenseur des droits humains Mahamat Nour Ibedou rappelle qu'il y avait eu des précédents et que l'État n'avait pas agi. Il s'inquiète aussi des multiples camps militaires et sites potentiels de stockages d'armes en pleine ville, y compris dans la présidence, et demande donc aux autorités de les déménager hors des villes pour assurer la sécurité des populations.
« Le même dépôt avait déjà pris feu »
« Ce dépôt [de Goudji, NDLR] avait été construit il y a un peu plus d’une vingtaine d'années, explique-t-il au micro de François Mazet. Logiquement, avec l'extension de la ville, le dépôt s'est retrouvé un peu dans un périmètre urbain. Et, normalement, c'était une situation qu'on pouvait éviter. On aurait dû le déplacer un peu plus loin ».
Mahamat Nour Ibedou rappelle : « Il y a eu d'autres événements de ce genre. Le même dépôt avait pris feu dans les années 1994-1995, je crois. Rien n'avait été fait. Ils auraient dû mettre toutes les garanties de sécurité pour éviter ce genre de chose. Ça n'a pas été fait. Mais la meilleure manière serait pour nous qu'il déplace ça. »
Il conclut : « Donc, la négligence, la responsabilité des autorités, est quand même évidente. Et quelques fois, il y a certains dépôts qui sont carrément en ville. Et là, il faudrait vraiment mener une campagne, faire toutes les diligences pour amener les autorités à prendre en compte ce genre de risque. La vie des populations doit primer sur toute autre considération. »
Africa24monde avec RFI