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© La chancelière allemande Angela Merkel . Capture écran
«L’approche américaine cherche parfois une solution qui diffère de l’approche allemande ou européenne» sur le conflit au Sahara occidental, confie l’ambassadeur allemand à Rabat auprès de Hespress Arabic. Il «ne considère pas le plan d’autonomie marocain comme la seule solution au conflit» et souligne la nécessité de négociations.
Le 10 décembre, en annonçant la conclusion d’un accord de paix entre le royaume chérifien et l’État hébreu, Donald Trump a également signé une déclaration reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En réaction, l’Allemagne a convoqué d’urgence une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’Onu qui s’est tenue le 21 décembre.
Dans un entretien accordé au site d’information marocain Hespress Arabic, l’ambassadeur d’Allemagne au Maroc, Götz Schmidt-Bremme, exprime la position de son pays quant à la résolution du conflit au Sahara occidental, rappelant le processus politique d’avant la déclaration de Trump. En effet, il remet sur la table la base des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, à savoir le plan d’autonomie marocain contre l’autodétermination sahraouie.
Un conflit «mûri pour être résolu»
Faisant savoir qu’il avait discuté avec son homologue américain David Fischer de la teneur de la décision de Donald Trump de reconnaître la marocanité du Sahara occidental, le diplomate affirme que «l’approche américaine cherche parfois une solution qui diffère de l’approche allemande ou européenne de ce conflit».
Dans le même sens, M.Schmidt-Bremme explique qu’il «ne considère pas le plan d’autonomie marocain comme la seule solution au conflit, bien qu’il reste la solution la plus réaliste». «Il est très difficile de trouver une solution plus réaliste et plus fiable [que le plan d’autonomie marocain, NDLR]» ajoute-t-il, soulignant que «le conflit avait assez mûri pour être résolu».
Et de mettre en garde: «Le refus persistant du Front Polisario de négocier sur cette base pourrait constituer un danger pour la région en raison de la propagation de l’extrémisme violent».
«Un État sahraoui indépendant n’est pas réalisable»
Suite à l’intervention le 13 novembre des Forces armées royales (FAR) marocaines pour prendre le contrôle du passage frontalier de Guerguerat, le Président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Ibrahim Ghali, a signé un décret mettant fin à l’engagement de la RASD à respecter l’accord de cessez-le-feu avec le Maroc signé en 1991 sous les auspices de l’Onu.
S’exprimant sur cette escalade, l’ambassadeur allemand estime que le Front Polisario fait face actuellement à une situation délicate après avoir essuyé deux échecs consécutifs, à savoir la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental, et la reprise du passage frontalier de Guerguerat par l’armée marocaine.
«Le Polisario doit être conscient que la question de l’existence d’un État sahraoui indépendant n’est pas réalisable sur le terrain», conclut-il.
Dans un entretien accordé à Sputnik, Oubi Bouchraya Bachir, membre de la direction du Front Polisario chargé de l’Europe et de l’Union européenne, considère que la décision de Trump était «un coup d’épée dans l’eau» et que seul le combat armé sur le terrain «déterminera l’avenir de la cause sahraouie».
La démarche américaine «ne changera strictement rien ni au statut et la nature du conflit au Sahara occidental, tel que rappelé par le porte-parole du secrétaire général de l’Onu, ni à la légitimité du combat armé que mènera le peuple sahraoui pour sa liberté sous la bannière du Front Polisario».
Washington a-t-il fait marche arrière?
Suite à la réunion du Conseil de sécurité à laquelle l’Allemagne avait appelé, Mike Pompeo a le 27 décembre au sujet de l’ouverture d’un consulat américain au Sahara occidental parlé de la nécessité «d’un dialogue politique entre les différentes parties» pour arriver à une résolution du conflit dans cette région.
Le 28 décembre, l’expert marocain Aboubakr Jamaï, directeur du programme des relations internationales à l’Institut américain universitaire (IAU College) d’Aix-en-Provence, expliquait à RFI que ce rétropédalage du secrétaire d’État était lié «à la réunion du Conseil de sécurité».
«Loin d’entériner la nouvelle position américaine au sujet du Sahara occidental, le Conseil de sécurité a plutôt réaffirmé sa position par rapport au problème», avançait-il, puis de conclure: «Une position en faveur du règlement du conflit dans le cadre des résolutions de l’Onu et dans un cadre concerté et de négociations entre les différentes parties».
Africa24monde avec RSA/Sputnik