Chaque année depuis 2013, elle encadre des jeunes stagiaires à la radio dans le cadre de l'émission " Sweet Vacances". Au cours de ses séances de travail avec les jeunes, Aline Fomete fait venir des professionnels non seulement du journalisme et de l’animation (domaine auxquels ces jeunes aspirent), mais aussi des coachs en théâtre, développement personnel, dans le but de les amener à croire en leurs divers potentiels. Elle répond aux questions d'Africa24Monde
Africa24Monde: Qui êtes-vous et quel est votre parcours professionnel ?
Je suis Aline Fomete. Camerounaise, journaliste en service à Canal2 / Sweet FM. J'encadre des jeunes depuis 2013, à la radio dans le cadre de l'émission "Sweet Vacances". Au cours de ces séances de travail avec les jeunes, je fais intervenir des professionnels non seulement du journalisme et de l'animation(domaine auxquels ces jeunes aspirent), mais aussi des coachs en théâtre, développement personnel, dans le but de les amener à croire en leurs divers potentiels.
Je suis auteure de deux livres. "Makwan mon bijou" de Afredit paru en 2015 et inscrit au programme scolaire camerounais, et "Dans la tourmente" de Africavenir, paru cette année.
Je suis Directrice de publication de "DREAM Magazine" un webzine, qui met en valeur les jeunes entrepreneurs du continent africain et d'ailleurs. « Dream mag », est une sorte d'esquisse de réponse aux maux que je dénonce dans mon livre intitulée « Dans la tourmente... ».
J'ai créé l'association "solidarité en action", afin que les personnes qui ont besoin d'une assistance quelconque, puissent se retrouver.
Africa24Monde: Le leadership féminin est en plein essor, on rencontre plus de femmes directrices que d'hommes dans certaines entreprises. C'est dû à quoi ce changement, on vous fait plus confiance maintenant ?
Aline Fomete: Effectivement au Cameroun et en Afrique en général, les femmes occupent désormais des postes stratégiques dans le directoire de plusieurs entreprises. L'accès à l'éducation pour tous, le changement des mentalités et de préjugés, l'ouverture au monde, les NTIC, ont fait bouger les lignes.
Une maman en congé de maternité par exemple peut travailler même à domicile; une femme mariée peut à l'extérieur être une femme de poigne et rester en privée une épouse dévouée à sa famille. Malgré tout il y a encore des efforts à faire si on veut obtenir la parité. Il faut encore plus de femmes dans la haute administration, et à l'assemblée nationale.
Récemment il y a eu le scandale de la journaliste qui a été sommée de quitter le plateau de télé par un candidat de l'opposition minoritaire, à l'élection présidentielle. Certaines personnalités sont montées au créneau pour dire que c'est une autorité religieuse, et partant qu'une femme ne devrait pas s'asseoir à ses côtés. Ce qui sous entend que le traitement aurait été différent si cela avait été un homme. Ce genre de mentalité est à bannir.
Africa24Monde: Vous êtes Journaliste de profession et en même temps écrivaine…on voit une femme à double casquette. C’est du à quoi ?
Aline Fomete: C'est un épisode triste de ma vie qui me pousse à me décider à publier enfin mon premier roman. En 2013, j'ai perdu ma fille à la naissance. J'ai sombré à ce moment dans la dépression tant et si bien que j'ai fait une tentative de suicide. Heureusement que j'étais bien entouré, car le pire n'est pas arrivé.
Dès lors je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose de bien pour honorer la mémoire de ma fille. J'ai donc dépoussiéré une œuvre enfouie dans mon tiroir. Je l'avais écrite après le décès de mon grand père en 2004. Un hommage au centenaire polygame et organisé qu'il était.
Après je pense que je fais un métier ouvert qui me prédispose à écrire. En Europe ou dans le continent américain, être journaliste et auteure c'est presque le passage obligé. Et puis ce serait du gâchis que rencontrer autant de monde, avoir autant d'expériences, et ne pas les coucher sur du papier. Aussi je ne cache pas que j'ai pour modèle Oprah, et je travaille mon contenu en tant que personnalité, pour inspirer aussi les autres.
Africa24Monde: Pouvez vous nous en dire plus de votre livre (La Tourmente)?

Aline Fomete: "Dans la tourmente" je l'ai aussi écrit à la suite d'un épisode douloureux ou j'étais en proie à des pensées noires. J'avais déjà en projet de faire une version livre de mon émission radiophonique "Coming out", mais rien n'était arrêté. Je l'ai écrit en trois jours.
J'ai rencontré tellement de personnes aux histoires aussi tristes et déprimantes les unes que les autres. Je me suis sentie plusieurs fois meurtries et irritée car je ne pouvais pas apporter des solutions sur la durée à tout le monde. Écrire cet autre livre a été pour moi en quelque sorte une thérapie.
Je ne vais jamais oublier "Fabrice" par exemple qui est entré en prison mineur et est ressorti homosexuel car il y a été initié. "Stéphanie" alias " la Monaco", qui est une prostitue, maman de trois enfants, qui a souvent eu à pratiquer la zoophilie pour nourrir ses enfants.
Des histoires vraies de ce genre il y en a une pléthore et j'ai donc choisis de raconter ces histoires telles qu'elles m'ont été raconté, avec leurs mots.
Je peint avec ce livre, la société dans laquelle nous vivons. J'espère aussi réveiller la fibre humaniste en certains pour que des situations de vie ou de mort ne soit plus laissée au hasard, pour que certains ouvrent les yeux et tendent la main à leurs voisins qui peut-être se meurent. Je suis d'ailleurs en contact avec tous les acteurs de mon livre et disposée à les présenter aux âmes de bonne volonté qui aimeraient changer leurs vies.
Africa24Monde: S'il fallait faire un choix parmi les femmes leaders de votre pays, quel serait le votre et pourquoi ?
Aline Fomete: Dans mon pays, le métier que j'exerce m'amène à rencontrer plusieurs femmes toutes aussi percutantes et entreprenantes les unes que les autres. Edith Kabang Walla est pour moi celle qui se démarque. Ancienne partisane du Social Democratic Front (SDF) où elle débute sa carrière politique, elle sera élue en 2007 première conseillère municipale dans l'arrondissement de Douala 1.
Ensuite elle démissionne et prend la présidence du Cameroon's People's Party. Elle s'est présentée à l'élection présidentielle de 2011, devenant ainsi la première femme à participer à une élection présidentielle au Cameroun. Cette année elle a choisi de ne pas se présenter, mais continue de mener son rôle d'activiste contre la mauvaise gouvernance et les injustices sociales.
Africa24Monde: Si vous étiez nommée Gouverneure de votre région, quels leviers pourrait-on activer pour contribuer au développement et quelles seraient vos trois premières décisions?
Aline Fomete: S'il advenait que je sois nommée gouverneure de ma région, je conseillerais au ministère de tutelle la création en premier d'un centre pour accueillir les jeunes filles mères démunies et leurs enfants. Je suggérerais des mécanismes afin que le centre puisse avoir des bénévoles et s'autofinancer 06 mois après sa création. Pour moi, les laisser dans la rue ou ne pas les encadrer, comme on en compte, c'est jeter leurs enfants, les hommes de notre société de demain, en pâture. C'est leur donner l'occasion de devenir des prostitues, des droguées. Et ça je le dis parce que j'en ai côtoyées.
Ma deuxième action serait d'éduquer les populations sur leurs droits et devoirs, afin de lutter contre la corruption dans les écoles, les hôpitaux, les attributions de marches.
Ma troisième décision serait d'accompagner chaque mois, au moins un jeune porteur d'un projet immédiatement rentable et qui pourra à son tour soutenir ou parrainer d'autres.
Africa24Monde: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes camerounaises qui font dans le journalisme?

Aline Fomete: Le conseil que je pourrais donner aux jeunes femmes camerounaises qui font dans le journalisme est de travailler à mettre du contenu dans la personnalité qu'elles veulent se créer.
De bien choisir leurs modèles. J'encadre et j'ai encadré plusieurs jeunes filles qui aspirent à faire ce métier, et j'avoue que je suis souvent étonnée que certaines me disent qu'elles veulent ressembler à une telle parce qu'elle est belle tout simplement.
J'aimerais aussi leur dire qu’on n’a absolument pas besoin d'accepter les faveurs d'une personne pour pouvoir se faire un nom dans ce métier. Nous exerçons un métier qui est ouvert sur le monde, sur les opportunités. Il faut apprendre à être opportuniste et à saisir à provoquer la chance.
C'est vrai qu’exercer ce métier dans notre contexte est assez difficile, mais ce n'est pas impossible de se faire une place au soleil, malgré l'essor des médias. Ce métier peut nous mener à tous les autres métiers, il suffit d'avoir de la jugeote et être focalisée sur son objectif.
Africa24Monde: Que pensez-vous des élections présidentielles d’octobre prochain au Cameroun? Avez vous un candidat préférer? Si oui le quel ?
Aline Fomete: L'élection présidentielle de cette année au Cameroun a été pour moi l'occasion de redécouvrir un candidat qui l'avait déjà été en 2011, Serge Espoir Matomba. Il a un projet de société qui prend appui sur l'éducation. Pour moi c'est l'un des rares à avoir un projet de société qui englobe tous les aspects de la vie en cité.
J'ai souvent échange avec son équipe d'experts, et je pense qu'il a su s'entourer, pour être capable de répondre avec des éléments concrets à l'appui, à toutes les questions d'économie, Santé, emploi, éducation, bonne gouvernance. Maintenant je pense que sa jeunesse et son expérience du leadership sont des atouts importants.
Par Tinno Bang Mbang