Où sont les femmes dans les forces armées ouest-africaines?
Peu nombreuses, peu visibles, elles font face à des barrières persistantes. À ...
© La première édition du prix Simone Veil a récompensé la Camerounaise Aissa Doumara, remis par le couple Macron le 8 mars 2019. Reuters
La Camerounaise Aissa Doumara a été distinguée à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Cette femme de 46 ans, qui gère une association qui lutte contre les violences faites aux femmes dans son pays, a reçu ce vendredi 8 mars au matin, à Paris, le prix Simone Veil. Un prix créé par Emmanuel Macron en hommage à l'ancienne ministre décédée en 2017 et dont c'était la première édition.
Devant un grand portrait en noir et blanc de Simone Veil et sous les yeux des fils de l'ancienne ministre, Aissa Doumara s'avance pour recevoir son prix, qu’elle dédie « à toutes les femmes victimes de violences et de mariages forcés, à toutes les rescapées de Boko Haram ». D'une voix émue, elle remercie le jury et commence à raconter des « petites histoires », comme elle dit.
Celle de cette fillette de 12 ans qui devait se marier juste avant d'entrer en 6e et qui a finalement réussi à échapper à cette union. Ou bien encore celle de cette jeune femme de 20 ans qui a dû boire le sang de son fils et de son mari égorgés sous ses yeux par Boko Haram mais qui a fini par se reconstuire.
Autant de victoires pour l'association d'Aissa Doumara. « Mais il reste tant à faire », souligne la lauréate du prix Simone Veil. « Presque toutes les trois secondes, une petite fille est mariée de force dans le monde. » Alors Aissa Doumara profite de la tribune qui lui est offerte pour faire passer plusieurs messages, notamment aux chefs d'Etat du monde entier.
« Les gouvernements devraient être davantage courageux et prendre des décisions politiques qui puissent obliger les gens à abandonner les pratiques néfastes. Il faut que les gouvernements soient beaucoup plus engagés pour mettre en œuvre des lois spécifiques, détaillées, pour pouvoir réprimer les violences faites aux femmes et aux filles. Et que les décisions de justice puissent réellement être appliquées. »
Aissa Doumara demande aussi que l'accent soit mis sur la prévention et l'éducation. Cette mère de trois enfants, elle-même victime d'un mariage forcé, a ainsi insisté pour que sa fille aînée fasse des études. « Je l’avais mise à l’école alors qu’elle n’avait que deux ans et à 15 ans elle est rentrée à l’université. Ça faisait ma fierté. Parce que plus une fille est instruite, moins elle risque un mariage forcé, et elle connaîtra ses droits et elle aura la possibilité de faire des choix. »
Mais la lauréate du prix Simone Veil estime qu'il faut aussi davantage de moyens. Sur ce point, elle a été entendue par Emmanuel Macron, qui a annoncé la création d'un fonds doté de 120 millions d'euros pour lutter contre les violences faites aux femmes dans le monde entier. Le président s'est aussi prononcé pour la mise en place d'une banque pour l'entreprenariat féminin en Afrique.
Aissa Doumara, elle, va profiter des 100 000 euros du prix pour ouvrir un centre d'accueil pour les femmes.
Par Africa24monde Avec RFI