RDC: Le président Félix Tshisekedi confirme vouloir changer la Constitution
Dans un communiqué rendu public ce dimanche 27 octobre 2024, le Front Commun pour le Congo ( ...
© Lucas Cho Ayaba est en garde à vue en Norvège
En début de semaine, la police norvégienne a confirmé l'arrestation d'un homme soupçonné d'incitation à la commission de crimes contre l'humanité au Cameroun. Lucas Cho Ayaba, un dirigeant séparatiste terroriste camerounais. Son arrestation pourrait constituer un pas en avant vers la justice pour les victimes de crimes graves dans les régions anglophones du Cameroun.
Lucas Cho Ayaba est le chef du Conseil de gouvernement d'Ambazonie (Ambazonia Governing Council), un important groupe séparatiste impliqué dans le conflit en cours dans la région anglophone du Cameroun. Lucas Cho Ayaba coordonné
ela branche armée de ce groupe, les Ambazonia Defence Forces (ADF), à distance depuis la Norvège.
L'objectif du Conseil de gouvernement d'Ambazonie est de créer un État indépendant pour la minorité anglophone du Cameroun. Pour atteindre cet objectif, le groupe a puni tous ceux qu'il considérait comme collaborant avec le gouvernement. Il a pris pour cible des civils, kidnappé des travailleurs humanitaires et tué des opposants présumés, tout en recourant à l'intimidation et à la violence pour empêcher les enfants et leurs enseignants d'aller à l'école.
Connu pour son franc-parler et son intransigeance, il a fait l'objet de critiques après que des combattants de l'ADF ont récemment pris pour cible des chauffeurs de taxi dans la région du nord-ouest, leur ordonnant de changer la couleur de leurs véhicules du jaune au blanc et bleu - les couleurs du drapeau de l'État sécessionniste d'Ambazonie qui est en projet. Certains de ceux qui ont refusé ont vu leur véhicule brûlé.
Le conseil de gouvernement de l'Ambazonie de Cho a imposé une "taxe de libération" qui oblige les personnes vivant dans les régions anglophones rétives à payer une certaine somme d'argent pour financer le conflit contre le gouvernement.
Lucas Ayaba Cho, né le 25 août 1972 dans la région du Nord-Ouest, est un militant et leader séparatiste terroriste camerounais. Il est le secrétaire général de la Ligue des jeunes du Cameroun méridional (LJCM) de 1995 à 2013, et depuis 2013, il est le leader du Conseil de gouvernement de l'Ambazonie (AGovC), un mouvement séparatiste des régions anglophones du Cameroun, qui possède une branche armée, les Forces de défense de l'Ambazonie (FDA).
Son radicalisme anti-institutionnel n'est pas apparu avec l'éclatement de la crise anglophone en 2016. C'est un trait de caractère qui remonte aux années 1990, lorsqu'il a été expulsé de l'université de Buea pour avoir participé à des manifestations contre une augmentation des frais de scolarité.
Cho n'est pas le premier dirigeant séparatiste terroriste à être arrêté à l'étranger dans le cadre des violences commises au Cameroun.
Depuis le début du conflit, le gouvernement camerounais a exhorté les pays étrangers accueillant des dirigeants séparatistes à faciliter leur rapatriement dans leur pays d'origine afin qu'ils soient jugés pour leur rôle dans les violences actuelles.
En mars 2022, Lucas Ayaba Cho se présente sur son compte Twitter, comme étant le cerveau de l'attentat d’Ekondo-Titi, qui fait sept morts, dont le sous-préfet et le maire de la commune de cette région du Sud-Ouest.
Le 24 septembre 2024, il est arrêté en Norvège sur la base de « charges fondées sur ses diverses expressions sur les réseaux sociaux ». Il pourrait être extradé de Norvège vers le Cameroun et risquerait jusqu'à 30 ans de prison s'il était reconnu coupable
En 2018, Julius Sisiku Ayuk Tabe, le chef du mouvement séparatiste terroriste anglophone, et 46 autres personnes ont été arrêtés au Nigéria, puis extradés vers le Cameroun.
Emmanuel Nsahlai, un avocat représentant certaines victimes de la crise anglophone au Cameroun, a salué l'arrestation de M. Cho comme une "victoire significative" contre la violence séparatiste au Cameroun.
"Cette arrestation marque une étape cruciale pour le tenir responsable de ses actes et rendre justice aux victimes de sa violence", a déclaré M. Nsahlai.
Ce jeudi, Ayaba Cho a été placé en détention provisoire pour quatre semaines. Morten Engesbak, son avocat norvégien, a affirmé que l'homme nie toute culpabilité pénale. Il plaide non coupable et estime que l'accusation repose sur une mauvaise compréhension de la situation au Cameroun et de son rôle.
La procureure norvégienne a indiqué que l'enquête n'en était encore qu'à ses débuts, mais étant donné que Lucas Cho Ayaba est accusé d'avoir incité à commettre ces crimes depuis la Norvège, la procureure pourrait disposer d'un certain nombre de motifs pour poursuivre l'affaire. C'est la première fois que les autorités judiciaires norvégiennes inculpent un individu pour incitation à commettre des crimes contre l'humanité.
Crimes: Qui, au juste, a demandé l’arrestation en Norvège du séparatiste Lucas Cho Ayaba ?
Jean-Marc Soboth
L’arrestation à Oslo, mardi dernier, du séparatiste ambazonien Lucas Cho Ayaba n’a pas défrayé la chronique en Norvège. Le public norvégien n’en sait, jusqu’à présent, que très peu.
Manifestement, la police criminelle norvégienne Kripos et le ministère des Affaires étrangères disposeraient, eux aussi, de trop peu d’informations sur les faits de crimes contre l’humanité et crimes de guerre reprochés au séparatiste ambazonien, d’après ce que m’en a dit aujourd’hui au téléphone le journaliste Michel Biem, résident norvégien.
C’est normal. Le ressort de compétence de Kripos se limite au territoire norvégien. Les policiers norvégiens ne s’impliquent, juridiquement, dans les crimes internationaux que dans le cadre de la coopération internationale contre le crime organisé lorsque les suspects résident sur le territoire norvégien.
En ce qui concerne Cho Ayaba, citoyen allemand, il ne faut pas situer — contrairement à des élucubrations de médias camerounais —, l’action de ladite coopération entre Yaoundé et Oslo. Le Cameroun n’a pas d’ambassade en Norvège. Yaoundé n’y entretient, par conséquent, aucune diplomatie directe.
Ce pays est, peu ou prou, couvert dans le cadre de la circonscription de l’ambassadeur en Allemagne, le commissaire de police Victor Ndocki — celui qui, on s’en souvient, fut, une décennie durant, le secrétaire général de la DGSN à Yaoundé.
D’où vient donc l’ordre d’arrêter Cho Ayaba à Oslo ?
L’annonce qu’aurait faite à ce sujet la police norvégienne est introuvable. Les médias norvégiens qui en font état n’existent quasiment pas.
La primeur de l’annonce de l’arrestation de Cho Ayaba appartient à l’Agence France-Presse (AFP) — tiens tiens ! Les plus grands journaux français — à l’instar du Monde — en ont fait les plus grands titres.
Le Monde
Ceci nous ramène en… France.
La ville française de Lyon en Rhône-Alpes abrite le siège de l’Organisation internationale de la police criminelle, Interpol. Cette organisation est le seul interlocuteur des polices criminelles nationales comme Kripos pour les faits de crimes de guerres et crimes contre l’humanité pour tous les pays dotés, à l’instar du Cameroun, d’un bureau national de l’Interpol.
On comprend ici, aisément, le circuit juridique de cette arrestation pour laquelle les Norvégiens eux-mêmes disent attendre des éléments de preuves des crimes allégués.
Disons-le plus clairement : le Cameroun de M. Paul Biya avait, il y a quelques années, saisi Interpol d’une liste de commanditaires de la lutte armée séparatiste — qu’il avait lui-même provoquée pour décourager le débat constitutionnel du retour à l’État fédéral.
C’est Interpol à Lyon — sous la houlette de son SG allemand, le criminologue Jurgen Stock, et son président, le général et commissaire de police émirati Ahmed Naser Al-Raisi —, qui a demandé à Oslo d’arrêter Cho Ayaba. Mais avant, il a fallu une action diplomatique forte auparavant.
Toutes ces organisations internationales procèdent d’abord, rappelons-le, du rapport de force politique international du moment.
Les Africains doivent le savoir : c’est le domaine du soft Power.
L’Élysée a très probablement obtenu au plan politique que cela se fasse aujourd’hui. Et pour cause.
Paris multiplie ces derniers temps, dans un contexte progressivement prorusse, des cadeaux politiques au chef d’État camerounais, M. Paul Biya.
Le « meilleur élève de François Mitterrand », d’ores et déjà adoubé pour rempiler en 2025 à 92 ans sonnés, est considéré comme l’un des seuls derniers fidèles à une France honnie en « pré carré » et bruyamment chassée du Sahel.
Africa24monde et Jean-Marc Soboth