Malgré les sondages qui le donnaient perdant, le 29 juillet au petit matin, le Conseil national électoral a annoncé que le président sortant du Venezuela Nicolas Maduro était le vainqueur de l’élection présidentielle, avec 51,2 % des voix.
Son principal adversaire, Edmundo Gonzalez (crédité de 44,2 % des voix), et la cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, ont rejeté le résultat du revers de la main. Nous avons gagné et tout le monde le sait
, a déclaré Mme Machado.
Nicolas Maduro a reçu le soutien de ses alliés habituels : les présidents de gauche de Cuba, Miguel Diaz-Canel, du Nicaragua, Daniel Ortega, de Bolivie, Luis Arce, et du Honduras, Xiomara Castro.
Comment Nicolas Maduro a réussi à se maintenir au pouvoir au Venezuela
Arrestations d'opposants, retrait du droit de vote aux Vénézuéliens vivants à l'étranger, expulsion des observateurs étrangers... De nombreuses irrégularités entourent le scrutin présidentiel de dimanche.
Que s’est-il passé?
Les autorités ont annoncé les résultats globaux un peu après minuit, mais ont affirmé qu’elles ne pouvaient donner le détail de chacun des 30 000 bureaux de vote. Elles ont promis de publier le résultat dans les prochains mois
.
Les fonctionnaires du Conseil national électoral ont affirmé que le délai était dû à une agression
contre le système de transmission des données qui avait retardé le décompte officiel. Ils ont mentionné avoir demandé au procureur général une enquête sur des actions terroristes
, sans donner plus de détails.
Lundi, M. Maduro a été officiellement proclamé président du Venezuela par le Conseil national électoral. Dans son discours de victoire, la veille, il avait dénoncé un piratage massif
des machines électorales.
Des sondages de sortie des urnes, publiés par des organisations non reconnues et dont personne n’avait jamais entendu parler, donnaient cependant la victoire à Nicolas Maduro. Ils ont été largement diffusés par le régime. M. Maduro dénonce maintenant une tentative de coup d’État
de l’opposition.
Comment s’est déroulé le vote?
L’opposition a dénoncé de nombreuses irrégularités. Au Venezuela, le vote est électronique. Les machines impriment un bulletin papier qui permet aux citoyens de vérifier que le décompte numérique, compilé par le Conseil national électoral, est correct.
De plus, à la fermeture du vote, chaque machine imprime un document avec le décompte des voix. Or, dimanche, dans certains bureaux clés, les responsables électoraux ont refusé de remettre ces décomptes aux observateurs, rapporte le New York Times.
Cependant, Maria Corina Machado a assuré que 40 % des documents auxquels la coalition d’opposition a eu accès montraient que l'opposition avait obtenu 70 % des voix.
En outre, des cas d'intimidation d'électeurs et d'autres irrégularités, telles que l’exclusion des observateurs, ont été signalés.
Cela s’ajoute à tous les obstacles mis en place ces derniers mois avant même la tenue du vote et signalés par plusieurs organismes internationaux, tels que l’arrestation d’opposants, le déni du droit de vote aux millions de Vénézuéliens vivant à l’étranger et les obstacles à l’accréditation des observateurs étrangers.
Qu’arrivera-t-il maintenant?
L’opposition a 20 jours après la proclamation des résultats pour les contester devant le Conseil national électoral. L’étape suivante est de se tourner vers les tribunaux. Or, toutes ces instances sont contrôlées par les chavistes. Le seul espoir de l'opposition réside donc dans la communauté internationale, qui n’a pas tardé à réagir.
Il est essentiel que chaque vote soit compté de manière équitable et transparente, que les responsables électoraux partagent immédiatement et sans délai l'information avec l'opposition et les observateurs indépendants et que les autorités électorales publient le décompte détaillé des votes
, a soutenu le secrétaire d'État des États-Unis, Antony Blinken.
La Maison-Blanche a annoncé lundi qu'elle attendrait la publication des résultats avant de prendre une décision, qui pourrait inclure de nouvelles sanctions.
La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a soutenu que le Canada avait des inquiétudes
concernant l'élection au Venezuela, tout en saluant le courage et la résilience de l’opposition.
Neuf pays latino-américains ont demandé une réunion du Conseil permanent de l'Organisation des États américains (OEA) et une révision complète des résultats. Le Panama, qui est l'un d'entre eux, a annoncé qu'il gelait
ses relations avec Caracas et qu'il retirerait son personnel diplomatique.
Des gouvernements de gauche ont exprimé leur préoccupation. C’est le cas de Gabriel Boric, président du Chili, qui a déclaré que le régime de Maduro devrait comprendre que les résultats qu'il a publiés sont difficiles à croire
.
Pour sa part, le gouvernement brésilien a affirmé que la souveraineté populaire [...] doit être respecté[e] au moyen de la vérification impartiale des résultats
.
Le ministre des Affaires étrangères de la Colombie, Luis Alberto Murillo, a demandé un décompte total des voix, sa vérification et un audit indépendant
, car il est important de dissiper les doutes sur les résultats
.
M. Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses autres alliés habituels, soit Cuba, le Nicaragua, le Honduras et la Bolivie.
Africa24monde Avec les informations de Agence France-Presse, BBC et EFE