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© Le 21 mars 2018, quarante-quatre pays de l'Union africaine réunis au Rwanda avaient signé l'accord créant la Zlecaf
C’est un grand rêve qui se réalise, après plusieurs étapes, divers balbutiements, et une accélération de l’histoire africaine, 44 pays du continent signent enfin l’accord portant création de la Zlecaf, la plus grande zone de libre-échange du monde depuis la création de l’OMC ( Organisation Mondiale du Commerce).
Trente-quatre pays africains ont ratifié la Zlecaf depuis l’accord inaugural de Kigali, en mars 2018.
L’entrée en vigueur de l’accord était conditionnée par sa ratification par au moins 22 pays. Mai lors d'un sommet extraordinaire dédié à la Zlecaf, la commission de gestion est venue avec l’annonce de la ratification de l’accord par 34 pays depassant ainsi le quota de 22 fixé à la base.
Dans le cadre de l’accord, les pays africains ont convenu de supprimer 90% des droits de douane sur une période de 5 à 15 ans, selon leur niveau de développement (pays à revenus faibles et intermédiaires), avec des dispositions différenciées pour sept pays (Djibouti, Ethiopie, Madagascar, Malawi, Soudan, Zambie et Zimbabwe) qui ont un objectif réduit de suppression des droits de douanes (85%).
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) entre officiellement en vigueur ce 1er janvier 2021. Ratifié jusqu'à présent par 34 pays, le traité est censé instaurer la plus vaste zone de libre-échange au monde, avec 1,2 milliard de personnes potentiellement concernées. L'idée étant d'accroître le commerce intra-africain et d'y développer les richesses. La Zlecaf prévoit d'ici 15 ans au maximum la suppression de 90% des taxes douanières sur les biens et les services. Et, d'ici là, le chemin est encore long.
C'est une date symbolique et qui restera gravée dans l'histoire de l'intégration africaine. Ce 1er janvier 2021, les 34 pays ayant déjà ratifié le traité instaurant la zone de libre-échange (Zlecaf).
En pratique, rien ne change dans l'immédiat. Car la Zlecaf est en cours de construction, et de nombreux points restent à négocier. Mais on connaît au moins l'horizon : d'ici 15 ans au maximum, les pays devront avoir aboli entre 85% et 90% des tarifs douaniers sur les biens et les services qu'ils échangent.
Le commerce africain reste tourné vers l'extérieur du continent
Entre-temps, il faudra avoir déterminé ce que l'on appelle les offres tarifaires, c'est-à-dire les calendriers de baisses des droits de douane et les catégories de produits concernés. Il faudra aussi avoir fixé la règle d'origine, à savoir le niveau de la part africaine contenue dans un produit manufacturé.
L’un des objectifs majeurs de la Zlecaf, offrir à des investisseurs l’opportunité de s’installer en Afrique et de pouvoir s’adresser à un marché de plus d’un milliard d’habitants sans entraves douanières.
Pour l'heure, le commerce africain est tourné vers l'extérieur.
Les échanges intra-africains ne représentent aujourd’hui que 16%. Un chiffre dérisoire, comparé au commerce intra-européen (67%), entre pays asiatiques (61%) ou entre les pays d’Amérique du nord (50%). Une faiblesse qui est due essentiellement aux barrières tarifaires et non tarifaires entre les pays du continent ainsi qu’à la faiblesse des infrastructures permettant une fluidité des échanges.
L'objectif de l'Union africaine est donc de faire progresser ces échanges pour créer davantage de richesses. Le but est aussi de convaincre les industriels du monde entier de venir produire en Afrique, sur un marché intégré et ouvert d'un milliard quatre cents millions de consommateurs.
Dans une étude présentée en 2018 à l’occasion du Forum Afrique Développement, la marocaine Attijariwafa bank avait fait une simulation assez intéressante à ce sujet. Partant d’un scénario de suppression à court terme de 50% des mesures non tarifaires et une réduction de 30% des coûts de transaction, l’étude estime que le commerce intra-africain devrait augmenter de 52% d’ici 2022 par rapport à un scénario de référence sans AFCFTA. Les exportations de produits industriels devraient enregistrer la hausse la plus élevée, selon la même étude.
La part des échanges intra-africains pourrait dépasser alors 20% du commerce extérieur total, en moyenne pour l’ensemble des pays africains, soit un niveau significativement au-dessus de la part actuelle des exportations vers la Chine et les Etats-Unis mais sensiblement inférieur à la part actuelle de l’Union Européenne (31% en 2017), prévoit l’étude présentée par Attijariwafa bank.
Au-delà des effets sur les échanges commerciaux, la Zlecaf aura également un impact sur l’industrialisation de l’Afrique à travers la création de chaînes de valeurs communes.
Accra au Ghana, lieu stratégique pour la Zlecaf
C’est à Accra que tout se jouera pour la Zone de libre-échange continentale africaine. Les locaux du secrétariat permanent de l’organisation ont été inaugurés en août dernier dans la capitale ghanéenne, Interrogé sur ce choix par RFI, le Dr Francis Mangeni, responsable des promotions commerciales au secrétariat de la Zlecaf, revient sur les raisons de ce choix. « Il y a eu une compétition, que le Ghana a remportée. Tout d’abord, ils ont proposé de fournir des locaux entièrement meublés pour le secrétariat de la Zlecaf. Ils ont aussi beaucoup investi : 10 millions de dollars, pour soutenir le travail du secrétariat. »
Le rôle du secrétariat permanent sera crucial pour le lancement de la Zlecaf : c’est lui qui est chargé de la mise en application de la zone de libre-échange. « Le secrétariat est l’organe technique de la Zone de libre-échange continentale africaine. Sa fonction principale est de soutenir toutes les procédures de la Zone de libre-échange continentale africaine. Le secrétariat a donc un rôle fondamental à jouer pour assurer la bonne mise en œuvre de l'accord, et veiller à ce que la Zlecaf fonctionne bien en tant que marché continental régional. »
La Zlecaf peut aussi accélérer le flux des IDE( investissements directs étrangers) vers le continent. Un industriel chinois, russe, indien, japonais, américain ou européen verra plus d’intérêt à venir s’installer en Afrique si le continent devient un espace ouvert au commerce. Ça lui donnera accès à des matières premières à faible coût, à une ressource humaine jeune et abondante et un accès à un marché de plus de 1 milliard d’habitant, dont la population va doubler d’ici 2050 selon les projections démographiques.
Par Tinno BANG MBANG