
Le Kenya ordonne la fermeture de camps abritant près d'un demi-million de réfugiés, dont le plus grand du monde à Dadaab
Nairobi a demandé le 24 mars à l'agence onusienne en charge des ...
© Dans un camp de déplacés oromos à Adama, en Ethiopie, le 4 octobre 2017 (photo d'illustration). © Paul Schemm / AFP
Quelque 10 000 réfugiés éthiopiens sont toujours au Kenya. Il y a trois semaines, suite à des exactions de l'armée contre des membres de la communauté Oromo, plusieurs milliers de personnes ont passé la frontière dans la région de Moyalé, dans le nord du Kenya. Mercredi 28 mars, Addis-Abeba a nommé un nouveau Premier ministre, Abiy Ahmed, lui-même membre de la communauté Oromo. Réaction des réfugiés du camp de Sololo, près de Moyalé.
Guyo Djarso a fui au Kenya il y a deux semaines avec femme et enfants. Il se dit surpris par la nomination d'un Oromo à la tête du gouvernement. Pour autant, ce n'est pas ça qui le fera rentrer : « J'ai vu des gens se faire tuer. Je me suis dit que ce serait bientôt mon tour. Donc j'ai pris mes enfants et j'ai fui. Je ne sais pas ce qui va se passer avec ce Premier ministre. Il a été choisi parce qu'il est Oromo, mais je ne sais pas s'il aura assez de pouvoir pour nous protéger. Si les choses changent, si on nous accorde nos droits, je pourrai rentrer. Mais pas maintenant. J'attends de voir si la situation s'améliore. »
Borgolo Bargole Gonaya a 16ans. Il vit dans le camp avec sa mère et 8 frères et sœurs. Il dit avoir fait 6 mois de prison parce qu'on l'accusait d'être un opposant. Il est très sceptique quant à cette nomination. « L'Ethiopie a plusieurs grands groupes, dit-il. Mais les Tigréens dominent tout. Tant qu'ils sont au pouvoir, le Premier ministre ne pourra pas nous aider. »
Il n'empêche, le choix d'Abiy Ahmed pour diriger le prochain gouvernement a apporté un certain soulagement dans le camp. Henok Ochalla, coordinateur au HCR, n'exclut pas un reflux prochain : « Les réfugiés sont contents. Certains peuvent se sentir suffisamment en sécurité pour envisager de rentrer chez eux. Des retours spontanés sont possibles, car la frontière est poreuse. Maintenant nous n'avons pas encore de gens ayant signé une demande de retour volontaire. »
La situation est pour l'instant stable. Aucun nouveau réfugié n'est arrivé au Kenya depuis deux jours. Les Ethiopiens oromos sont clairement dans l'attente.
Par Africa24monde Avec RFI