
Le Cameroun renforce sa coopération avec la Russie par un accord militaire
Le ministre chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo, a effectué une ...
© Le colonel Assimi Goïta, président de la transition Malienne
L'heure est au rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie", a déclaré dans un discours à la nation le colonel Assimi Goïta, intronisé président "de la transition" à la suite d'un second en mai 2021.
La demande de révision des accords militaires franco-maliens est à l’examen, se contente de dire Paris. Mais la rupture du pouvoir militaire malien avec l’ancien colonisateur est consommée, Paris est le bouc émissaire de l’impasse politique.
Le divorce n’est pas acté, mais c’est un pas de plus dans la crise qui oppose le pouvoir militaire malien à la France – mais pas seulement, puisque le Mali est également opposé à ses principaux voisins africains.
Paris a confirmé hier avoir reçu une demande de révision des accords militaires qui régissent la présence des forces françaises au Mali. Cette demande est en cours d’examen, a indiqué le Quai d’Orsay. Pas plus de commentaire, c’est bref.
«l'annulation des accords militaires avec la France est la seule chose qui peut redonner au Mali souveraineté face à l'impérialisme occidentale.(...) Nous ne pouvons pas tolérer que des militaires français Barhkane interdisent notre armée et autorités de rentrer et survoler les localités sur notre propre territoire ». A dit le Premier ministre malien Choguel Maïga
Mais la révision des accords n’est que l’aboutissement d’une dégradation des relations franco-maliennes qui semble difficile à réparer à ce stade. Car la crise est à la fois liée à la nature du pouvoir malien, à ses alliances internationales, aux difficultés de la lutte contre les djihadistes, et, plus complexe encore, à l’héritage colonial français.
Comme l’a expliqué sur TV5-Monde la politologue Niagale Bagayoko, « Il y a un substrat de ressentiment anticolonial qui a toujours été là, mais qui n’avait pas empêché que la France soit accueillie à bras ouvert lorsqu’elle est intervenue en 2013 ».
Cela peut-il conduire au départ de la France du Mali ? Les autorités françaises n’y ont pas cru pendant longtemps, mais c’est aujourd’hui une réelle possibilité, ce qui serait un échec aux lourdes conséquences.
A la veille de Noël, il était encore question d’un voyage d’Emmanuel Macron pour rencontrer le leader de la junte, le colonel Assimi Goïta. C’était une mauvaise lecture de la situation, car le point de rupture avait déjà été atteint.
Il a été franchi, de fait, en mai dernier, lors du deuxième coup d’état au Mali en quelques mois, celui qui a porté le colonel Goïta au pouvoir. La France, comme les pays africains, a exigé que la junte maintienne le calendrier du retour à la vie civile, avec des élections en février 2022. Les dirigeants militaires n’en ont fait qu’à leur tête et ont annoncé une transition de cinq ans.
Puis il a été confirmé lorsque les rumeurs de la venue des mercenaires russes de Wagner sont apparues : Paris a mis en garde que c’était une ligne rouge. Les Russes sont désormais présents au Mali, et les avertissements français sont restés sans effet ; la crise est désormais assumée.
Après neuf ans d’intervention française, c’est en effet un échec politique plus que militaire ; même si c’est la montée de l’insécurité qui a abouti à la crise actuelle, entamant la crédibilité française.
Vendredi, à l’appel de la junte, la population est massivement descendue dans la rue pour protester contre les sanctions des pays voisins contre le Mali, et de nombreux slogans demandaient le départ de la France. Le colonel Goïta, tel un nouveau Lumumba, est devenu le héros d’un ‘anti-impérialisme’ dont la France fait les frais.
Que va-t-il se passer ? La junte peut toujours faire les concessions nécessaires pour renouer avec ses voisins et lever les sanctions qui vont durement l’affecter. Mais ce sera plus compliqué avec la France, devenu le bouc émissaire idéal d’une impasse politique.
Quoi qu’il en soit, après l’Afghanistan l’été dernier, les événements du Mali sonnent le glas des interventions militaires occidentales de ce type. Il est temps d’en tirer toutes les conclusions.
Africa24monde avec franceinter par Pierre Haski