L’Algérie considère les «migrants arabes» comme «un danger pour la stabilité du pays»
Hacène Kacimi, directeur en charge de la Migration au ministère algérien de ...
© Lucano a suggéré que les réfugiés restent dans le village et vivent dans les maisons abandonnées | FRANCESCO PISTILLI
Riace, un petit village dans le sud de l'Italie, était presque une ville fantôme il y a 15 ans. Les maisons étaient abandonnées et l'école était sur le point de mettre les clés sous la porte. Aujoud'hui, il est devenu un nouveau refuge pour de nombreux migrants.
Le village s'éteignait peu à peu suivant l'exode de ses résidents en quête de travail dans le nord de l'Italie et à l'étranger.
Riace a depuis vu son destin changer après avoir accueilli parfaitement intégrés à la communauté.
Cette transformation a été initiée par le maire, Domenico Lucano, qui a mis en place un programme, financé par le gouvernement italien, pour offrir aux réfugiés des appartements abandonnés et une formation professionnelle. Cette initiative a contribué à redynamiser la population et l'économie de la ville.
"Je ne fais rien de plus que ce que je crois être juste pour notre petite communauté", a indiqué Lucano, qui a lancé le programme en 1998.
"Le multiculturalisme, la diversité des compétences et des histoires personnelles que les gens ont apporté à Riace ont révolutionné ce qui était une ville fantôme en devenir".
"Il y avait des gens sans maison, et il y avait des maisons sans personne. C'est une équation simple."
Cette année, Lucano a été nommé par le magazine Fortune comme l'un des 50 plus grands dirigeants du monde.
Environ 450 migrants issus de plus de 20 pays vivent à Riace, soit environ un quart de la population totale du village.
Il y a inévitablement quelques tensions avec la population locale, mais Lucano a gagné suffisamment de respect pour assurer son troisième mandat en tant que maire.
Certains des enfants sont originaires d'Ethiopie, mais ils ont grandi à Riace et parlent couramment l'italien, en plus de l'anglais et de leur langue maternelle.
Image FRANCESCO PISTILLI | Depuis qu'elle a quitté l'Afghanistan, Tahira est apprentie couturière
"Ce que je souhaite c'est répandre un message d'humanité, d'espoir et de lutte contre le racisme dans le monde", a déclaré le maire Lucano (en bas à droite)
Image FRANCESCO PISTILLI | Le maire de Riace, Domenico Lucano, discute avec un groupe de femmes
"Les gens devraient voir comment l'accueil des migrants est possible mais aussi bénéfique pour les communautés d'accueil".
"Cette politique a donné au village un nouveau élan de vie, il n'a pas déclenché des guerres entre les pauvres, ou d'hystérie xénophobe. Elle a contribué à donner de nouvelles valeurs aux personnes impliquées."
Image FRANCESCO PISTILLI | Rawda dans un atelier de verrerie
Le financement local a permis l'ouverture d'ateliers artisanaux où des migrants comme Rawda (ci-dessus) peuvent gagner un salaire, apprendre des métiers qui se perdaient. Les souvenirs faits main sont vendus aux touristes.
"Je ne me sens pas comme un étranger ou une étrangère ici à Riace", explique Rawda, qui a voyagé de Somalie avec son mari et sa fille il y a cinq ans. "Ceci est une nouvelle vie pour notre famille. Mes filles ne pouvaient pas aller à l'école dans notre pays. Maintenant, je me sens vraiment chanceuse, je peux donner à mes enfants un nouvel avenir. Ils vont grandir pour devenir des citoyens du monde."
Image FRANCESCO PISTILLI | Franco, Aii et Mohammed
Un autre atelier est dirigé par un potier italien, Franco (ci-dessus, au centre).
"Au début, j'ai appris des techniques anciennes de potiers locaux. Maintenant, alors que j'expose mes œuvres originales à des foires internationales, je peux aussi enseigner mon savoir-faire partout dans le monde".
Image FRANCESCO PISTILLI | Osayomore et Nicole avec Luca
Mari et femme, Osayomore et Nicole (ci-dessus) disent qu'ils ont survécu à un voyage périlleux à travers la Méditerranée. Ils ont été attaqué par des groupes rebelles sur la plage alors qu'ils se préparaient à quitter la Libye. Les femmes et les enfants étaient déjà à bord tandis que les hommes ont pris des balles sur le rivage.
Grace, leur fille, est née neuf jours après l'arrivée de Nicole à Palerme, en Sicile.
"Je craignais pour ma femme. Elle était seule à bord, en état de choc et elle ne savait pas où je me trouvais", a indiqué Osayomore.
"Je suis fier de Riace et de notre maire mais je suis aussi inquiet pour l'avenir car il y a beaucoup plus d'arrivées tous les jours et leurs besoins sont grands", explique Luca, qui travaille pour Protezione Civile (l'agence de protection civile).
Il travaille de longues journées à essayer de trouver des emplois pour tout le monde.
FRANCESCO PISTILLI | Gambians Shiriffo et Eva sont Gambiens. Ils viennent de se marier. Ils ont quitté le pays pour fuir la dictature et le manque d'emplois.
Ce n'est pas facile pour tout le monde. Sheriffo (ci-dessus, à droite), un réfugié de Gambie, a été secouru par les garde-côtes italiens il y a 10 mois et a aménagé à Riace avec sa femme. Bien qu'ils se sentent bienvenus, il a du mal à trouver un emploi permanent. Pour l'heure, il vend des marchandises aux touristes sur la plage.
"Il n'y a pas de travail ici et les subventions du gouvernement ne suffisent pas pour moi et ma femme", explique Sheriffo.
"Nous avons trouvé un bon accueil, mais il y a peu d'emplois pour les habitants et pour les réfugiés."
Pour beaucoup cependant, Riace est un havre de paix.
"Je suis heureux d'être ici après un voyage long et difficile. cela a été dangereux pour moi, mais j'ai eu plus peur pour ma fille", confie Esther, 25 ans, qui a voyagé du Nigeria.
"Merci à Riace et son maire, ma fille a une chance pour un avenir meilleur ici."
Alors, qu'est-ce que Riace ? La clé, dit un expert de la migration, c'est son maire.
"[Il a] une vision à long terme de rajeunissement de sa région et a fait preuve de leadership pour aider ses nouveaux résidents pour qu'ils se sentent les bienvenus", a indiqué Manos Moschopoulos, agent de programme pour Open Society Initiative pour l'Europe.
"Le modèle de Riace offre aux migrants la possibilité de participer à une nouvelle société, sans les pressions économiques et sociales extrêmes que beaucoup rencontrent lorsqu'ils tentent de gagner suffisamment pour subvenir à leurs besoins. Les migrants sont alors en mesure de se concentrer sur l'inclusion, l'apprentissage de la langue locale, l'interaction avec les habitants et l'obtention des compétences dont ils ont besoin pour construire un avenir meilleur pour eux-mêmes ".
Toutes les photographies sont de Francesco Pistilli pour Open Society Foundations
Une note sur la terminologie: La BBC utilise le terme migrant pour se référer à toutes les personnes en déplacement qui doivent encore achever le processus légal de demande d'asile. Ce groupe comprend les personnes qui fuient les pays déchirés par la guerre comme la Syrie, qui sont susceptibles de se voir accorder le statut de réfugié, ainsi que les personnes qui sont à la recherche d'emplois et de meilleures conditions de vie, que les gouvernements sont susceptibles de définir commet des migrants économiques.
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