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© Le président catalan Pere Aragonès et les membres de son gouvernement
Le Citizen Lab de Toronto a pu prouver qu’au moins 51 personnes liées au mouvement indépendantiste catalan ont vu leur téléphone infecté par le puissant logiciel de la société NSO. Plusieurs membres de l’entourage proche du leader indépendantiste Carles Puigdemont, qui vit en Belgique depuis l’échec de la tentative de proclamation d’indépendance en 2017, figurent ainsi parmi les cibles de Pegasus. Un chiffre très certainement sous-estimé.
Le président catalan Pere Aragonès a donné ce mardi une conférence de presse pour réagir à l’affaire d’espionnage dont sont victimes les responsables indépendantistes catalans.
« Nous sommes face à une authentique opération d’État, et face à cette atteinte flagrante à la démocratie et à cette violation de la vie privée, il est nécessaire que chaque démocrate se rebelle et exige un maximum de transparence ». Ainsi a réagi le président catalan Pere Aragonès après les révélations d’espionnage de personnalités liées au mouvement indépendantiste catalan. Le laboratoire Citizen Lab de l’université de Toronto a publié hier une longue enquête selon laquelle plus d’une cinquantaine d’indépendantistes ont été espionnés via leurs portables à partir de 2019.
L’Espagne est un « État anti-démocratique; un État démocratique n’écoute pas les conversations privées de ses adversaires » a accusé Aragonès, rappelant que seuls les gouvernements ont accès à Pegasus, le système israélien d’espionnage de téléphones mobiles.
On savait déjà que plusieurs figures du mouvement indépendantiste catalan, dont l’ancien porte-parole du gouvernement régional, avaient vu leurs téléphones infectés en 2019 par le logiciel espion Pegasus. Une vaste enquête du laboratoire Citizen Lab de l’université de Toronto, spécialisé dans la détection des logiciels de surveillance, révèle cependant, lundi 18 avril, que ce sont, en fait, plusieurs dizaines de personnes, liées directement ou indirectement au mouvement séparatiste catalan, qui ont été espionnées.
Parmi les victimes identifiées figurent notamment trois eurodéputés catalans (Antoni Comin, Diana Riba et Jordi Solé), mais aussi des avocats, ou des membres du Parlement et du gouvernement régional. Des élus ou candidats d’au moins cinq partis politiques ont été identifiés : Junts per Catalunya (indépendantiste, centre), Esquerra republicana de Catalunya (indépendantiste, gauche), Candidatura d’unitat popular (indépendantiste, gauche radicale), Partit democrata europeu català (indépendantiste, centre), Partit nacionalista de Catalunya (indépendantiste, centre droit).
Certains cercles indépendantistes ont directement accusé le Premier ministre Pedro Sanchez d’avoir ordonné l’opération d’espionnage. Pere Aragonès est plus prudent et a annoncé que son » gouvernement de la Generalitat irait jusqu’au bout pour identifier les responsables de cet espionnage. Les actions nécessaires seront menées devant les Mossos d’Esquadra afin qu’ils puissent enquêter sur cette affaire ».
L’enquête a permis de confirmer qu’au moins 63 personnes différentes ont été ciblées par le puissant logiciel espion israélien, et une analyse des téléphones a permis de confirmer l’infection dans 51 cas. Les traces d’une infection par Pegasus sont plus facilement détectables sur les téléphones Apple que sur les téléphones Android.
Qui a ordonné ces mises sous surveillance particulièrement intrusives, utilisant un logiciel capable d’aspirer tout le contenu d’un téléphone ? Le Citizen Lab n’est « pas en mesure d’attribuer avec certitude la responsabilité de ces piratages à un gouvernement précis, mais un ensemble de preuves indirectes pointe dans la direction d’une ou plusieurs entités au sein du gouvernement espagnol ». Les personnes touchées présentaient toutes « un intérêt évident pour le gouvernement espagnol » et ont été visées à des moments qui correspondent à des événements intéressant spécifiquement les autorités.
Par ailleurs, les responsables de ces piratages ont utilisé de faux SMS particulièrement bien conçus pour piéger leurs cibles. Pegasus peut, dans certaines circonstances, infecter des téléphones sans qu’aucune action ne soit nécessaire de la part de l’utilisateur, mais le plus souvent, l’envoi d’un message piégé est nécessaire pour infecter les téléphones Android. Certains exemples collectés par le Citizen Lab étaient particulièrement bien faits, et utilisaient des informations personnelles, comme le numéro d’identification national de la victime, aisément accessibles à un service de renseignement.
Puigdemont porte plainte
Par ailleurs, le président a annoncé porter plainte à titre personnel. Aragonès, au côté des anciens présidents Artur Mas, Carles Puigdemont et Quim Torra, fait partie de la liste des personnes dont les dispositifs téléphoniques ont été piratés et espionnés.
Dans l’après-midi, l’ancien président Carles Puigdemont a annoncé le dépôt d’une plainte en Espagne, France, Suisse, Belgique, Allemagne et Luxembourg, pays où vivent ou ont vécu les indépendantistes victimes de l’espionnage.
Pere Aragonès a terminé son discours en affirmant la nécessité d’obtenir l’indépendance de la Catalogne et affirme rompre toute relation avec le gouvernement espagnol jusqu’à nouvel ordre.
« En Espagne, environ 80 % des utilisateurs de smartphones ont un Android, et cela se reflète chez les individus que nous avons contactés, note le Citizen Lab. Etant donné que nos outils de détection de Pegasus sont plus aboutis pour les terminaux iOS [Apple], nous pensons que notre rapport sous-estime largement le nombre de personnes qui ont été ciblées et infectées par Pegasus. »
Africa24monde avec Regard Sur l'Afrique