
Où sont les femmes dans les forces armées ouest-africaines?
Peu nombreuses, peu visibles, elles font face à des barrières persistantes. À ...
© Femme brandissant une pancarte lors d'une manifestation à la bourse de Johannesburg : "Bienvenue en Afrique du sud, où les investissements économiques comptent plus qu'une mort." © REUTERS/Stringer
En Afrique du Sud, près de 3000 femmes sont assassinées par an et une femme sur cinq a déjà été victime de violence de la part de son partenaire. Des statistiques inquiétantes qui provoquent une sursaut sur les réseaux sociaux.
Le 24 août, Uyinene Mrwetyana, étudiante de 19 ans, entre dans un bureau de poste du Cap pour récupérer un colis. Elle n’en ressortira pas vivante, et son bourreau est désormais entendu par la justice pour viol et meurtre. « Donc, chaque week-end, nous allons enterrer une femme ou un homme qui est mort des mains d'un homme? Mon coeur est lourd », réagit une internaute.
Une semaine plus tard, Leighandre Jegels, boxeuse professionnelle de 25 ans, meurt en pleine rue de Johannesbourg sous les balles de son ancien petit ami.
Deux morts parmi des dizaines d’autres au cours de ces dernières semaines, qui ont provoqué une vague d’émotion et d’indignation à travers le pays. Sur Twitter et Facebook, le hashtag #AmINext, « Suis-je la prochaine ? », rassemble les Sud-Africaines choquées par ces violences contre les femmes qu’elles qualifient de véritable « épidémie ». Sous ce mot clé, se retrouvent de nombreux témoignages, à la manière de #MeToo, des signalements de disparitions inquiétantes et des appels manifester.
Une multiplication de pétitions en ligne
Car cette vague d’indignation, née sur les réseaux sociaux, s’est rapidement concrétisée dans les rues, au Cap, lors du Forum économique mondial pour l’Afrique ainsi que devant le Parlement au début du mois, où des centaines de militantes ont voulu se faire entendre par les décideurs du pays. Puis la semaine dernière, devant le siège de la Bourse de Johannesbourg, où les manifestantes ont demandé aux grandes entreprises de contribuer à la lutte contre les violences faites aux femmes, au moyen d’une taxe pour financer des programmes.
Des marches avaient déjà été organisées l’année dernière, à cette même période, mais sans résultat concret. Cette fois-ci, le mouvement a aussi vu naître une multiplication de pétitions en ligne, pour réclamer des actions plus radicales de la part du gouvernement sud-africain, critiqué pour son inaction au cours de ces dernières années.Une première pétition demande l’instauration d’un état d’urgence dans le pays, afin que le sujet devienne une priorité du gouvernement. Près d’un demi-million de personnes ont signé cette proposition qui s’inspire d’une mesure prise en pour lutter contre la multiplication de viols.
Rétablissement de la peine de mort
Une seconde pétition en ligne va même plus loin : elle réclame le rétablissement de la peine de mort, abolie à la fin de l’apartheid, pour les auteurs de crimes contre les femmes et les enfants, et a déjà recueilli à peu près le même nombre de signatures. Cette demande a été rejetée par le ministère de la Justice, et de toute façon non conforme avec la Constitution du pays.
Forcé de réagir, le président Cyril Ramaphosa a multiplié les discours. Il a annoncé vouloir amender les lois du pays sur ces questions et envisage de rendre public le registre qui répertorie les noms d’hommes condamnés pour de telles violences.
Par Africa24monde Avec RFI - Claire Bargelès