Récession. En Algérie le dinar plonge, l’économie avec
La Banque mondiale anticipe une baisse de la croissance en Algérie de 6,4% pour ...
© Pr Viviane Ondoua Biwolé, lors du conseil d'administration BGFIBANK Cameroun du 5 décembre 2024 à Douala. Photo: T.B.Mbang
L’objectif de la présente analyse est de dresser un état des lieux préoccupant de la situation économique de la sous-région CEMAC. Par conséquent, cela souligne l’urgence de mener des réformes structurelles appropriées. Qu’on le veuille ou non, les jours, mois et années à venir seront marqués par des turbulences, et il est crucial d’éviter la double tentation de minimiser la situation et de permettre des dérapages budgétaires susceptibles de fragiliser davantage la stabilité macroéconomique de la sous-région.
La situation macroéconomique de la CEMAC présente des signaux d’alerte préoccupants. En effet, bien que la croissance économique de la sous-région soit positive, elle demeure atone. Le niveau d’inflation est au-dessus des seuils de convergence de la CEMAC, et la CEMAC se trouve à la frontière du risque de surendettement. De plus, les réserves extérieures suivent une tendance baissière malgré le coût élevé des prix du pétrole, tandis que les dérapages budgétaires s’amplifient.
À court terme, cette cartographie assombrissant de la CEMAC compromet le décaissement des appuis budgétaires du FMI au profit du Cameroun, du Congo et de la RCA. Seul un engagement régional des plus hautes autorités de la CEMAC pourrait débloquer la situation.
Un constat de fragilité révélateur de l’échec des réformes entreprises ?
La situation des réserves dans la CEMAC est inquiétante, avec une tendance à la baisse constante. De celles-ci Les pays de la CEMAC, tels que le Cameroun, le Congo et la RCA, risquent de ne pas recevoir de soutien budgétaire du FMI sans un engagement régional fort de la part des chefs d'État. Quoi qu’il en soit, cet appui interviendra plus tard que prévu. Cette situation fait suite à l’engagement des pays de la CEMAC avec le FMI en 2017. Le faible rapatriement des recettes d'exportation des entreprises extractives, qui serait selon la BEAC de 35 %, soulève d'importantes préoccupations.
Le remboursement anticipé de l’Eurobond Gabonais à travers l’épargne domestique
Bien que cette initiative puisse soulager la pression sur la dette nationale tout en renforçant la confiance des investisseurs dans les instruments financiers du pays, il n’en demeure pas moins que le timing choisi, relatif à la baisse des réserves extérieures, suscite des préoccupations et contribue à fragiliser la position extérieure de la sous-région. En effet, cela soulève des questions critiques sur les compromis entre la réduction de la dette et l'investissement domestique, qui sont essentiels pour une croissance économique durable. Le remboursement anticipé de l’Eurobond gabonais, alors que les réserves de la sous-région sont en baisse, représente un risque important pour la stabilité économique de la CEMAC.
Le reprofilage de la dette du Congo est une démarche cruciale pour améliorer la viabilité financière du pays face à des défis économiques persistants. Bien qu'il offre la possibilité de réduire la charge de la dette et de libérer des ressources pour le développement, il comporte des risques importants qui nécessitent une gestion prudente et des négociations efficaces avec les créanciers. Cette opération présente deux risques majeurs:
La situation économique actuelle de la CEMAC présente plusieurs risques significatifs, notamment sur les finances publiques et les réserves extérieures.
La gouvernance est en débat, et notamment les décisions sur les finances publiques (qui peinent à ramener l’inflation au niveau de la norme communautaire qui est de 3%, elle est de plus de 4% actuellement) et la gouvernance des institutions de la CEMAC et leur capacité à contraindre les États à respecter les données de convergence de la zone CEMAC.
Un état des lieux préoccupant !
QUE FAIRE ?
L’actualité pourrait laisser penser à une rencontre urgente des Chefs d’États de la CEMAC, donnant lieu à des engagements visant à limiter les risques actuellement encourus au sein de la sous-région ; cela soulève la question de l’importance du respect des interdépendances entre les pays de la sous-région dans la prise de décision politique et économique.
C’est donc l’occasion pour la structure dont j’ai la charge (le programme de gestion de politique économique de l’université de Yaundé II) , préoccupée par les questions de politiques économiques des États de la CEMAC et des Grands Lacs, d’engager une conversation technique sur ce sujet. En effet, il serait illusoire de laisser cette problématique aux seules mains des politiciens et des membres du gouvernement, souvent « traqués » par les agents du FMI, de la Banque mondiale et d’autres partenaires dits « bailleurs de fonds ».
Il est urgent d’engager une réflexion qui combine à la fois préoccupations économiques, politiques, sociales, voire écologiques. Je refuse de croire que les solutions à court terme, certes importantes, suffisent à elles seules pour renverser une tendance qui peine à se redresser depuis 2017, soit déjà sept ans. Cette conviction est renforcée par les faits actuels, qui montrent que, malgré les réformes engagées (timidement pour certaines, hélas !) et une conjoncture relativement favorable sur le marché des matières premières, les résultats montrent une dégradation de la situation en zone CEMAC depuis bientôt deux ans.
Il convient d’indiquer que les laboratoires de recherche des universités, les travaux des professionnels et la prise en compte des avis divers constituent un levier dans la recherche de solutions viables et durables. La tendance à répondre aux crises structurelles par des solutions conjoncturelles est vouée à l’échec. Malheureusement, c’est ce que l’on observe depuis 2017
Le programme de formation en gestion de la politique économique (GPE) suit donc cette actualité avec intérêt et se propose d’offrir sa contribution au débat.
Africa24monde Par Pr Viviane Ondoua Biwolé, experte en question de gouvernance et Directrice du Programme de formation en Gestion de la politique économique (GPE) – Université de Yaoundé II