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© Sénégal 2050, vision stratégique, portée par le Président Bassirou Diomaye Faye
Le Sénégal dévoile un plan de développement ambitieux qui vise à réduire la dépendance à la dette extérieure, à tripler le revenu par habitant et à assurer une croissance économique durable. Voici ce qu'il faut savoir : Le Sénégal a dévoilé lundi un plan de développement ambitieux avec le lancement de « Sénégal 2050 : Agenda national de transformation ». Cette vision stratégique, portée par le président Bassirou Diomaye Faye, vise à réduire la dépendance à la dette extérieure, à tripler le revenu par habitant à 4 500 dollars et à assurer une croissance économique durable. Ce plan est une étape décisive vers un avenir plus souverain, inclusif et compétitif pour la nation.
Six mois après son accession au pouvoir, le duo Diomaye Faye et Sonko, qui a présenté sa vision sur le long terme, va devoir vite se retrousser les manches tant les attentes des Sénégalais sont immenses.
La cérémonie qui s'est tenue au Centre international de conférences Abdou Diouf a marqué un moment important dans la refonte de la trajectoire de développement du Sénégal. Sénégal2050 met l'accent sur le renforcement de la gouvernance, le développement régional durable, la valorisation du capital humain et la création d'une économie compétitive et créatrice d'emplois. L'objectif est de remédier à la dépendance économique, d'améliorer la compétitivité et de favoriser une nation « souveraine, juste et prospère ».
Six mois après son arrivée à la tête de l'État sénégalais, le gouvernement a présenté ce lundi 14 octobre au Centre international de conférence Abdou-Diouf, à Diamniadio, son document de politique nationale de développement, baptisé « Sénégal 2050 : agenda national de transformation ». Un plan qui se veut ambitieux pour les vingt-cinq prochaines années et qui promet une rupture avec la dépendance à l'étranger, le surendettement et le sous-développement du pays. Pour réussir la transformation systémique que le nouveau pouvoir appelle de ses vœux, l'ambition est de tripler le revenu par habitant de 50 % en cinq ans, atteindre une croissance annuelle entre 6 et 7 %, réduire la pauvreté, et assurer la souveraineté alimentaire, énergétique, culturelle ou encore financière du pays. Un vaste programme annoncé à un mois des élections législatives anticipées du 17 novembre que le nouveau pouvoir voudrait remporter pour se donner les moyens d'agir. Jusqu'en septembre, le duo Diomaye Faye et Sonko était confronté à une majorité parlementaire hostile, issue des élections de 2022. Entre-temps, le président a dissous l'Assemblée nationale.
Il n'y a pas de mystère. La présentation du nouveau programme de transformation de l'économie sénégalaise s'inscrit dans la volonté de rupture défendue par les deux hommes au sein du parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef). « C'est l'aboutissement d'un long combat depuis dix ans contre la mauvaise gouvernance », a déclaré Ousmane Sonko, affirmant que le programme « Sénégal 2050 » était la déclinaison du Projet, le programme du Pastef pour un « Sénégal souverain, juste et prospère ».
Fini, donc, le Plan Sénégal Emergent de l'ancien président Macky Sall, place au plan « Sénégal 2050 ». Une vision qui se veut à long terme en opposition aux programmes « fast-track » de l'ancien régime, dénoncés par Ousmane Sonko, qui a également fustigé la corruption responsable des mauvaises recettes publiques et d'un modèle économique peu performant.
Fin septembre, le pouvoir a en effet déclaré après audits des comptes publics que le déficit budgétaire et la dette publique étaient bien plus importants que ceux annoncés avec un déficit budgétaire de 10,4 % du PIB au lieu de 5,5 % annoncé, et une dette publique de 76,3 % du PIB, au lieu de 65,9 % annoncé. Conséquence pour le pays, non seulement le Fonds monétaire international prédit une croissance ralentie, malgré le début de l'exploitation du pétrole et du gaz, mais début octobre l'agence de notation Moody's a abaissé la note du Sénégal et a classé le pays sous surveillance. Sans omettre la donne de l'émigration, puisque les Sénégalais continuent à partir par centaines à bord de pirogues à destination de l'Europe, au péril de leur vie.
« Cet agenda de transformation ne se limite pas à des mesures économiques. Il s'agit d'un projet collectif, au-delà des clivages politiques, qui appelle l'engagement de chacun d'entre nous », a dit Bassirou Diomaye Faye – arrivé au pouvoir dix jours après sa sortie de prison et après trois années de tensions politiques et sociales –, parlant de « pacte social » et appelant « chaque Sénégalais à s'approprier cette vision et à apporter sa pierre à l'édifice pour bâtir ce futur ambitieux ». Le coût de l'investissement pour cinq ans (2025-2029) s'élève à 18 496 milliards de francs CFA (28 196 milliards d'euros), dont 62 % devraient être financés par le public.
La refonte de la gouvernance comme priorité
Feuille de route pour les vingt-cinq prochaines années, cette vision s'exprime d'abord en un plan quinquennal (2025-2029), le gouvernement rappelant que « le chemin est long et que tout n'est pas à mettre en œuvre tout de suite », préférant miser sur trois étapes : celle du redressement, avec la mobilisation également temps des réformes ; celle de l'impulsion, pour mettre en place les leviers d'action ; et enfin celle de l'accélération, pour développer les points stratégiques. Le plan devrait s'enrichir des préoccupations citoyennes afin de dresser un plan décennal jusqu'en 2035 permettant d'aboutir in fine à la réalisation du projet Sénégal 2050.
Faisant le parallèle avec le baobab, symbole du Sénégal, le gouvernement a fait de la bonne gouvernance et l'engagement panafricain les racines de ce nouveau programme. La refonte des institutions publiques, le renforcement de l'État de droit sont parmi les chantiers cruciaux pour une gestion publique transparente et éthique, qui pourrait servir de modèle de gouvernance en Afrique.
Une nouvelle carte des territoires pour un développement endogène
Représentants le tronc de ce « baobab de la rupture », l'aménagement et le développement durable du territoire prévoient une réorganisation conséquente du territoire national à travers la construction d'infrastructures dans tout le pays pour créer huit grands pôles territoriaux, pour permettre un développement plus équilibré. De nouveaux pôles d'attractivité capitaliseront sur les ressources disponibles dans chaque région : tourisme, hydrocarbures, agriculture… une exploitation des richesses locales qui viserait à stopper la forte dépendance du pays vis-à-vis de l'extérieur en permettant une souveraineté dans divers secteurs : énergétique (objectif accès universel à l'eau potable et électricité en 2050), alimentaire, industriel, culturel, ou encore en matière de défense et sécurité. Cette nouvelle carte économique mettrait ainsi fin au centralisme de la région de Dakar qui concentre 46 % du PIB national alors que son espace représente seulement 0,3 % du territoire national. Les régions délaissées malgré leurs atouts, comme celles de l'Est (Kédougou, Tambacounda et Matam), seraient ainsi redynamisées. À l'horizon 2050, le poids de la région dakaroise ne devrait pas dépasser les 29 % du PIB, tandis que celui de l'Est devrait grimper à 20 % (contre 9,5 % actuellement). Conscient de l'importance du changement climatique, la gestion durable de l'environnement est également inscrite comme priorité du plan « Sénégal 2050 ».
Vers un nouveau modèle économique ?
Piliers de ce plan, le nouveau pouvoir mise sur le capital humain et la justice sociale à travers un investissement important dans l'éducation, la formation mais aussi le développement de la santé avec, comme visée, l'équité sociale à travers la lutte contre les inégalités de tous types : pauvreté (taux de 37,5 %), accès à la santé et services publics, de genre… Près de deux Sénégalais sur cinq vivent en dessous du seuil de pauvreté, dont près d'un sur deux en milieu rural. Avec une projection en 2050 de presque 39 millions de Sénégalais, si aucune mesure ni réforme n'a lieu, la hausse démographique ferait culminer le nombre de travailleurs informels à 4 millions, tandis que les chômeurs seraient 2,7 millions d'ici à 2050. Le nouveau pouvoir veut tirer profit de cette ressource considérable mais sous-exploitée pour permettre un meilleur cadre de vie (en triplant le revenu par habitant, le faisant passer de 1 500 dollars à 4 500 dollars) et le développement du pays, le faisant passer dans la catégorie des pays à revenus intermédiaires, tranche supérieure.
Pointant un modèle économique peu productif et peu compétitif, important l'essentiel des produits dont il a besoin, ce qui creuse le déficit de sa balance commerciale (déficit supérieur à 4 000 milliards de francs CFA en 2023) et le rend dépendant à la conjoncture mondiale mais aussi à l'aide extérieure (diaspora comme aide étatique), le Premier ministre souhaite le développement d'une économie compétitive et diversifiée. Celle-ci doit s'appuyer sur les industries extractives (hydrocarbures notamment), manufacturières (pharmacie ou textile), agroalimentaires, services à valeur ajoutée (numérique ou tourisme) et celles culturelles et créatives (arts). Autant de filières qui doivent être créatrices d'emplois, soutenues par l'État et le secteur privé, qui soutiendront en retour la croissance économique à long terme. Dans cette dynamique, l'ambition de la Vision Sénégal 2050 prévoit une croissance annuelle entre 6 et 7 %, ce qui vaudrait alors au pays d'être un pôle économique, technologique et culturel de première importance sur le continent.
Africa24monde et lepoint