Retraité depuis 2016 et installé dans la Ville de Bafoussam où il exerce comme consultant Indépendant dans le Secteur de l’Eau et de l’Energie, Mr JIOKEU Martin, grand ingénieur camerounais avec 32 ans de pratique répond aux questions d'Africa24monde.
Africa24monde: Qui êtes-vous êtes et quel est votre parcours professionnel ?
Je suis JIOKEU Martin, Camerounais âgé de 58 ans, Ingénieur du Génie Rural Hors Echelle, pur produit de l’Ecole Inter - Etats des Ingénieurs de l’Equipement Rural de Ouagadougou (EIER) devenue aujourd’hui « Institut international de l’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement »(2IE) ;
Inscrit à l’Ordre National des Ingénieur du Génie Rural du Cameroun sous le Matricule ONIGR15-0057 ;
Intégré dans la Fonction Publique camerounaise depuis 1984, j’ai été tour à tour Chef de Bureau, Chef de Service, Délégué Départemental et enfin Délégué Régional dans les Services déconcentrés du Ministère de l’Agriculture d’abord et ensuite du Ministère de l’Eau et de l’Energie.
Expert auprès de la Cour d’Appel de l’Ouest en matière d’eau et d’énergie depuis 2004.
Retraité depuis Septembre 2016, je me suis dès lors installé dans la Ville de Bafoussam comme Consultant Indépendant dans le Secteur de l’Eau et de l’Energie afin de faire bénéficier ce Secteur névralgique de l’expérience accumulée pendant 32 ans de pratique.
Africa24monde: Le Président a longtemps parlé d’émergence qui tarde à arriver. C’est dû à quoi selon vous ?
JIOKEU Martin: Il ya d’abord la corruption qui engendre le favoritisme. L’expression « the right man at the right place” est la chose la moins partagée au Cameroun. Le Cameroun est l’un des rares Pays au monde où on peut placer un Bac + 3 avec 1 an d’expérience à la tête d’une Structure avec pour Assistant un Bac + 5 avec 20 ans d’expérience sans que personne ne soit offusqué. Au Cameroun, le profil de carrière n’existe pas tout comme la méritocratie n’est qu’une vue de l’esprit.
Ensuite l’inadéquation entre les besoins à la base et la programmation au niveau national. La base est complètement déconnectée des centres de décision. Beaucoup de choses sont faites, mais ne contribue pas nécessairement à améliorer le quotidien du petit camerounais. La Décentralisation annoncée depuis 23 ans tarde à se concrétiser suite à de multiples conflits. Ces conflits résultent des manœuvres de résistance au changement tant de la part des fonctionnaires de l’Administration chargés d’accompagner les Communes dans le processus de décentralisation que des Communes elles mêmes qui font pour la plus part une mauvaise interprétation des textes.
D’autre part les projets financés dans le cadre du budget d’investissement public sont pour la plus part mal exécutés car victimes de la corruption et des attributions fantaisistes. Beaucoup de projets sont attribués à des vendeurs d’illusions qui n’ont pour seule force que la puissance de la corruption.
Parlez-nous de votre entreprise JIOTECH. Quels sont ses services sur l’étendu du territoire ?
JIOTECH est une Entreprise citoyenne de droit camerounais qui s’est donné pour objectif de faire la différence dans la qualité des services. Nos prestations s’étendent des Conseils aux réalisations en passant par l’expertise et les études. Nos domaines d’activités sont les suivants :
- Génie civil (Construction des Résidences privées avec alimentation en eau et en énergie autonomes) ;
- Alimentation en eau potable (Forages, puits, sources, prises d’eau en rivière, pompage, traitement, stockage et distribution) ;
- Assainissement individuel et collectif ;
- Hydraulique Agricole (Irrigation à moindre coût par pompage solaire) ;
- Hydraulique Pastorale (Utilisation du solaire pour l’alimentation du bétail en eau) ;
- Energies renouvelables et nouvelles : Nous mettons un accent particulier sur l’éclairage et le pompage solaire car ici il est question d’utiliser le soleil pour produire de l’eau potable à moindre coût.
Avez-vous rencontré des difficultés à monter votre entreprise? Si oui lesquelles ?
Pour la création de l’Entreprise, non, mais au niveau de son fonctionnement, oui. La pression fiscale ne contribue pas à favoriser l’épanouissement des Petites et Moyennes Entreprises au Cameroun.
Le Cameroun regorge beaucoup de talents, quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent faire comme vous ?
Je les conseillerai de s’engager dans l’Entreprenariat malgré la pression fiscale, car le Cameroun a besoin de toute son expertise pour atteindre au plus vite son émergence. Plus il y aura d’Entreprises performantes sur le terrain, moins il y aura des malfaçons et plus vite on atteindra l’émergence. Plus les Entreprises performantes vont être présentes sur le terrain, moins les vendeurs d’illusions auront la possibilité d’évoluer.
Le climat sociopolitique camerounais actuel est-il favorable aux affaires? Quel est votre opinion concernant l’arrestation du Professeur Maurice Kamto ?
Un climat d’insécurité et d’incertitude n’a jamais été favorable aux affaires.
Si vous étiez nommé Gouverneur de votre région, quels leviers pourrait-on activer pour contribuer au développement et quelles seraient vos trois premières décisions?
La première chose à faire est l’instauration de la méritocratie : « The right man at the right place ».
Mes trois premières décisions :
- Etat des lieux dans tous les secteurs : A la date d’aujourd’hui, très peu de secteurs savent où on en est et où on compte aller ;
- La maturation des projets devant nous permettre de résorber le déficit ;
- La planification, recherche de financement et réalisations.
L’un des leviers les plus importants de la réforme devrait être la formation et l’information car il est établi que lorsque le monde change, si les hommes et femmes qui font vivre une organisation, y prennent des décisions, ne font pas évoluer au même rythme leurs schémas mentaux, ils prendront des décisions fondées sur de fausses prémisses qui bloqueront les transformations nécessaires.
Un mot de fin, que pensez vous du Cameroun dans son ensemble?
Le Cameroun dispose d’énormes potentialités qui ne demandent qu’à être exploitées pour son développement. En appliquant la formule « the right man at the right place », le phénomène de corruption va mourir de sa propre mort pour le bien de toute la nation entière car ce sont les nuls et les parvenus qui entretiennent la corruption.
Pour tout contact: Hydrogénie – Jiotech B.P. 214 Bafoussam – Tél. 699 91 00 01 – Watshap 697 73 65 99 – Email : jiotech.phyto@gmail.com
Propos recueillis par Tinno Bang Mbang. Bafoussam, le 03/04/ 2019
