
Où sont les femmes dans les forces armées ouest-africaines?
Peu nombreuses, peu visibles, elles font face à des barrières persistantes. À ...
© La Laureate du prix Amelia EArthart du zonta nommée Narindra et Julienne Morisseau, présidente du Zonta Paris Port Royal Concorde rattaché au Zonta International | Crédit photos: Kn'T (Keep'n Touch)
La nouvelle présidente du club service parisien Zonta Paris Port Royal Concorde, club services rattaché au Zonta International qui bientôt 1 siécle (née en 1918) à Buffalo, composé de 35000 membres majoritairement de femmes occupants des postes à responsabilités dans le monde. La Responsable Julienne Morisseau répond aux questions d’Africa24monde.
Africa24monde: Qui êtes-vous et quel est votre parcours professionnel ?
Julienne Morisseau: Franco-haïtienne de 33 ans née en Guyane française, de parents immigrés haïtiens originaires d’une région très pauvre d’Haïti, je me suis toujours évertuée à étudier afin de ne pas être en situation de reproduction sociale. Je suis un exemple qui réfute la thèse de la reproduction sociale du sociologue Bourdieu.
Fille de pasteur protestant, les valeurs inculquées ont toujours été le travail, la persévérance, l’entraide et le soutien d’autrui, prioritairement celui des plus faibles.
En 2002 j’ai obtenu mon BAC Economique et Social avec mention. Par la suite, j’ai intégré l’Université Panthéon Sorbonne à Paris où j’ai décroché mon Master de Travail Administration Gestion de l’Emploi. J’ai complété ma formation par deux années supplémentaires en école de commerce dans le domaine de l’ingénierie et négociation d’affaires complexes Business to Business (B to B).
J’ai effectué plus de 7 années d’études supérieures. J’aurai pu me reposer sur mes acquis, mais ceci n’est guère mon tempérament. Et pour cause, j’ai obtenu le 3 Avril 2018, un diplôme d’administrateur du Centre des Hautes Etudes du Ministère de l’Intérieur, sésame nécessaire pour intégrer les conseils d’administration de grandes entreprises, et structures publiques.
Depuis 10 ans, j’évolue dans le secteur informatique. Je travaille actuellement au sein de Naelan Group, un groupe français spécialisé dans les services et solutions autour des processus métiers, et des traitements de la communication des grandes organisations publiques et privées, en tant que Directrice Business Unit.
Sur le plan humanitaire, j’ai fondé il y’a 4 ans bientôt une ONG nommée OSEDH « O Secours Des Enfants Démunis Haïtiens », qui finance chaque année la scolarité de 250 enfants vivant dans le sud-ouest d’Haïti. Je suis soutenue dans cette action par Amandine Ranson, une amie, mes frères, ainsi que par Valentina Carraro et Clemente Bernard de l’association italienne DLF. Je crois fermement à la valeur de l’éducation comme changement social positif pour les membres d’une nation.
C’est l’une des raisons pour lesquelles j’interviens en qualité de marraine bénévole pour l’association « Les Passerailes de Rosa » en France, une association qui intervient dans les collèges des zones d’éducation prioritaire afin d’orienter au mieux les collégiens et surtout les convaincre de l’importance de l’assiduité, et des études supérieures. Je tente de leur montrer que l’ascension sociale en France est possible par l’éducation et le travail. Les jeunes ont besoin de modèles autre que les footballeurs, participants de téléréalité ou people en tout genre (mon propos n’est aucunement dénigrant pour les activités citées supra).
Africa24monde: Vous êtes présidente du club service parisien Zonta Paris Port Royal Concorde, pouvez-vous nous en dire plus sur cette structure ?
Julienne Morisseau: Le mot « Zonta » est un mot d’origine amérindienne, signifiant « lumière », « s’assembler pour un but« , « être digne de confiance ». C’est ce terme qui a été adopté en 1919 par ce qui deviendra le Zonta International, afin de définir cette chaine de solidarité qui nous unit toutes.
Pendant la 1ère guerre mondiale, des femmes ont occupés efficacement des postes clés et ont pris conscience du rôle moral, civique et social qu’elles peuvent jouer. Elles en deviendront les actrices, et se donneront les moyens de soutenir la promotion du statut de la femme.
Le 8 Novembre 1919, Marian de FOREST, dramaturge et journaliste à l’Express de Buffalo (Etat de New York, USA), conçoit et fonde, avec un groupe de femmes du monde professionnel, le Club de Buffalo sous le nom de ZHONTA.
Les membres du bureau du Zonta Paris Port Royal Concorde autour de la presidente Julienne Morisseau avec leur area director Mme Christiansen| Crédit photos: Kn’T (Keep’n Touch)
Aujourd’hui, nous sommes 35000 membres dans le monde, répartis sur 1250 clubs, membres femmes et hommes occupant des postes à responsabilité.
Le Zonta est un club service mondiale au même titre que le Rotary Club, Lions Club, Soroptimiste, mais avec la particularité d’être tourné vers les femmes et les jeunes filles.
Pour ce faire, nous disposons du statut d’organisation non gouvernementale avec une voix consultative auprès du Conseil Economique et Social de l’ONU (comprenant des observateurs de l’UNESCO, de l’UNICEF, de l’OIT et du Conseil de l’Europe).
Le Zonta International soutient la ratification de la Convention des Nations-Unies pour l’élimination de toutes les formes de discriminations envers les femmes (CEDAW). En effet, cette ONG s’est engagée sur le principe que les droits des femmes sont partie intégrante des droits de l’être humain.
Le club que je préside, Zonta Paris Port Royal Concorde a été créée en 1970 à Dakar par Mme Senghor et Mme Janine N’DIAYE, fondatrice du seul lycée exclusivement pour Jeunes Filles de Dakar, le Lycée John Fitzgerald KENNEDY.
Par la suite, Anne-Marie BARRY, épouse du Colonel éponyme, Commandant du Bataillon de parachutistes sénégalais, les rejoindra dans cette action.
Aujourd’hui c’est depuis Paris que les actions de solidarité s’opèrent, car le siège social de notre club est dans le 17éme arrondissement. Une nouvelle équipe a été constituée, avec une nouvelle dynamique. Cynthia Perrod est la vice-présidente, Linda Seng Mealy Warin la directrice chargée des partenariats, Mariéme Ndiaye, la trésorière, et Adeline Divay, la secrétaire générale.
Notre bureau cosmopolite est une preuve que le vivre ensemble en France est possible en dépit de la couleur de peau, de la confession religieuse et de l’âge.
Nous aidons les jeunes, filles et femmes en matière d’autonomisation.
Et ce par l’octroi de différentes bourses, la bourse Performance remise à des femmes entrepreneures, la bourse JMKdédiée aux jeunes filles étudiant en école de commerce, des prix littéraires, des prix musicaux, et la plus prestigieuse est le prix Amelia Earhart de 10000 dollars, en mémoire de cette intrépide femme aviatrice, zontienne de son vivant, qui a tragiquement trouvé la mort lors d’un de ces vols.
Aujourd’hui 35 bourses sont remises dans le monde, pour encourager les jeunes filles à poursuivre leurs études dans le domaine de l’aéronautique.
Africa24monde: L’ONG créée par Jacqueline Senghor et Janine N’Diaye à Dakar en 1970, quels sont les actions qu’elle a eu à réaliser et quelles sont celles à venir ?
Entre 1998 et 2002, le ZONTA INTERNATIONAL a collaboré avec l’UNICEF dans le cadre de la lutte contre les mutilations génitales au Burkina Faso. Grâce à cette action, le Burkina-Faso a enregistré une baisse de 40% du nombre de filles ayant subi ce type de mutilations.
Soirée osez la solidarité au féminin organisée par le Club Zonta en partenariat avec Chais Elles, UFe Paris IIe de France et FCE IDF | Crédit photos: Kn’T (Keep’n Touch)
A l’horizon 2019, le Zonta International aura engagé 2 millions de dollars pour mettre fin à la violence faite aux femmes au Népal et au Niger.
Au Niger, le Zonta International lutte contre le mariage précoce considéré comme une forme de violence en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP). Grâce à un programme d’éducation sanitaire, d’éducation formelle et d’alphabétisation, l’ONG aide 11 000 adolescents. Au Libéria, nous finançons un programme pour l’élimination de la fistule obstétricale au Liberia US$ 1 000,000 (UNFPA).
L’objectif est d’éliminer la fistule obstétricale et traumatique, réduire la mortalité maternelle, la morbidité et la violence sexuelle envers les femmes au Libéria, améliorer la santé et le statut socio-économique de plus de 400 femmes et filles par des traitements chirurgicaux et non-chirurgicaux de qualité de la fistule obstétricale et traumatique. Et pour ce faire, développer des équipes de qualité.
Empruntant le même sentier militant que celui de leurs ainées, le Zonta Club Paris Port Royal Concorde s’est fixé pour ligne directrice d’apporter une assistance aux femmes sans-domicile-fixe en Ile de France. L’enjeu est de taille car on dénombre plus de 7500 femmes sans abris dans la région parisienne. Ces femmes meurtries, oubliées subissent toutes formes de violences banalisées. Leur permettre de retrouver une dignité perdue, participera à leur réinsertion sociale.
A l’international, nous souhaitons aider les femmes âgées du Cambodge, les jeunes filles en Haïti et soutenir les coopératives de femmes au Sénégal.
Africa24monde: Comment trouvez vous vos financements ?
Julienne Morisseau: Tout simplement par les cotisations des membres, les dons des membres et des mécènes ou de simples sympathisants.
Nous organisons des événements avec des levées de fonds.
Le 04 Avril dernier à l’occasion de la fête de l’Indépendance du Sénégal nous avons organisé une soirée intitulée « Osez la solidarité au féminin », au Sénat, en partenariat avec Chais Elles, UFE Paris IDF et FCE IDF.
Une conférence animée par Pascale Bracq, vice-présidente d’ONU Femmes France, Jean Martin Jaspers, ancien chef de cabinet de Michèle Alliot Marie, Nathalie Marthien, préfète et conseillère au gouvernement et par l’actrice Blandine Metayer.
Les organisatrices de la soiréeau Sénat et les conférencier(e)s| Crédit photos: Kn’T (Keep’n Touch)
A l’issue de la conférence nous avons déguster des vins produits par des femmes vigneronnes, invitées par Chais Elles. Cette soirée nous a permis d’accroitre notre visibilité, de collecter également des dons, qui serviront au financement de nos projets nationaux et internationaux.
S’agissant de l’orientation, le Zonta aide beaucoup les jeunes, filles et femmes en matière d’autonomisation économique.
Et ce par l’octroi de différentes bourses, la bourse performance remise à des femmes entrepreneurs, bourse JMK dédié aux ; jeunes filles étudiant en école de commerce, des prix littéraires, des prix musicale et la plus prestigieuse est le prix Amelia Earth de 10000 dollars en mémoire de cette femme aviatrice qui était zontienne qui est morte en plein vol.
Aujourd’hui 35 bourses sont remises dans le monde pour encourager les jeunes filles à poursuivre leurs études dans l’aéronautique.
Cette année la lauréate française du Prix Amelia Earthart est Narindra Ranaivomiarana, une doctorante en mécanique franco-Malgache Narindra elle souhaite intégrer la NASA.
Je conseillerai particulièrement les jeunes femmes vers les métiers de l’ingénierie informatique, de saisir l’opportunité qu’offre le digital. Dans le secteur de l’informatique, les difficultés de recrutement se font sentir depuis quelques mois. En tant que recruteur, j’ai du mal à trouver les ressources, profils qualifiés disponibles.
Car maintenant que les métiers de demain sont en train de se crée avec l’évolution des usages et habitus.
Africa24monde: Quels sont les 5 conseils que vous donneriez à des femmes qui souhaitent développer leur carrière professionnelle :
Julienne Morisseau:
Africa24monde: Quel regard posez-vous aujourd’hui sur le continent africain dans son ensemble ?
Julienne Morisseau: Mes ancêtres sont béninois et normands, j’ai donc un lien certain avec le continent africain. L’Afrique est l’avenir en tout point, un continent avec de fortes potentialités attirant de nombreux investisseurs conscients des richesses à exploiter. La clé du développement économique reste l’éducation, la formation et la professionnalisation de cette jeunesse africaine ambitieuse qui souhaite plus que tout devenir le maitre d’œuvre de son avenir.
Africa24monde: Un mot pour la fin ?
Julienne Morisseau: Je lance un appel à toutes les forces vives, femmes et hommes qui souhaitent nous rejoindre en tant que membres, ou bénévoles.
Nous avons besoin de votre aide, de vos compétences et de votre énergie pour les multiples projets que nous menons.
Ensemble nous avancerons main dans la main pour accomplir les missions du Zonta car tout seul on va vite mais c’est ensemble qu’on va loin.
Zonta | Crédit photos: Kn’T (Keep’n Touch)
Propos recueillis par Tinno Bang Mbang