
Huawei présente HarmonyOS son système d’exploitation
Le géant chinois des télécoms Huawei a présenté vendredi 9 ...
© L’Egypte, au cœur d’une profonde mutation numérique de son économie
Alors que le Kenya, le Rwanda, l’Afrique du Sud ou encore le Nigeria, dominent l’actualité africaine en termes d’investissement dans le secteur des TIC, l’Egypte, toute discrète, avance également à grands pas. Depuis 2017, le pays est devenu un pôle d’attraction de grandes compagnies technologiques qui rêvent d’expansion. Cette marque d’intérêt qui va croissante est suscitée par de nombreuses actions stratégiques entreprises par le gouvernement pour faire de la quatrième révolution industrielle une réalité.
La position stratégique du pays- au croisement de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient- a contribué à cet engouement, mais c’est surtout l’ensemble des investissements engagées par l’Egypte pour concrétiser son ambition de devenir le carrefour TIC d’Afrique qui lui valent aujourd’hui d’être courtisé par de grands noms du monde technologique telles que Apple, Google, LG Electronics, VMware International, Lenovo, Hewlett Packard Entreprise (HPE), Flextron ou encore Honeywell.
Le pays est aujourd’hui courtisé par de grands noms du monde technologique telles que Apple, Google, LG Electronics, VMware International, Lenovo, Hewlett Packard Entreprise (HPE), Flextron ou encore Honeywell.
En 2018 seulement, le gouvernement égyptien a signé plus d’une centaine d’accords d’investissement dans son secteur des TIC. Additionné aux marques d’intérêts exprimés depuis 2017, c’est en tout près de 200 accords d’investissement qu’a déjà reçu le pays.
200 accords d’investissement depuis 2017.
En somme, ce sont des milliards de dollars US que le pays a attiré et continuera d’attirer au travers d’installation de centres de formation technologique, d’usines de fabrication d’équipements et d’infrastructures TIC et télécoms, d’ouverture de bureau par de grandes entreprises, etc.
Accès aux services
Sans réseaux télécom de qualité, accessible à tous, la transformation numérique tant recherchée par l’Egypte n’aurait aucune chance de se réaliser. Conscient de ce pré-requis fondamental, le gouvernement a investi dans la modernisation du réseau en introduisant le très haut débit dans le pays dès septembre 2017. A travers la 4G, le gouvernement veut donner aux populations l’opportunité d’accéder à de nouveaux services, notamment l’e-éducation, l’e-santé, les services financiers en ligne, composantes essentielles de la gouvernance numérique.
En décembre 2018, le gouvernement a dévoilé son intention de porter le taux de pénétration du haut débit à 95% d’ici 2020. Il a été opté à cet effet le remplacement du réseau national de cuivre par de la fibre optique. En 2015, le taux de pénétration du haut débit, qui était de 43,3%, devrait être porté à près de 55% d’ici la fin de l’année 2019.
En décembre 2018, le gouvernement a dévoilé son intention de porter le taux de pénétration du haut débit à 95% d’ici 2020.
Le gouvernement est même prêt à aller encore plus loin à travers l’introduction de la 5G qui sera testée dans le pays au cours du mois de juin prochain.
Compétitivité
Pour moins dépendre des compétences étrangères, le gouvernement a considéré indispensable de former sa nouvelle génération aux futures exigences du marché de l’emploi du nouveau monde 2.0. Au niveau secondaire, plus de 708?000 tablettes éducatives ont été distribuées pour faciliter l’accès à de nouvelles connaissances.
Au niveau secondaire, plus de 708?000 tablettes éducatives ont été distribuées pour faciliter l’accès à de nouvelles connaissances.
Des laboratoires informatiques ont été crées dans les écoles, les curricula de formation ont été revus avec l’introduction des connaissances technologiques dans les enseignements. En janvier 2019, le président Abdel Fatah Al-Sissi annonçait même l’introduction des ressources d'apprentissage numériques à l’école maternelle en approuvant un investissement de 500 millions de dollars US de la Banque mondiale dont une partie y est destinée. Divers programmes tels que «Wazeefa Tech», The Next Technology Leaders (NTL), Next Coders?ont été initiés pour améliorer davantage les compétences TIC des jeunes.
40 000 jeunes formés au TIC.
Actuellement, l’Egypte se réjouit d’avoir déjà réussi à former plus de 40?000 jeunes aux TIC et ce nombre devrait croître avec les nombreux partenariats de formation engagés par le pays avec des grands groupes TIC. Le dernier en date, signé le 16 avril 2019 avec la branche internationale de?VMware, une société américaine spécialisée dans les solutions logicielles, d'informatique en nuage et de réseau, vise la formation des jeunes Egyptiens dans les domaines de l’intelligence artificielle, l’analyse de données, l’Internet des objets et autres segments numériques à fort potentiel. Avec elle, c’est la société américaine Andela, spécialisée dans le développement des capacités des développeurs logiciels en Afrique, qui avait exprimé son désir d’installer un centre de formation à vocation régionale dans la nouvelle capitale administrative.
Avant elle, IBM avait aussi exprimé sa volonté d’investir dans le pays afin d’accompagner le gouvernement dans la stimulation de l'esprit d'entreprise et le développement des compétences numériques des jeunes Egyptiens.
En investissant dans les compétences de sa jeunesse, l’Egypte a aussi voulu investir par la même occasion dans l’innovation technologique.
Innovation et entreprenariat
Dans son ambition de transformation numérique, l’Egypte a érigé l’innovation et l’entreprenariat TIC en piliers fondamentaux. De nombreux programmes à l’instar d’Innov Egypt Program, Ideation Camp, TIEC-FLL ont été lancés pour accompagner les porteurs de projets- aussi bien des étudiants que des start-up- dans la maturation de leur idées numériques. Des pôles d’innovation technologique ont été crées dans diverses universités et des parcs technologiques ont été installés dans plusieurs gouvernorats pour offrir aux jeunes un cadre adéquat pour l’expression de leur intelligence. Grâce à ce soutien, l’écosystème start-up égyptien est devenu depuis 2017 l’un des plus dynamiques d’Afrique. Dans son rapport annuel 2018 «?Decoding venture investments in Africa?», la plateforme?Wee Tracker plaçait les start-up égyptiennes à la quatrième place des destinations d’investissement sur le continent?; derrière les nigérianes, les sud-africaines et les kényanes. Les start-up égyptiennes étaient d’ailleurs à la première place dans la région Moyen-Orient.
La campagne «?Votre idée est votre entreprise?».
Cette performance devrait croître dans le futur avec les nombreux engagements pris à cet effet par le pays. En janvier 2019, la ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale, Sahar Nasr, et son collègue de la Communication et des Technologies de l’Information, Amr Talaat, ont convenu d’accroître l’attention accordée aux porteurs de projet numériques à travers l'initiative «?Fekretak Sherketak?(votre idée est votre entreprise)?» dans les pôles d'innovation technologique mis en place dans les universités. Toujours en janvier, Amr Talaat et la secrétaire d'Etat au ministère français de l'Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, ont signé un accord de renforcement de l'entrepreneuriat et de la croissance des start-up dans les domaines des TIC.
En mars, c’est la Banque centrale d’Egypte (CBE) qui annonçait son intention d’investir 1 milliard de livres égyptiennes (environ 56 millions de dollars) pour soutenir les start-up orientées dans la finance digitale ainsi que la recherche sur la ?technologie financière.
En mars, c’est la Banque centrale d’Egypte (CBE) qui annonçait son intention d’investir 1 milliard de livres égyptiennes (environ 56 millions de dollars) pour soutenir les start-up orientées dans la finance digitale ainsi que la recherche sur la ?technologie financière.
Bien que le gouvernement égyptien considère l’entreprenariat local comme de première importance pour combattre le chômage, il s’est également fait un devoir de capitaliser sur l’investissement étranger à travers des mesures incitatives.
L’investissement étranger
Rendre l’Egypte très attrayante pour les grands groupes technologiques mondiaux, le gouvernement l’a réussi en se dotant d’une nouvelle loi sur l’investissement.
Composée de 94 articles, la loi n°72 de 2017, ratifiée le 1er juin par le chef de l’Etat, comprend un éventail d’avantages et d’offres d’investissement dont l’autorisation de l’enregistrement électronique des sociétés, l’unification de l’autorité chargée de l’enregistrement avec laquelle traite l’investisseur, la présentation d’une gamme d’incitations à l’investissement dans des projets stratégiques (réductions fiscales, terrains gratuits et débouchés douaniers consacrés aux exportations du projet d’investissement). La loi octroie également à l’investisseur le droit de transférer ses bénéfices à l’étranger. D’autres avantages stipulés dans la loi permettent la création de zones franches, privées et publiques.
Pour le secteur des TIC, la loi accorde en plus aux investisseurs une exonération de taxes et droits de douane sur tous les outils, fournitures et machines requis pour mener l'activité autorisée, dans toute sorte de projets établis dans les zones technologiques.
Pour le secteur des TIC, la loi accorde en plus aux investisseurs une exonération de taxes et droits de douane sur tous les outils, fournitures et machines requis pour mener l'activité autorisée, dans toute sorte de projets établis dans les zones technologiques.
Grâce à cette loi, le nombre de nouvelles entreprise présentes sur le marché TIC égyptien est passé de 126 en août 2017 à 357 en février 2018. En février 2019, 163 nouvelles entreprises avaient rejoint le marché, selon les données du ministère des Communications et de la technologie de l’information.
L’écosystème start-up égyptien est devenu depuis 2017 l’un des plus dynamiques d’Afrique.
Au regard d’une position stratégique, d’accords d’investissement, de libre-échange et de coopération avec d’autres pays, d’une nouvelle main-d’œuvre formée et d’une législation incitative, Amr Talaat estime que l’Egypte est bien décidée à faire des TIC un outil de reconquête de sa position sur l’échiquier international, quelque peu fragilisée avec la crise politique de 2011.
Par Africa24monde Avec Agenceecofin - Muriel Edjo