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© Paul Biya, à la tête du Cameroun depuis 42 ans, est souvent absent de son pays, ce qui lui vaut le titre de "président absent".
L’absence du président camerounais est presque dans toutes les conversations, aussi bien dans les débats télévisés que sur les réseaux sociaux, avec une question en boucle : "Où est Paul Biya ?"
Le dirigeant de 91 ans a quitté le pays le 2 septembre dernier, pour prendre part au Forum de coopération Chine-Afrique (Focac) organisé du 04 au 06 septembre 2024.
Le No 1 camerounais est hors du pays depuis plus d’un mois, le gouvernement, le cabinet civil et le RDPC son parti, tentent de rassurer face à la montée de l'inquiétude.
C’est depuis ces dates qu’il n’a plus fait d’apparition publique. Annoncé à la 79 ème Assemblée générale des Nations Unies, puis au sommet de la francophonie, le dirigeant camerounais ne s’est pas présenté à ces rendez-vous qu’il manque pourtant difficilement.
Cette absence sans justificatif a fait prospérer une série de rumeurs, sans jamais donner lieu à une réponse ni du gouvernement, ni du parti au pouvoir.
Il a également manqué la finale de la Coupe du Cameroun, qui marque la fin de la saison sportive dans le pays, disputée il y a une dizaine de jours.
Mais, ce 8 octobre, un média en ligne émettant à l’étranger a annoncé le décès du président camerounais. Ce qui a provoqué une sortie presque simultanées de deux responsables du RDPC, le parti de Paul Biya.
Jacques Fame Ndongo, le secrétaire à la communication et membre du bureau politique du parti, déclare sur sa page Facebook : « Il s’agit d’une nouvelle dénuée de tout fondement. Ce stratagème fantasmagorique ne doit pas ébranler la maturité politique, la lucidité et le patriotisme des Camerounais et des amis de notre cher et beau pays ».
Au même moment, réagissait aussi le secrétaire général adjoint du parti, Grégoire Owona, qui lui en appelle à la justice. « Ceux qui tentent par divers moyens de tromper l’opinion en annonçant le décès du Chef de l’Etat camerounais doivent payer le prix fort suite à un si grossier mensonge », écrit ce responsable, par ailleurs ministre du travail dans l’actuel gouvernement.
« Puisqu’ils n’ont plus aucune conscience humaine, les institutions appropriées doivent sévir face à ces imposteurs d’où qu’ils viennent et quel que soit le lieu d’où ils émettent. Nous sommes en démocratie, mais la méchanceté et la haine ont une limite ! » Poursuit-il.
"Paul Biya se porte bien"
Dans un communiqué rendu public mardi soir, le ministre de la communication a réagi au nom du gouvernement. Réné Emmanuel Sadi a déclaré que "le Chef de l'Etat se porte bien et rejoindra le Cameroun dans les prochains jours"
Le ministre explique "qu'au lendemain du Sommet Chine- Afrique auquel il a pris une part active, le chef de l'Etat s'est accordé un bref séjour privé en Europe. Pour autant, il demeure, comme de coutume, et où qu'il se trouve, attentif à l'évolution de la vie nationale''.
Invitant les camerounais et les partenaires du pays à ne pas se laisser distraire par "des manoeuvres de désinformation".
En début de soirée, le cabinet civil de la présidence de la République qui gère les affaires privées du Chef de l'Etat, a égalament réagi dans un communiqué, affirmant vouloir rassurer les camerounais sur "l'exellent état de santé du Chef de l'Etat''.
Biya accède au pouvoir à une période où son prédécesseur a réussi à pacifier le pays au lendemain des troubles dites du maquis. Une période qui correspond à l’affrontement qui opposait le nouvel Etat du Cameroun aux combattants de l’Union des Populations du Cameroun (UPC).
L'UPC dont l'un des leaders les plus charismatiques est Ruben Um Nyobé, est un parti créé en 1948 pour obtenir l'indépendance du Cameroun. L'Union des Populations du Cameroun est entré dans la clandestinité parce qu'elle a été interdite en 1955 par le pouvoir colonial. Le parti a continué à s'opposer au régime du président Ahidjo qu'il soupçonnait d'être acquis à la France que l'UPC combattait.
M. Biya fait partie des cinq chefs d’Etat africains qui ont dépassé le seuil des 40 années au pouvoir. Il est le deuxième chef d’Etat vivant qui a passé le plus de temps à la tête de son pays, juste derrière le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema.
Ayant accédé au fauteuil présidentiel à la suite de la démission de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, Paul Biya règne sans discontinuer à la tête du Cameroun depuis 1982.
Avant d’accéder au pouvoir, l’appareil d’Etat n’était pas un système qui lui était étranger. En effet, Paul Biya occupe plusieurs portefeuilles sous le président Ahidjo. Il est d'abord chargé de mission, secrétaire général adjoint et secrétaire général, directeur du cabinet civil avant d’être nommé Premier ministre par Ahmadou Ahidjo. Il succède à ce dernier qui a démissionné pour des raisons de santé.
« Il a fait toutes les étapes dans une structure présidentielle, ce qui lui a permis de maîtriser les dossiers qui aboutissent à la présidence, mais aussi de maîtriser l’appareil de l'État, »
Cette maîtrise de l’appareil d’Etat lui permet, de se présenter comme « celui qui pouvait garantir la paix face aux tumultes. » Dans l'histoire du Cameroun, des événements traumatisants ont conduit les Camerounais à considérer que ce qui était le plus précieux, c'était la paix. Et monsieur Biya leur a vendu l'image d'un homme de paix.
Africa24monde avec Regard Sur l'Afrique