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© Le général Abdourahamane Tchiani.
La junte au pouvoir à Niamey a révoqué la nationalité de neuf personnes qu'elle accuse de terrorisme, de trahison et de trouble à l'ordre public. Les personnes concernées sont des ressortissants nigériens.
Dans une déclaration lue à la télévision publique, le chef de la junte, le général Abdourahmane Tchiani, a signé jeudi un décret privant ces personnes de la nationalité nigérienne pour leur implication présumée dans des actes visant à porter atteinte à la sécurité nationale, y compris la collusion avec des puissances étrangères.
« Les personnes sont soupçonnées d'activités susceptibles de troubler la paix et la sécurité publiques, d'intelligence avec une puissance étrangère, en vue de l'inciter à engager des hostilités contre l'État », peut-on lire dans le communiqué.
On ne sait pas encore exactement où les personnes concernées sont basées, mais elles semblent être les premières victimes d'une base de données sur le terrorisme créée par la junte en août.
L'ordonnance n° 2024-43, signée par le général Abdourahamane Tiani en août, établit : « un fichier de traitement automatisé de données contenant des données personnelles de personnes, de groupes de personnes ou d'entités impliquées dans des actes de terrorisme ».
Parmi les neuf personnes concernées par cette déchéance de nationalité, Rhissa ag Boula, ancien ministre d'Etat dans le régime de Mohamed Bazoum.
Qui est Rhissa Ag Boula ?
Rhissa Ag Boula s'est révélé aux Nigériens au début des années 90 lorsqu'il s'est présenté à la tête d'une rébellion touareg qu'il a dirigée de 1991 à 1995. À la faveur d'un accord de paix signé avec le gouvernement en avril 1995, son mouvement, la Coordination de la résistance armée (CRA), vole en éclats.
En décembre 1997, Ag Boula est nommé ministre du Tourisme et de l'Artisanat par le président Ibrahim Bare Mainassara. Il occupe ce poste jusqu'en février 2004 où il est arrêté et emprisonné pour la mort d'Adam Amangué, un responsable du parti au pouvoir.
Libéré en 2005, il se réfugie en France où il cordonne les activités de l'opposition, à la tête de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS-Amana). Trois ans plus tard, Ag Boula est condamné à mort par contumace pour l'assassinat d'Adam Amangué.
La même année, il crée le Front des forces de restauration (FFR) un mouvement rébelle qui rejette un accord de paix signé entre le gouvernement et les groupes rébelles. Rhissa Ag Boubla dit vouloir "poursuivre la lutte politique et armée jusqu'à ce que l'ordre démocratique et la justice soient rétablis".
Retour dans le gouvernement
De retour au Niger en décembre 2009, il est arrêté trois mois plus tard pour son implication présumée dans la rébellion de 2007 à 2009. En décembre 2010, les charges qui pesaient contre lui sont été abandonnées par la Cour criminelle de Niamey et il est lavé de tout soupçon.
En janvier 2011, Ag Boula est élu conseiller régional d'Agadez avant d'être nommé en septembre de la même année, conseiller du président de la République, Mahamadou Issoufou.
Ag Boula sera nommé en avril 2016 ministre d'Etat par le président Mahamadou Issoufou. Il occupera ce poste jusqu'à la fin du second et dernier mandat du président Issoufou. Le 7 avril 2021, il est reconduit au même poste à la faveur de la nomination du premier gouvernement du président élu, Mohamed Bazoum.
Rétablir Bazoum au pouvoir
En août 2023, Rhissa Ag Boula annoncé l la création d'un mouvement de résistance dont l'objectif est de rétablir le président déchu, Mohamed Bazoum.
Dans un communiqué largement relayé sur les réseaux sociaux, Ag Boula indique que son mouvement dénommé Conseil de la résistance pour la République, "s'emploiera à rétablir l'ordre, la légalité constitutionnelle et le président Bazoum Mohamed dans la plénitude de ses fonctions".
Le chef du nouveau mouvement rebelle a appelé l'armée à arrêter "sans délai" le chef de la junte qui a renversé le président Bazoum, le général Abdourahmane Tchiani.
Dans un entretien exclusif accordé à BBC Newshour, l’ ancien ministre du tourisme a ajouté qu'il avait le soutien de la majorité de la population. "Nous avons la majorité de la population, la majorité des Nigériens croient en la démocratie, ils croient aux valeurs de la démocratie et de la république et ils veulent un retour à l'ordre pacifique".
Il a insisté sur le fait qu'"il n'y a qu'un seul gouvernement légitime et nous, en tant que groupe de la société civile, nous soutenons ce gouvernement et nous voulons qu'il soit rétabli au pouvoir ; nous voulons que la communauté internationale nous aide à le faire. Nous demandons à la CEDEAO d'assumer la responsabilité de la sécurité au niveau régional. Il y a eu cette contagion de coups d'État et cela doit cesser".
Rhissa Ag Boula a conclu en déclarant que la CEDEAO devrait intervenir au Niger : "Si la CEDEAO veut vraiment défendre la démocratie, elle devrait intervenir".
Une base de données controversée
L'ordonnance n° 2024-43, signée par le général Abdourahamane Tiani en août, établit : « un fichier de traitement automatisé de données contenant des données personnelles de personnes, de groupes de personnes ou d'entités impliquées dans des actes de terrorisme ».
Le mois dernier, Human Rights Watch a déclaré que la base de données portait atteinte aux droits fondamentaux consacrés par le droit national et international. « L'ordonnance définit des critères trop larges pour l'inclusion dans la base de données, prive les personnes inscrites d'une procédure régulière et d'un mécanisme de recours adéquat, et met en péril la protection des données personnelles et d'autres droits à la vie privée », a déclaré le groupe de défense des droits de l'homme dans une réaction.
Entre-temps, le pouvoir en place continue de détenir le président déchu Bazoum et son épouse en résidence surveillée.
Africa24monde avec BBCAfrique