Les standards ESG doivent se concentrer sur l’économie et non sur la morale, selon John Kerry
Depuis 2005, l’investissement basé sur les critères ESG s’est ...
© Le port de Douala (photo) et celui en eau profonde de Kribi au Cameroun, sont importants pour les économies des pays de l'Afrique centrale.Image : Reinnier Kaze/AFP/Getty Images
En Afrique centrale, le Cameroun joue un rôle économique important, notamment pour les pays enclavés, avec son littoral de plusieurs centaines de kilomètres.
Dans la sous région, la position stratégique du Cameroun ne découle pas uniquement de sa superficie (475 442 km²) ou de sa diversité économique, mais surtout d'un atout géographique important : le pays dispose d'une façade maritime de plus de 400 km sur le golfe de Guinée.
Ce littoral, qui abrite les ports de Douala et celui en eau profonde de Kribi, fonctionne comme la principale porte d'entrée et de sortie pour une grande partie de la région.
Un atout qui permet au Cameroun d'exercer une réelle influence sur les économies de pays enclavés comme le Tchad et la République centrafricaine, mais cela lui permet également d'interagir avec ses voisins côtiers, à l'instar du Gabon et de la Guinée équatoriale.
L'exemple du Tchad et de la Centrafrique
En Afrique centrale, le port de Douala est considéré comme le poumon économique du Cameroun, mais aussi d'autres pays de la sous-région.
Le corridor Douala-N'Djamena est ainsi primordial pour le Tchad, un pays enclavé. La majorité des importations de biens de consommation, des équipements industriels et des intrants pour le secteur pétrolier tchadien transitent en effet par cet axe routier. Cette situation confère au Cameroun un important levier diplomatique et économique.
"C'est un levier diplomatique très important parce (...) qu'il y va de l'intérêt aussi bien des nations qui dépendent du Cameroun pour ses exportations, que du Cameroun lui-même, en tant qu'État. Parce que ce fret permet aussi au Cameroun, en fait, de lever des revenus assez importants" explique le chercheur Remadji Hoinathy.
En ce qui concerne les rapports avec le Tchad, le chercheur précise qu'au début de "la transition tchadienne, il y a eu des difficultés liées notamment à des négociations autour du secteur pétrolier. Mais l'on a vu que très vite, les deux pays se sont mis en branle à travers leur diplomatie, justement pour arranger ces différends et pour permettre que les relations cordiales se maintiennent et continuent."
La République centrafricaine dépend également du Cameroun pour ses importations. Dans ce cas, l'approvisionnement se fait essentiellement via le corridor Bangui-Douala.
Alors que ce pays est confronté à une instabilité sécuritaire, le Cameroun se positionne comme un point d'ancrage stable et fiable pour les flux commerciaux. Une position que vient consolider le port en eau profonde de Kribi qui permet d'accueillir de grands navires et de désengorger celui de Douala.
"Avant les années 2020, on n'avait pas d'autres possibilités..." assure Lorenzo Ganazoui, économiste et coordonnateur de l'ONG Constellations Internationale en République centrafricaine. Selon lui, après les années 2020, quand les conflits armés ont fait que les rebelles ont bloqué le corridor Bangui- Douala, "les gens ont compris qu'il fallait une alternative".
Il évoque par ailleurs des projets comme la construction "d'un port en fleuve profond qui va desservir les deux Congos, le Congo Brazzaville et la République démocratique du Congo", pour équilibrer un peu les importations et éventuellement les exportations.
Selon Lorenzo Ganazoui il "existe un projet intégrateur, un projet régional qui va construire un corridor qui va relier Brazzaville, Bangui et Ndjaména". L'économiste espère que ces projets permettront d'offrir une alternative à Bangui.
Gabon et Guinée équatoriale : une tout autre situation
Le Gabon dispose de ses propres ports, comme Port-Gentil ou Owendo, mais il entretient des relations commerciales frontalières avec le Cameroun. Ce dernier, grâce à la diversité de son économie sur le plan agricole et industriel, offre une plateforme de réexportation et de services que le Gabon, plus focalisé sur le pétrole et le manganèse, ne cherche pas nécessairement à développer. Il y a donc plus de complémentarités que de concurrence.
La Guinée équatoriale, pour sa part, a ses richesses pétrolières et son port de Malabo, mais sa proximité géographique avec le Cameroun en fait un partenaire commercial important, notamment pour l'importation des produits agricoles et manufacturés.
S'il joue un rôle de pivot dans la sous-région sur le plan économique, le Cameroun doit toutefois faire face à plusieurs défis, liés à la pression sur ses infrastructures. L'État doit en effet investir pour entretenir les axes routiers et ferroviaires. Le pays doit aussi faire face à la concurrence. Le Tchad exporte parfois via le Nigeria, pour réduire sa dépendance. Enfin, il y a les lourdeurs administratives et la corruption dans les ports et aux postes-frontières qui ralentissent les flux de marchandises.
Africa24monde Par Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la DW