Alors que l’Afrique peine encore à affirmer une véritable souveraineté énergétique, le gazoduc transsaharien (TSGP), porté par l’Algérie et le Nigeria, représente bien plus qu’un simple projet d’infrastructure : c’est une ambition continentale, un levier stratégique pour connecter les ressources africaines aux marchés européens. Pourtant, cette dynamique panafricaine est aujourd’hui perturbée par les manœuvres subtiles du Makhzen marocain.
Rabat, fidèle à sa logique de contournement et de déstabilisation, tente activement de compromettre l’aboutissement du TSGP en ciblant un maillon essentiel de sa réussite : le Niger. En entretenant l’illusion d’un projet concurrent — le gazoduc atlantique — le Makhzen fait miroiter au Niger son accès à l’Atlantique, une alternative séduisante mais profondément irréaliste.
Le projet marocain du Gazoduc Afrique Atlantique, censé relier le Nigeria à l’Europe via une douzaine de pays d’Afrique de l’Ouest sur près de 6 800 km, est une chimère économique. Le coût astronomique des infrastructures, la traversée de régions marquées par l’instabilité sécuritaire, et l’absence d’un réseau énergétique intégré rendent l’entreprise non seulement hasardeuse, mais périlleuse pour les pays impliqués.
À l’inverse, l’Algérie dispose déjà d’un réseau gazier robuste, de stations de compression opérationnelles, et d’une expérience avérée dans l’exportation vers l’Europe. Il ne manque qu’un raccordement à partir des frontières nigériennes pour faire du TSGP une réalité immédiate. Le Niger, dans ce contexte, tient entre ses mains une décision stratégique : participer à un projet réaliste, viable, soutenu par deux géants énergétiques africains ( sonatrach et la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC),, ou céder aux illusions d’un pipeline atlantique surévalué.
Le Maroc ne joue pas la carte de l’intégration africaine, mais celle de l’obstruction stratégique. Derrière ses discours séduisants se cache une volonté claire : affaiblir toute initiative structurante qui n’émane pas de ses réseaux d’influence. Il est temps que les États africains lucides fassent preuve de discernement et refusent de servir de marchepied à des agendas étrangers aux intérêts collectifs.
Le Niger, en tant que pivot géographique du TSGP, a aujourd’hui l’opportunité d’entrer dans l’histoire énergétique du continent. À lui de choisir entre l’avenir concret que lui tend l’axe Abuja-Alger et les promesses sans lendemain d’un royaume qui joue au poker menteur avec l’avenir de l’Afrique.
Africa24monde Par R. Malek