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© Amnesty s'inquiète de la répression des opposants et de l'impunité persistante qui alimente les violences
Amnesty International a appelé les autorités ivoiriennes à enquêter sur l’homicide de dizaines de personnes tuées à coups de fusils, de pistolets et de machettes lors des violences électorales. Mais également à la « libération sans condition » des opposants politiques.
Dans un rapport publié le lundi 16 novembre 2020, Amnesty International s’est ouvertement inquiétée de la répression croissante visant les leaders de l’opposition en Côte d’Ivoire, ainsi que de la persistance de l’impunité qui alimente les violences électorales dans le pays.
Des dizaines d’homicides commis en toute impunité
« Nous demandons aux autorités ivoiriennes d’enquêter sur ces violences sanglantes et de traduire les responsables présumés de ces agissements en justice. L’impunité qui règne de longue date en Côte d’Ivoire offre un terreau fertile à ceux qui se livrent à des homicides et bafouent les droits humains sans craindre d’être amenés à rendre des comptes », a déclaré Samira Daoud, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International.
S’appuyant sur des témoignages de victimes, l’ONG internationale a pu établir l’homicide de dizaines de personnes tuées à coups de fusils, de pistolets et de machettes lors des violences qui ont éclaté dans plusieurs villes du pays, à l’approche de l’élection présidentielle et se sont prolongées après le scrutin.
Selon le Conseil national des droits de l’homme de Côte d’Ivoire, entre le 31 octobre et le 10 novembre, le bilan s’élève à 55 morts et 282 blessés.
En août 2020, Amnesty International avait déjà dénoncé l’attitude de la police qui avait laissé des hommes armés de machettes attaquer des manifestants le 13 août dans le quartier de Yopougon, à Abidjan. Entre le 19 et le 21 octobre, à Dabou, des heurts entre sympathisants du parti au pouvoir et de partis de l'opposition se sont soldés par 16 morts et 67 blessés.
Arrestations de masse et arbitraires
L’ONG de défense des droits de l’homme a, par ailleurs, constaté l’arrestation de dizaines de membres de l’opposition en marge de l’élection. Parmi ceux-ci, figure Pascal Affi N’Guessan, « arrêté dans la nuit du 6 novembre et détenu au secret jusqu’au 9 novembre. Durant ces quelques jours, il n’a pas pu communiquer avec sa famille ni son avocat. Pascal Affi N’Guessan a affirmé qu’il n’avait pas vu la lumière du jour pendant 60 heures ».
Visé par 30 chefs d’accusation, l’avocat de ce leader de l’opposition n'a réussi à le voir que lors de sa comparution devant le juge le 9 novembre. « Depuis, ni son avocat ni sa famille n'ont pu entrer en contact avec lui. Il est pour l'instant impossible de confirmer le lieu où se trouve Pascal Affi N’Guessan », s’indigne Amnesty International.
De même, le 3 novembre dernier, 21 personnes ont été arrêtées « de manière arbitraire » au domicile du leader de l’opposition Henri Konan Bédié. Cinq se trouvent toujours en détention. Il s’agit de Maurice Guikahué, numéro deux du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), des sénateurs Seri Bi N’Guessan et Bassy Koffi Bernard, et de Narcisse N’dri Kouadio, directeur de cabinet d’Henri Konan Bédié.
Des blocus sont également exercés autour des domiciles de plusieurs leaders de l’opposition tels que l’ancien ministre Hubert Oulaye et de Pascal Affi N’Guessan, « et personne ne peut y entrer ni en sortir ». Une situation qu’Amnesty qualifie de « restriction arbitraire ».
Cette nouvelle vague d'arrestations d'opposants politiques fait suite à une autre série d'arrestations, un peu plus tôt cette année, et déjà signalées par Amnesty International.
Entre le 13 août et le 25 octobre, au moins 41 personnes avaient été interpellées à Abidjan, Korogho, Toumodi et Alépé pendant qu'elles manifestaient ou après avoir appelé à manifester. Il s'agit, entre autres, de cinq membres du parti d'opposition GPS, arrêtés le 13 août alors qu'ils se rendaient à une manifestation, et de Pulchérie Edith Gbalet, coordinatrice de l'ONG Alternatives Citoyennes (ACI), interpellée le 15 août à l'hôtel où elle était descendue avec deux collègues après avoir appelé la population à manifester contre un troisième mandat d'Alassane Ouattara.
« La répression croissante visant les leaders de l’opposition et les détracteurs du gouvernement constitue une offensive contre les droits humains », a déclaré Samira Daoud.
« Elles doivent libérer immédiatement et sans condition Pascal Affi N’Guessan et toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. Enfin, elles doivent s’engager à créer un espace où les citoyen(ne)s peuvent exprimer librement leurs opinions et manifester pacifiquement, sans crainte d’être arrêtés, agressés ou tués », a-t-elle insisté.
Africa24monde avec Ecofin Par Borgia Kobri