Massacre de civils au Niger : 100 morts dans deux villages
Cent personnes ont été tuées samedi 2 Janvier 2021 dans les attaques de deux ...
© Dr Christopher Fomunyoh, cadre supérieur et directeur régional pour l'Afrique au National Democratic Institute for International Affairs.
Une trentaine d’organisations, dont l’Action mondiale pour la paix et la justice au Cameroun, ont publié une lettre ouverte réclamant une solution politique à la crise anglophone. Ces organisations réagissent ainsi à l’attaque d’une école à Kumba, samedi dernier, dans laquelle sept écoliers ont été assassinés.
Les signataires de la lettre ouverte regrettent que le gouvernement camerounais ait exhorté les élèves et enseignants des zones anglophones à retourner dans les classes, "tout en offrant peu de protection pour leur sécurité".
Les enfants victimes de la crise
Christopher Fomunyoh, militant au sein de l’Action mondiale pour la paix et la justice au Cameroun, dénonce le fait que les enfants soient les victimes de la crise anglophone. Il affirme que "Nous avons des enfants qui sont aussi exposés parce que, pour certains, ils sont devenus des orphelins. Les parents ont été tués. Les enfants sont tellement exposés que si on ne met pas fin à ce conflit, c’est toute une génération qui sera perdue."
Plus de 700.000 enfants ne sont pas allés à l’école depuis trois ans dans les zones anglophones. A la suite de l’attaque de l’école de Kumba, le ministre camerounais de l’Education de base est depuis hier (26.10) sur les lieux pour "cerner les contours" de cette attaque, fait savoir un proche du ministre.
Le Tweet de Paul Biya
Son silence faisait plus que faire grincer des dents. Il en était devenu lourd et pesant, voire incompréhensible pour beaucoup de Camerounais. Plus de 48 heures après le massacre de Kumba, Paul Biya l'a enfin rompu. Lundi, dans l'après-midi, le président camerounais a pour la première fois à travers une série de tweets, quatre au total, livré son sentiment sur cette tragédie : « J'ai appris avec une grande tristesse l'horrible assassinat de plusieurs élèves survenu dans la ville de Kumba », a écrit Paul Biya. Dans un second tweet, il a dit « condamner avec la plus grande fermeté ce crime barbare et lâche, envers des innocents ».
Le président Paul Biya a pour sa part condamné dans un tweet un "crime barbare et lâche". Une réaction que juge toutefois insuffisante Maximilienne Ngo Mbe, du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), cosignataire de la lettre ouverte. "Je ne suis pas dans son agenda. Mais c’est un regret profond pour nous de voir que face à un massacre de ce genre, le président de la République, par un simple tweet et un mot aux gouverneurs, s’adresse comme ça à son peuple. », explique la directrice exécutive du Redhac.
L’Action mondiale pour la paix et la justice au Cameroun dénonce un accès à l’éducation encadrée par les militaires et les signataires demandent un cessez-le-feu dans la crise en zone anglophone.
Prioriser la solution politique
Des "sanctions ciblées intelligentes" pourraient y aider. Elles auront un rôle dissuasif, selon Christopher Fomunyoh. "Il y a des gens qui pensent toujours que ce problème, qui est pourtant un problème politique, devrait être résolu par la manière militaire.", constate M. Fomunyoh.
Il ajoute que "S’il y a des sanctions ciblées, des deux côtés, cela va envoyer un message fort que les Camerounais doivent s’asseoir pour discuter des doléances qui ont été soulevées et pour trouver une voie négociée, une voie paisible au règlement de ce conflit."
Joshua Ossi du Social democratic front (SDF), un parti bien implanté dans les zones anglophones, estime qu’il faut forcer les sécessionnistes à discuter alors, pense-t-il, qu’"il n’y a pratiquement plus d’interlocuteurs".
La directrice exécutive du Redhac constate que l’heure est grave. La crise anglophone aurait fait 3.000 morts et conduit 700.000 personnes à fuir leur domicile.
Une crise qui pèse très lourd sur le pays
Entamée en 2016, la crise continue de détruire les régions anglophones du Cameroun où les populations vivent entre la peur des exactions des milices séparatistes, des bandes armées et des opérations militaires parfois brutales. On comptait fin septembre plus de 710 000 déplacés, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés. Parmi les conséquences de cette crise, le tissu économique est délabré, les entreprises de ces régions sont au supplice, et cela a des conséquences sur toutes les sociétés camerounaises.
Selon la dernière étude du GICAM, le groupement inter-patronal du Cameroun sur l’environnement des affaires dans le pays, plus de 88 % des entreprises camerounaises se disent affectées par cette situation. Elles auraient perdu plus de 785 milliards de francs CFA (1,2 milliard d'euros) de chiffre d’affaires en trois ans.
Africa24monde avec RSA