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© Le basketteur NBA Mohamed Bamba, joueur du Magic d'Orlando. SAM GREENWOOD / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
À seulement 20 ans, le pivot américain d’origine ivoirienne, Mohamed Bamba, est bien plus qu’un basketteur qui se fait une place sous le soleil de Floride avec le maillot du Magic d’Orlando, une des franchises de la NBA.
Ancien étudiant brillant, il aurait pu choisir une autre voie et vit sa carrière de joueur de manière différente, loin des clichés sur les sportifs de haut niveau. Entretien avec un athlète pas comme les autres.
Mohamed Bamba, vous vous êtes blessé il y a plusieurs semaines à la jambe (fracture de fatigue au tibia gauche). Comment se passe votre rééducation ?
Mohamed Bamba : Ça se passe très bien mais c’est assez frustrant de ne pas pouvoir jouer car mon équipe participe à la lutte pour disputer les playoffs [la phase finale du championnat qui généralement a lieu d’avril à juin, Ndlr]. Être sur le banc avec ma jambe blessée est un peu énervant. Mais je prends mon mal en patience et je bosse dur durant ma rééducation pour revenir plus fort qu’avant. C’est ma première année en NBA et je voulais essayer de jouer un grand nombre des matches de la saison, sachant que cela faisait des années que j’attendais cela. Mon corps ne m’a pas laissé tranquille ces derniers mois. Donc je dois récupérer et revenir dans la meilleure condition physique possible.
Vous avez été recruté en 6ème position par le Magic d’Orlando, l’été dernier, mais les choses ne se passent pas comme prévues pour l’instant…
(Il coupe) C’est sûr que ce n’est pas la première saison que j’avais imaginée, mais je sais aussi que de temps en temps, les choses ne se passent pas comme on les prévoit. J’ai réalisé quelques belles prestations lors des premières semaines de la saison mais il y a aussi eu des moments où je ne mettais pas un shoot et où je commettais des erreurs en défense. Mais c’est normal, je ne suis encore qu’un rookie [débutant, Ndlr] même si je suis très exigeant envers moi-même. Je suis en plein apprentissage, je dois encore beaucoup travailler et j’apprends beaucoup des hauts et des bas de cette première saison dans la meilleure ligue du monde.
Vous êtes donc né à New York de parents ivoiriens et avait grandi à Harlem…
Oui, et ce sont deux motifs de très grande fierté pour moi. Je suis africain, et très fier de mes origines ivoiriennes. J’ai aussi de la famille et des liens avec le Mali, et cet héritage africain fait partie de moi, de mon identité et de ma vie. J’ai grandi dans une maison où la culture africaine faisait partie de notre quotidien et j’essaye de garder cela dans ma nouvelle vie à Orlando. Ce n’est pas facile tous les jours car c’est une nouvelle vie pour moi d’être professionnel et de vivre assez loin de New York, mais je garde un lien fort avec mes origines. J’ai grandi à Harlem où le mélange entre les communautés afro-américaines et africaines est de plus en plus important et c’est un lieu unique à New York. Mes côtés africains et new yorkais, ensemble, font ce que je suis aujourd’hui.
Vous étiez un étudiant très brillant, passé par l’université de Texas. Vous avez même reçu des bourses d’études des plus grandes universités, comme Harvard par exemple. Pouvez-vous nous en parler ?
Mes parents m’ont toujours dit qu’étudier, apprendre et savoir étaient des éléments très importants. Il n’y pas que le corps, il y a aussi l’esprit. Je savais que je voulais devenir un joueur de basket professionnel, mais j’ai aussi toujours été attaché à mes études et j’ai toujours été curieux de savoir des choses sur tout. C’est vrai que de rares fois, je me suis dit : « Mais pourquoi ne pas faire des études supérieures et devenir médecin ou avocat ? » Mais le basket reprenait rapidement le dessus et je suis là où j’en suis aujourd’hui. C’est vrai que lorsqu'on reçoit une bourse d’Harvard, on est très content (sourire), mais je pense avoir pris la meilleure décision en allant à l’université de Texas et en arrivant en NBA. Je sais que je vais reprendre des études plus tard, sûrement après ma carrière, et peut-être que j’irais enfin à Harvard (sourire).
Pour en revenir aux parquets, il y a eu une excellente nouvelle pour le basket ivoirien : c'est la qualification de la sélection nationale pour le prochain Mondial en Chine cet été…
J’ai vu cela, et je suis super content pour le pays car se qualifier pour la Coupe du monde, c’est quelque chose d’énorme. Je vais suivre de près leurs matches durant la compétition et c’est vraiment une superbe opportunité pour le basket Ivoirien. Je suis sûr qu’ils peuvent faire de belles prestations. Cela va donner un peu plus d’attention au pays, et les joueurs vont avoir une belle opportunité de briller au niveau international. Ils vont jouer face aux meilleurs joueurs du monde et aux plus grandes sélections nationales de la planète, c’est énorme.
Pour terminer, un petit mot sur la victoire de votre ami Hamidou Diallo au concours de dunks du All Star Game ?
Un moment historique ! J’étais trop content pour lui, vraiment super heureux de voir qu’Hamidou avait fait lever les foules lors de ce concours de dunks. C’est aussi un super moment pour le basket africain car il est le premier à arriver à réaliser une telle performance. Il y en aura d’autres, j’en suis convaincu. Ce n’est pas la dernière fois qu’un joueur africain ou d’origine africaine va briller durant ce genre de concours.
Propos recueillis par Michaël Oliveira Da Costa,
Par Africa24monde Avec RFI