Corruption en Tunisie: deux proches de l'ex-président Ben Ali écroués
Un mandat de dépôt de cinq jours renouvelable a été émis à ...
© Des Tunisiens célèbrent les sept ans de la fin de la dictature Ben Ali, à Tunis, le 14 janvier 2018. (Photo d'illustration) © REUTERS/Zoubeir Souissi
En Tunisie, le deuxième procès instruit par l’instance Vérité et Dignité (IVD) s’est ouvert, vendredi 29 juin, à la Cour d’appel de Nabeul. L’IVD est chargée de révéler les crimes de la dictature et de permettre aux victimes d’obtenir justice. Le premier procès s’était ouvert, fin mai, à Gabès, dans le sud, avec le cas de la disparition forcée de Kamel Matmati, un militant islamiste. Cette fois, il s’agit de l’affaire Rachid Chammakhi, islamiste lui aussi, mort sous la torture en 1991 dans un poste de la garde nationale. Trente-trois personnes parmi lesquelles des membres des forces de l’ordre mais aussi le président déchu Ben Ali ainsi que plusieurs de ses ministres sont aujourd’hui accusées dans cette affaire.
Les descriptions sont insoutenables. La présidente énumère, devant une salle d’audience pleine à craquer, les sévices subis par Rachid Chammakhi durant ses trois jours de détention, des sévices que ses tortionnaires ont tenté, sans succès, de dissimuler avec du maquillage avant de rendre le corps à la famille.
Pas de pardon
Aujourd’hui, 27 ans après les faits, son frère Kassem Chammakhi ne pardonne pas : « Quand je suis allé à l’instance Vérité et Dignité, ils m’ont dit : on s’occupe de la reddition des comptes et de la réconciliation. Je leur ai dit : pour moi, c’est la reddition des comptes et la reddition des comptes seulement », a-t-il tenu à souligner.
Comme pour l’affaire Kamel Matmati, à Gabès, aucun des 33 prévenus n’était présent à l’audience. Il faut dire que ces procès se heurtent à une très forte résistance de la part d’une partie du corps sécuritaire. Il y a quelques jours, un syndicat de police a même publié un communiqué accusant l’IVD de participer à une campagne de dénigrement contre l’institution sécuritaire. Des propos qui inquiètent Camille Henry de l’Organisation mondiale contre la torture.
« Très forte résistance à la lutte contre l’impunité »
« Ils encouragent leurs collègues à ne pas se présenter aux audiences dans lesquelles ils pourraient être cités comme accusés. Cela prouve donc qu’il y a encore une très forte résistance à la lutte contre l’impunité et c’est quelque chose qu’on doit absolument dénoncer », insiste Camille Henry.
La séance a finalement été levée au bout de quatre heures environ après les témoignages des membres de la famille de Rachid Chammakhi. La prochaine audience doit avoir lieu le 21 septembre avec l’espoir que, cette fois-ci, les accusés soient présents.
Par Africa24monde Avec RFI