Didier Drogba écarté de la course à la présidence de la FIF
Énième rebondissement dans la course à la présidence de la ...
© Kepa Arrizabalaga refusant de céder sa place lors de la finale de la Coupe de la Ligue Chelsea-Manchester City, le 24 février 2019. David Klein/Reuters
Scène hallucinante dimanche 24 février lors de la finale de la Coupe de la Ligue anglaise à Wembley perdue par Chelsea contre Manchester City (0-0, 3 tirs au but à 4). Avant la séance fatidique, Maurizio Sarri, l’entraîneur des Blues, a voulu remplacer son gardien titulaire Kepa Arrizabalaga par Willy Caballero. Mais le joueur a vertement refusé cette consigne, sous les huées du stade.
Cette saison 2018-2019 devait être celle du renouveau à Chelsea ; elle se transforme plus que jamais en long chemin de croix. Les Blues sont décrochés dans un championnat où ils enchaînent les raclées (0-4 contre Bournemouth et 0-6 contre Manchester City récemment), les recrues déçoivent énormément, la méthode de l’entraîneur Maurizio Sarri ne passe plus, Eden Hazard aurait des envies de départ… Et ce dimanche 24 février, le club londonien a vécu une fin de journée cauchemardesque.
119e minute : Sarri appelle Caballero...
D’un point de vue purement sportif, déjà, Chelsea a laissé filer un titre. En finale de la Coupe de la Ligue (Carabao Cup ou League Cup), à Wembley, le capitaine Cesar Azpilicueta et ses coéquipiers se sont inclinés face au tenant du titre Manchester City (0-0, 3 tirs au but à 4), à l’issue d’un match fermé. Et comme si ça ne suffisait pas, les Blues se sont offert un psychodrame en direct et à la vue de tous.
On arrive à la fin de la prolongation et le chronomètre indique qu’on joue la 119e minute. Dans quelques instants, l’arbitre M. Jonathan Moss va siffler la fin de la rencontre et le début de la séance de tirs au but pour déterminer le vainqueur de la Coupe de la Ligue. Mais sur le banc de Chelsea, on s’affaire, car Kepa Arrizabalaga, le gardien titulaire, a fait appel deux fois au médecin du club, se plaignant de crampes. Maurizio Sarri fait alors un choix fort : il décide d’utiliser le quatrième et dernier remplacement auquel il a droit pour faire sortir Kepa et faire entrer Willy Caballero.
L’entrée de l’Argentin peut être un atout. Avant de rejoindre Chelsea en 2017, le portier de 37 ans a joué pendant trois saisons à Manchester City (2014-2017). Le fait de connaître presque tous les Cityzens pour les avoir fréquentés peut faire la différence dans la séance de tirs au but inéluctable. De plus, dans cet exercice, Willy Caballero a déjà fait ses preuves. Lors de la finale de cette même Coupe de la Ligue, en 2016, il avait largement contribué à la victoire de son équipe Manchester City en sortant trois des quatre tirs au but de Liverpool (1-1, 3 tirs au but à 1). Mais ce dimanche, Caballero, médusé, a regardé depuis le banc le coup d’éclat controversé de son coéquipier Kepa.
La mutinerie incroyable de Kepa
Maurizio Sarri demande à Kepa Arrizabalaga de sortir du terrain… mais celui-ci refuse. L’Espagnol lève son pouce et, agitant ses grands bras, il fait signe à son coach qu’il reste sur le terrain. « No, I stay » (« Non, je reste »), répète-il. Sarri insiste, et Kepa s’agace : il répète ses signes, agite son index et hurle en direction de son banc. Le speaker de Wembley commence à annoncer le remplacement, mais rien n’y fait : Kepa reste sur le terrain.
Des huées commencent à descendre des tribunes. Au bord de la pelouse, Willy Caballero patiente et regarde son coéquipier. Maurizio Sarri est atterré et son adjoint Gianfranco Zola, légende à Chelsea, prend le relai. Tous demandent à Kepa Arrizabalaga de sortir. En vain. David Luiz, défenseur de Chelsea, et l’arbitre Jonathan Moss viennent lui parler. Le gardien martèle qu’il n'est pas question qu'il sorte. Il assure que physiquement, il peut continuer le match. Sarri entre alors dans une colère noire. Jonathan Moss vient lui parler ainsi qu’à Zola. Mais c'est inutile : Kepa a décidé de rester sur le terrain, peu importe les ordres de son entraîneur.
Sarri revient vers son banc, furieux. Il lance quelques mots à Willy Caballero, qui s’est rassis et ne semble pas comprendre ce qu’il se passe. Le coach des Blues finit par jeter son calepin de colère contre son siège… avant de quitter le banc et de rentrer au vestiaire pendant quelques instants. Il n’en ressortira que pour la séance de tirs au but. Une séance durant laquelle Kepa repousse la tentative du Cityzen Leroy Sané mais laisse passer celle de Sergio Agüero, en commettant une faute de main sur le coup…
Sarri, « très en colère », jure que ce n'était qu'un « grand malentendu »
Kepa Arrizabalaga, 24 ans, est arrivé à Chelsea l’été dernier pour remplacer le Belge Thibaut Courtois, parti au Real Madrid. Grand espoir du football espagnol, il a été arraché à l’Athletic Bilbao pour 80 millions d’euros, une somme record pour un gardien de but. Mais l’épisode de la finale de la Coupe de la Ligue risque de lui coûter cher.
En conférence de presse, Maurizio Sarri a tenté de désamorcer la crise. « C’était un gros malentendu. J’avais compris qu’il (Kepa, ndlr) avait une crampe et je ne voulais pas que le gardien dispute les tirs au but dans cette condition physique. Je n’ai compris la situation (que Kepa se sentait assez bien pour continuer, ndlr) qu’après trois ou quatre minutes, quand le docteur est revenu vers le banc. Dans le même temps, alors que je voulais Caballero sur le terrain, le gardien voulait seulement que je sache qu’il était assez en forme pour disputer les tirs au but. »
Une explication qui n’efface pas la fracture apparue à Chelsea : un joueur a délibérément refusé les ordres de son entraîneur. Et avec la crise de résultats que traverse le club, cet esclandre sonne un peu plus comme l’illustration du manque de cohésion entre Maurizio Sarri et ses troupes. « Kepa avait raison, même si la façon dont il s’est conduit était mauvaise. (…) J'étais très en colère. Je veux parler avec lui car il doit comprendre qu’avec un tel malentendu, on peut avoir des problèmes, en particulier avec vous (les médias, ndlr) », a ajouté l’ancien coach de Naples. Les prochains jours s’annoncent malgré tout houleux à Chelsea. L’accueil que réserveront les supporters des Blues à Kepa Arrizabalaga et à Maurizio Sarri est attendu.
Par Africa24monde avec RFI - Nicolas Bamba