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© Les forces françaises présentent au Mali
Les Touaregs, qui combattent les forces armées maliennes, pourraient se retrancher en Algérie. Ce qui pourrait exacerber les tensions entre Bamako et Alger.
La prise de Kidal en novembre dernier, à la suite du retrait de la Minusma, avait laissé croire aux forces maliennes que la pacification du nord du pays était déjà acquise.
Cette confiance, peut-être démesurée, l'armée malienne et ses alliés russes l'ont payé cher dans le fief des rebelles, une région montagneuse proche des frontières algériennes, et ce, dans des conditions météorologiques difficiles dues aux tempêtes de sable. Ils auraient perdu des dizaines d'hommes et beaucoup de matériels.
Une mobilisation particulière de l'armée algérienne ?
Le risque d'une escalade est grand, explique Djamel Boukrine, journaliste spécialisé du Sahel. Selon lui, l'Algérie ne permettrait pas qu'un nouveau conflit échappe à son contrôle dans cette région stratégique.
"Les Touaregs pourraient affirmer qu'ils ne sont pas responsables de la rupture de l'accord d'Alger et qu'ils fuient un gouvernement qui les pourchasse et cherche à les éliminer. Dans ce contexte, une mobilisation particulière de l'armée algérienne est à prévoir. La région pourrait alors connaître une montée des tensions, surtout si les forces maliennes, soutenues par les Russes, se sentent en droit de poursuivre les rebelles au-delà des frontières. Ce qui pourrait entraîner des incidents avec les gardes-frontières algériens."
Alger calme le jeu
Depuis plusieurs mois, la tension entre les deux pays voisins s'est accrue, notamment après la visite à Alger du prédicateur Mahmoud Dicko en décembre dernier. Avec ces nouveaux affrontements, les autorités à Alger se préparent à toute éventualité. Et Djamel Boukrine précise :
"Comme la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA) n'a pas renoncé aux accords d'Alger, il est possible que, si l'avancée des troupes maliennes les force à se replier, les combattants de la CMA cherchent refuge en Algérie avec l'autorisation d'Alger. Dans ce cas, des escarmouches directes avec l'armée algérienne ne sont pas à exclure."
Pour l'instant, les autorités algériennes se montrent rassurantes : il n'est pas question d'une intervention militaire au Mali.
Troubles dans le Nord Mali : la guerre va-t-elle se rallumer ? Analyse d'octobre 2013
Les accrochages qui ont lieu au Mali doivent être replacés dans leur contexte géopolitique et stratégique. Aucun responsable militaire français n’a jamais imaginé que l’action militaire française mettrait fin à la violence qui sévit au Nord Mali.
En effet, les théoriciens militaires ont toujours distingué 4 phases dans une insurrection : la subversion avec des actions individuelles ou de petits groupes, la constitution de bandes armées (katibas) capables de mener des actions contre les forces armées ou des objectifs choisis et de les tenir quelques temps ; la constitution d’un sanctuaire inviolable dans le pays où la rébellion installe son administration, ses camps d’entrainement, sa logistique ; et enfin le soulèvement général et la prise de la capitale.
La France est intervenue au moment de l’enclenchement de la quatrième phase par AQMI et le MUJAO. L’action militaire française a permis de renvoyer la rébellion islamique au niveau de la phase 1. Mais elle n’a pas éradiquée les causes de la rébellion qui sont de nature culturelle, religieuse et politique.
En effet, au Sahel, l’opposition a existé de tous temps entre les peuples nomades du Nord qui sont des guerriers et les populations sédentaires du Sud qui n’ont pas ces valeurs militaires dans leur culture. A cela s’est greffée l’islamisation des peuples du Nord avec les dérives extrémistes contemporaines propres à cette religion. La colonisation française a créé, par l’école, des élites intellectuelles dans les populations noires du Sud mais elle a eu peu de prise sur les peuples nomades qui sont restés, à de rares exceptions, repliés sur leur culture traditionnelle.
A la décolonisation, le pouvoir politique et administratif est revenu naturellement aux lettrés alors que la force militaire, sur leur terrain, était toujours aux mains des nomades qui n’ont jamais accepté d’être administrés dans leurs régions par d’autres que par eux-mêmes. Toutes les crises au Tchad dans lesquelles la France a été impliquée depuis 1969 ont été fondées sur les mêmes causes. La stabilité du Tchad n’existe que depuis qu’un chef militaire issu du Nord, Idriss Deby, a pris le pouvoir à N’Djamena.
Africa24monde avec Regard Sur l'Afrique