
L’empire Alhadji Abbo au bord de la faillite
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© Un actionnaire de Bayer arrive à la réunion annuelle des actionnaires, pendant que des militants manifestent contre le rachat du géant Monsanto par le groupe allemand. REUTERS/Wolfgang Rattay
Bayer a finalisé ce jeudi 7 juin le rachat de Monsanto, dont le nom, associé au très contesté herbicide Round up, disparaît. La fusion donne naissance à un géant de l'agrochimie qui prendra la tête d'un secteur en pleine concentration.
C'est un mariage à 63 milliards de dollars, un record. Ensemble Bayer et Monsanto dégagent 45 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont près de 20 milliards pour la seule agrochimie, souligne notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.
Bayer et Monsanto, ce sont 115 000 salariés, une gamme complète de produits allant des semences aux engrais en passant par les pesticides, et à même de dicter les règles du marché au consommateur, s'inquiètent les associations de défense de l'environnement. « Et aujourd'hui la molécule glyphosate est tombée dans le domaine public, donc les agriculteurs ont déjà une large gamme à leur choix en terme de produits de traitements contenant du glyphosate », prévient Frédéric Courleux, directeur des études à Momagri, un centre de réflection pour une agriculture responsable dans le monde.
Cette énième fusion s'inscrit dans un mouvement de concentration bien engagé dans le secteur. Trois conglomérats contrôlent désormais 60% du marché : Dow Chemical-DuPont aux Etats-Unis, Chem China en Asie et Bayer en Europe. A trois, ils fournissent la totalité des OGM et détiennent la majorité des brevets sur les plantes. « La question est de savoir si l'émergence de ces oligopoles, voire de ces monopoles ne va pas devenir une nouvelle justification à une intervention publique dans le secteur alimentaire », reprend Frédéric Courleux.
Un pas indispensable selon Bayer pour nourrir 10 milliards d'humains sur un réservoir de terres arables restreint en 2050. Une menace pour l'environnement et la biodiversité, estiment pour leur part les mouvements écologistes.
Inquiétudes des agriculteurs
Cette fusion n'est pas sans conséquence pour les agriculteurs. Première source d’inquiétude : l’accès aux semences. Le rachat de Monsanto par Bayer, c’est la prise de contrôle du tiers de ce marché. Une concentration du secteur qui fait redouter une pression sur les prix de vente aux agriculteurs, et en bout de chaîne sur les prix pour les consommateurs.
Bayer compte également miser sur la complémentarité entre ses semences et ses pesticides. Pour la Confédération paysanne, les agriculteurs, à terme, n’auront plus d'autres choix que « d'acheter les produits de ce nouveau monstre ». Les plantes sélectionnées par Bayer seront en effet dépendantes des fongicides et insecticides commercialisés par le groupe allemand, explique le syndicat de José Bové.
Qui dit concentration, dit également numérisation. L’ONG Les Amis de la Terre rappelle que Bayer et Monsanto ont investi depuis longtemps dans l’agriculture numérique. Ils détiennent d’énormes bases de données sur les semences et les produits chimiques, ce qui va resserrer encore plus l'emprise de ce nouveau groupe sur l’agriculture mondiale.
Par Africa24monde Avec RFI