Elections municipales « Arrêtons de faire d’Antananarivo un théâtre de conflit » dixit Andry Rajoelina
« Arrêtons de faire d’Antananarivo un théâtre de conflit, ...
© Le nouveau président bolivien Luis Arce (au milieu) et son vice-président David Choquehuanca (à droite) le 19 octobre après l'annonce de leur victoire à La Paz, en Bolivie.© Ueslei Marcelino Source: Reuters
Luis Arce, membre du parti de l'ancien dirigeant Evo Morales, a été élu président de la Bolivie. Il remporte le scrutin à 52,4% des voix, au terme d'un an de crise politique et de ce qu'Evo Morales avait qualifié de «coup d'Etat» mené par la droite.
En Bolivie, les urnes ont parlé. Il aura suffi d'un tour à Luis Arce, candidat de la gauche et dauphin de l'ancien chef de l'Etat Evo Morales, pour être élu président le 18 octobre 2020 dès le premier tour avec 52,4% des voix, selon un sondage de sortie des urnes diffusé par la chaîne privée Unitel.
L'ancien ministre de l'Economie devance de plus de 20 points son principal rival, le centriste Carlos Mesa (31,5% des voix), allié de la présidente par intérimaire – autoproclamée – Jeanine Añez. Celle-ci avait refusé de reconnaître les résultats du scrutin de 2019, plaçant le pays dans un état d'incertitude et de tensions, mais n'a pu contester ceux de l'élection du 18 octobre.
Lors d'une conférence de presse en compagnie de son vice-président David Choquehuanca relayée via Facebook, le nouveau président a déclaré : «Nous les Boliviens avons, aujourd’hui fait des pas importants, nous avons récupéré la démocratie et surtout nous avons, récupéré l’espoir». Ce à quoi il a ajouté : «Nous allons gouverner pour tous les Boliviens, nous allons construire un gouvernement d’union nationale, nous allons construire l’unité».
Après que 7,3 millions de citoyens Boliviens ont été appelés à élire leur président, leur vice-président, et à renouveler les deux chambres du Parlement, les résultats du scrutin marquent pour le Mouvement vers le socialisme (MAS), parti de l'ancien président Evo Morales, un retour au pouvoir après la longue crise politique qui déstabilise le pays depuis un an.
Après l'annonce de la victoire de son parti, Evo Morales a exprimé son contentement dans la presse, depuis Buenos Aires (Argentine) où il est réfugié : «Le MAS – Mouvement pour le socialisme – a gagné largement les élections, y compris au Sénat et à la chambre des députés. Arce est le président de Bolivie». «Tôt ou tard, nous allons rentrer en Bolivie, il n'y a pas de discussion là-dessus. Mon grand souhait est de retourner en Bolivie, dans ma région. C'est une question de temps», a ajouté l'ancien président bolivien.
Sur Twitter, il a écrit : «Mes sincères félicitations aux frères [Luis Arces] et Larama David pour cette grande victoire, et aux autorités élues, à l'Assemblée législative, aux mouvements sociaux, aux militants et sympathisants du MAS-IPSP, je les remercie pour leur effort et leur engagement pour la Bolivie».
Il a précisé que le MAS détenait désormais «la majorité dans les deux chambres», un réel plébiscite pour le parti, qui reprend les rênes des pouvoirs exécutif et législatif.
L'annonce est d'autant plus réjouissante pour le mouvement socialiste que la Bolivie a traversé une longue crise électorale et politique dès le mois d'octobre 2019. Evo Morales avait remporté le premier tour de l'élection le 20 octobre avec 47,08% des voix, contre 36,51% pour Carlos Mesa. La Constitution prévoit qu'en cas d'obtention de 40% des voix avec un écart entre deux candidats dépassant les 10 points, celui qui est en tête est élu dès le premier tour. Le Tribunal suprême électoral avait proclamé Evo Morales vainqueur.
Un retournement de situation
Coup de théâtre : dans la foulée, l'Organisation des Etats d'Amérique (OEA) publie un rapport jugeant statistiquement erronée la marge de dix points nécessaires à Evo Morales pour être élu au 1er tour. L'organisation crie à la fraude électorale et appelle la Bolivie à prévoir de nouvelles élections, avec de nouvelles autorités électorales. Le 10 novembre, Evo Morales promet la tenue de nouvelles élections.
Des heurts éclatent alors entre partisans et détracteurs du MAS, faisant 33 morts et des centaines de blessés. Au moins quatre tribunaux électoraux sont incendiés. Lâché par la police et l'armée, Evo Morales démissionne. Il prend la direction du Mexique puis de l'Argentine.
Le 4 décembre, l'OEA publie un nouveau rapport. Celui-ci conclue à une «manipulation délibérée» du scrutin du 20 octobre. Ses rédacteurs considèrent que la marge qui sépare Evo Morales et Carlos Mesa est «minime par rapport au volume des manipulations et altérations détectées».
Le 13 novembre, la deuxième vice-présidente (de droite) du sénat Jeanine Añez s'autoproclame présidente intérimaire. Elle annonce avoir l'intention de «convoquer des élections au plus vite». Elle se rend le jour même au siège du gouvernement et y prête serment en martelant : «La Bible est de retour dans le palais». Evo Morales dénonce alors le «coup d'Etat le plus astucieux et le plus désastreux de l'histoire» et l'autoproclamation à la présidence, qui «viole la Constitution politique de l'Etat plurinational de Bolivie (CPE) et les normes internes de l'Assemblée législative».
Il n'y a aucune preuve statistique de fraude que nous puissions trouver [...] Dans l’ensemble, l’analyse statistique et les conclusions de l’OEA semblent profondément erronées
«Il n'y a aucune preuve statistique de fraude que nous puissions trouver [...] Dans l’ensemble, l’analyse statistique et les conclusions de l’OEA semblent profondément erronées», stipule le rapport.
Une plainte pour génocide et terrorisme contre Evo Morales et Luis Arce
Pour discréditer Evo Morales et appuyer ses positions, le gouvernement bolivien dépose une plainte au mois d'août 2020 contre l'ancien chef d'Etat et son candidat à l'élection présidentielle pour «terrorisme et génocide». La plainte concerne 12 personnes au total dont Luis Arce et son vice-président David Choquehuanca, ainsi que le dirigeant de la Centrale ouvrière bolivienne (COB), Carlos Huarachi, selon le procureur de La Paz Marco Antonio Cossio.
Le gouvernement les accuse d'avoir ordonné l'installation de barrages routiers, selon le parquet général, ainsi que d'avoir encouragé des protestations pour exprimer un désaccord quant au report des élections du 6 septembre au 18 octobre, celles-ci étant initialement prévues le 6 mai.
Jeanine Añez retire sa candidature
Décidée à garder le pouvoir dans son camp, Jeanine Añez annonce au mois de janvier sa candidature à l'élection présidentielle, malgré sa promesse de ne pas en être. «La dispersion des votes et des candidatures m’ont conduite à prendre cette décision», précise-t-elle. Jeanine Añez prend cette décision après la parution d'un sondage publié le 26 janvier par le quotidien Pagina Siete, qui donne le MAS en tête des intentions de vote avec 26 %.
En réaction à cette annonce, sa ministre de la Communication, Roxana Lizarraga, démissionne l'accusant d’«avoir perdu de vue ses objectifs».
Le 17 septembre, la présidente par intérim renonce à prétendre au poste qu'elle briguait. «Aujourd'hui, je mets de côté ma candidature à la présidence de la Bolivie pour veiller à la démocratie», déclare-t-elle dans un message télévisé.
L'annonce est faite après la publication d'un autre sondage par la Jubilee Catholic Foundation, qui attribue à l'autoproclamée présidente par intérim la quatrième place avec seulement 7% des intentions de vote, loin derrière le candidat du MAS qui mène à 29,2%.
Jeanine Añez a expliqué retirer sa candidature «en raison du risque de voir le vote démocratique divisé entre plusieurs candidats, et qu'à la suite de cette division, le MAS finisse par remporter les élections».
Malgré sa féroce opposition au MAS, Jeanine Añez a félicité «les vainqueurs» et leur a demandé de «gouverner en pensant à la Bolivie et à la démocratie». Elle a été contrainte de reconnaître que le scrutin qui a vu le retour du MAS au pouvoir s'était déroulé «dans la tranquillité dans tout le pays», ainsi que le résultat de l'élection : un véritable plébiscite pour la gauche.
AFrica24monde avec Presstv Par Maïlys Khider