Le monde est divisé en deux: d’un côté les Anglo-saxons et de l’autre les êtres humains !
Ainsi s’exprimait mon ami Adnan Azzam, écrivain syrien, à Damas ...
© Me Alice Nkom, née en 1945, elle devient la première femme avocate d'expression française au barreau du Cameroun en 1971. Photo: Alice Nkom
La célèbre avocate souhaite que le chef de l’Etat revoie son attitude face aux séparatistes. Me Alice Nkom éprouve beaucoup d’amertume quand elle évoque le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans l’entretien qu’elle a accordé à la télévision Afrique Media le 15 février 2019, la célèbre avocate a dénoncé les violences dans la zone anglophone.
Elle a condamné l’incendie de l’hôpital de Kumba le 11 février dernier et fustigé l’attitude du gouvernement qui à son avis a fait preuve de précipitation en accusant les milices Ambazoniens. Cela lui a rappelé, a-t-elle dit un autre acte de précipitation du gouvernement camerounais. Celui qui avait vu un ministre de la communication soutenir mordicus qu’un massacre de femmes et d’enfants dans l’Extrême –Nord ne s’était pas déroulé au Cameroun. « Chaque fois il y a des actes du gouvernement qui rongent notre confiance », déplore-t-elle.
Alice Nkom condamne l’utilisation de la force par le gouvernement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie à une insurrection de rebelles sécessionnistes. « L’armée c’est surtout protéger le territoire contre l’adversité qui vient de loin. Une armée qui tourne ses soldats contre ses compatriotes ça ne peut pas donner grand-chose. Ce n’est pas bon. J’en appelle à la responsabilité de nos dirigeants pour qu’ils cessent de montrer que pour eux la vie d’un Camerounais ne vaut rien.
Parce qu’on en est là. On ne résout pas les problèmes avec ses compatriotes de cette manière-là. En sortant les fusils qu’ils ont achetés avec leur argent commun pour les protéger. On ne fait pas ça ! C’est interdit. Et ce n’est pas le sens du serment que le président a prêté », proteste la juriste.
Elle fait valoir que nulle part dans la constitution, on ne donne la possibilité au chef de l’Etat de « tourner l’armée contre les civils ». Elle désespère de voir le bout du tunnel. « Ca va durer deux ans. Je ne vois pas une once de volonté en face pour calmer. Parce que je scrute tous les discours du président de la République. Je ne vois rien. Aucun mot. Ni de compassion, ni encore d’apaisement. Ni quelque chose qui puisse annoncer qu’il sait que c’est une situation anormale. C’est-à-dire quand tu dis à l’armée « allez-y », il y aura des innocents que vous allez tuer. Il y aura des populations. Ne serait-ce que pour eux, même s’il y a des armes, il faut d’abord arrêter. Parce que chez nous, dans la famille judiciaire, on dit qu’un simple doute doit profiter à l’accusé », exhorte-t-elle.
Alice Nkom se demande « pourquoi est-ce qu’on ne copie pas ça, pourquoi est-ce qu’on continue à tirer ? ». Pour elle, « le vivre ensemble s’éloigne ». Elle croit que ce n’est pas le Cameroun qui y gagne. « J’avais déjà dit au début qu’il fallait qu’on arrête d’utiliser les armes, qu’il fallait éviter qu’une seule goutte du sang des Camerounais là-bas soit versée. Malheureusement je n’ai pas été écoutée. Aujourd’hui qu’est-ce que je peux dire ? Je pleure. Je suis mal dans ma peau. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas comment est-ce que le président peut revoir sa politique. Parce que dans cette affaire-là le président est le problème mais malheureusement, c’est aussi lui la solution ».
Par Africa24monde avec actucameroun