Ousmane Sonko au Mali : « Beaucoup d’erreurs ont été commises par les chefs d’Etat de la CEDEAO… »
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© Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo (à gauche) s'est entretenu avec le premier ministre du Soudan Abdalla Hamdok (à droite ) en visite à Khartoum mardi 25 août 2020, ).Photo: AFP
Le Soudan a douché mardi les espoirs des Israéliens et des Américains d’une reconnaissance rapide d’Israël, en écartant une éventuelle normalisation avec l’État hébreu avant la fin de la transition politique en 2022, lors d’une visite à Khartoum du secrétaire d’État Mike Pompeo. Après le Soudan, M. Pompeo est arrivé à Bahreïn, une monarchie qui entretient des contacts avec Israël depuis les années 1990, et qui a été le premier pays du Golfe à saluer l’accord de normalisation annoncé le 13 août entre les Émirats arabes unis et l’État hébreu.
Le Soudan a écarté toute normalisation avec le régime sioniste en disant que cette question ne serait traitée qu’après la fin de transition à Khartoum prévue en 2022. Mardi 25 août, le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok a douché les espoirs d’une normalisation rapide des relations entre le Soudan et le régime sioniste, en déclarant que cette affaire ne serait tranchée qu’après la période de transition à Khartoum, qui doit s’achever d’ici deux ans.
« La phase de transition au Soudan est dirigée par une large coalition avec un agenda spécifique visant à achever le processus de transition et à instaurer la paix et la stabilité dans le pays, jusqu'aux élections libres en 2022. Le gouvernement de transition n'a pas de mandat au-delà de ces missions pour décider de la normalisation avec Israël », a déclaré Abdallah Hamdok, cité par le porte-parole du gouvernement.
La déclaration a tout pour décevoir le secrétaire d’État américain Mike Pompeo qui avait publié peu avant sur Twitter une photo de son plan de vol avec la phrase : « Heureux d’annoncer que nous sommes le PREMIER vol NON-STOP d’Israël vers le Soudan. »
Pompeo qui s’était vainement rendu au Soudan dans le but de convaincre les autorités du pays de normaliser avec Israël dans le sillage des Émirats arabes unis, en est parti les mains vides, et l'échec n'en est plus retentissant quand on sait le soutien tous azimuts que reçoit la junte au pouvoir de la part des Émirats et de l'Arabie. Mais pourquoi cet échec? Outre l'antisionisme très prononcé des Soudanais, fervents défenseurs de la cause palestinienne, ces derniers n'ont pas oublié les frappes sionistes contre leurs pays qui amène l'État hébreu à mener plusieurs frappes aériennes au Soudan en 2009 et 2012 pour détruire des convois destinés à la bande de Gaza ou encore l'amputation du Sud et la création par crise de Darfour parfaitement inventée et la création dans la foulée du Soudan-sud.
De toute évidence, le « non » soudanais à l’axe israélo-américain signifie que la cause palestinienne est tellement importante aux yeux des pays musulmans qu’elle ne peut être négociée, sous les recommandations golfo-occidentales.
L'importance du « non » du Soudan à Pompeo se fait sentir avec plus d'acuité quand on se souvient de la concession que Pompeo était prêt à faire : le retrait de Khartoum de la liste noire en échange de la normalisation. La réponse de Hamdok a été catégorique: « M. Pompeo, ne liez pas la question du retrait du Soudan de la liste noire US à celle de la normalisation avec Israël ! »
Ce « non historique » intervient alors que le secrétaire d’État US était heureux et sûr qu’il obtiendrait l’avis favorable de Khartoum en raison de l’influence de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis au Soudan. Abou Dhabi risque de rester bien seul dans les semaines à venir surtout que l'entité sioniste commence à revenir une à une sur des clauses incluses dans l'accord de normalisation, Israël ayant très clairement réclamé son attachement à ce qu'aucun Arabe, aussi sioniste qu'il soit, ne dépasse jamais en rien l'entité sioniste...
Après un entretien en février en Ouganda avec le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil souverain au Soudan, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait évoqué « une coopération qui normalisera les relations » bilatérales. Mais le Soudan avait ensuite nié que cette question ait été abordée.
Mardi, la coalition des partis et de la société civile, qui avait dirigé la contestation anti-Béchir, a elle aussi jugé que le gouvernement actuel n’avait « pas de mandat » sur la question de la normalisation, en soulignant « le droit des Palestiniens à leur terre et à une vie libre et digne ».
Les Palestiniens ont eux dénoncé l’accord Israël/Émirats et tentent de mobiliser des puissances étrangères pour y faire obstacle. L’Égypte a été le premier pays arabe à conclure un traité de paix avec Israël, en 1979, suivie par la Jordanie en 1994.
Le Soudan et Israël n’ont jamais entretenu de relations diplomatiques. Ils sont même techniquement en guerre et, durant les 30 ans de pouvoir d’Omar el-Béchir, le Soudan a accueilli des islamistes radicaux, dont le chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden. C’est pour punir le Soudan de ses mauvaises fréquentations que les États-Unis lui ont imposé des sanctions et l’ont placé sur leur liste des pays soutenant le terrorisme dans les années 1990.
Depuis le départ de M. Béchir sous la pression de la rue en 2019, les nouvelles autorités de transition en place cherchent à retirer le Soudan de la liste noire américaine pour relancer leur économie en crise, les sanctions américaines bloquant tout investissement au Soudan.
Africa24monde avec Regard Sur l'Afrique