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© Les leaders de l'opposition ivoirienne. SIA KAMBOU/AFP VIA GETTY IMAGES
En Côte d'Ivoire, à quatre mois de l'élection présidentielle, les leaders de l'opposition nouent des alliances afin de contraindre le pouvoir en place à ouvrir le jeu démocratique dont elle se dit ''exclue'' de fait.
''Trop, c'est trop'' ! c'est le slogan lancé par Laurent Gbagbo. L'ancien président ivoirien qui dirige le Parti des Peuples Africains de Côte d'Ivoire (PPA-CI) se met en ordre de bataille.
Sa candidature à la prochaine présidentielle a été écartée pour cause de condamnation judiciaire contestée dans l'affaire dite du ''braquage de la BCEAO'' (Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest en 2010-2011),
Des alliances politiques, une réponse au pouvoir de Ouattara
Avec Tidjane Thiam, du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA), lui aussi exclu de la liste électorale pour cause d'être de nationalité française au moment de son inscription, ils viennent de lancer le Front commun, une nouvelle coalition pour fédérer la lutte contre le pouvoir d'Alassane Ouattara.
Les organes constitutifs de cette nouvelle instance ont été présentés lors d'une cérémonie récemment tenue à la Maison du PDCI-RDA à Cocody, un quartier d'Abidjan.
Le Front Commun vient s'ajouter à la Cap CI (Coalition pour l'alternance pacifique en Côte d'Ivoire) mise en place par l'ancienne première dame, Simone Ehivet Gbagbo et d'autres leaders de l'opposition comme Charles Blé Goudé, président du Conseil pour la justice, l'égalité et la paix (COJEP) et des partis comme l'Union républicaine pour la démocratie (URD).
Selon Tawa Netton Prince, politologue ivoirien, la création d'alliances politiques découle d'une prise de conscience de l'opposition que, sans effort de mutualisation, il n'y aura pas beaucoup de possibilités pour parvenir à une alternance politique pacifique en Côte d'Ivoire.
''Ce sont des alliances qui sont souhaitées et sollicitées par la base, de sorte que quand les leaders au sommet les concrétisent, la base suit'' explique Tawa Netton Prince.
Les deux coalitions demandent ''la réintégration des leaders de l'opposition sur la liste électorale, le rééquilibrage de la composition de la commission électorale indépendante'' (CEI) accusée d'être ''inféodée" au Rassemblement des houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix'' (RHDP), le parti au pouvoir.
''Ces alliances peuvent faire bouger les militants dans le sens voulu par les leaders politiques et ça peut faire bouger les lignes '' estime le politologue ivoirien.
''Ils ont la rue pour faire pression sur le pouvoir. Le PDCI a montré la voie il y a quelques temps. Ils ont marché sous une pluie battante à Abidjan pour aller remettre un courrier à la CEI'' dit-il, ajoutant que ''les militants des partis politiques ivoiriens sont prompts à répondre aux mots d'ordre''.
Une forte pression pourrait obliger l'actuelle majorité à faire des concessions.
''Vous voyez que le RHDP a quelques difficultés car officiellement, il n'a pas encore de candidat. Il n'est pas exclu dans les coulisses, que les discussions se mènent sur tous ces sujets. Rien n'est impossible'' dit-il avant de se montrer méfiant cependant car ''le RHDP pourrait chercher à gagner du temps à négocier et à admettre des candidats de l'opposition à quelques semaines pour casser la dynamique de l'unité de l'opposition''.
Le RHDP se dit prêt à dialoguer avec l'opposition
Une délégation du RHDP conduite par son secrétaire exécutif, Cissé Ibrahima Bacongo, s'est rendu au siège du Mouvement des Générations Capables (MCG), où elle rencontré la Cap CI, dirigée par l'ancienne première dame, Simone Ehivet Gbagbo.
" Nous avons été heureux de retrouver nos frères et sœurs de la Cap-CI. Nous avons évoqué avec eux les questions qui les préoccupent mais qui préoccupent aussi certainement beaucoup d'ivoiriens, des préoccupations auxquelles nous avons adjoint d'autres questions", a déclaré à la presse Cissé Bacongo.
''Cette rencontre est la première d'une série'' a-t-il précisé annonçant la ''mise en place d'un comité technique pour examiner dans le détail toutes les préoccupations posées''.
Du côté de la Cap CI, on se félicite de cette démarche. " Nous avons tenu à exposer à la délégation du RHDP les questions que nous évoquons toujours et qui concerne la réforme du système électoral. Nous en avons parlé. Mais nous ne sommes pas rentrés en profondeur dans les détails", a indiqué Simone Gbagbo.
Une opposition divisée dans la réalité ?
Le PDCI-RDA et le PPA-CI ont qualifié de « non représentatif », le dialogue entrepris par le RHDP et la Cap CI.
En réponse, le vice-président du COJEP, Me Ouraga Serge Olivier, membre de la Cap CI estime que le débat est ailleurs. « Ce sont des Ivoiriens notamment le parti au pouvoir et des personnalités suffisamment représentatives de l'opposition ivoirienne qui ont décidé de s'assoir et de discuter. Nous pensons qu'il faut saluer l'état d'esprit de ceux qui ont participé, les encourager à persévérer dans cette voie et espérer que cette discussion permet de trouver des solutions aux problèmes des Ivoiriens et évite à notre pays une crise à l'approche de l'élection présidentielle ».
Pour Tawa Netton Prince, ''il y a quelques problèmes de personnes, au niveau de la gauche de l'opposition ivoirienne, mais le PDCI pourrait jouer le rôle fédérateur et faire l'arbitrage entre les différents camps''.
Simone Gbagbo, quant à elle, relativise cette division de l'opposition. « On peut parler d'une même voix, sans forcément parler d'une seule voix » dit-elle.
Africa24monde avec BBCAfrique.Par Abdou Aziz Diedhiou