L'ONU appelle le nouveau Conseil de transition libyen à former rapidement un gouvernement inclusif
Après dix années d’instabilité et de conflit, la Libye s’achemine ...
© René Jacques N’Gouo Woungly-Massaga, le vétéran de l’Union des populations du Cameroun (UPC)
Woungly Massaga alias "Commandant Kissamba" l’un des derniers combattants révolutionnaires camerounais, a rendu l’âme ce 17 octobre 2020 à Yaoundé.
Il était très souffrant depuis environ un an et demi ! Ce samedi, René Jacques Woungly Massaga a rendu les armes ! Le ‘‘Commandant Kissamba’’ est décédé en matinée de ce 17 Octobre 2020 dans une clinique de la capitale camerounaise. Originaire de la localité de Lolodorf au Sud du Cameroun, Woungly Massaga est né le 26 janvier 1936 à Yaoundé.
«Nous allons garder son corps à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé», a dit à Cameroon-Info.Net son neveu, Thierry Marcel Massaga, joint au téléphone.
Titulaire d’un doctorat en mathématiques obtenu à l’université de Sorbonne en 1960, ce panafricaniste était l’un des derniers survivants de la lutte armée pour l’indépendance totale du Cameroun.
Il avait d’ailleurs été chef de la branche armée du parti nationaliste, l’UPC. Ce qui lui avait valu le surnom de «Commandant Kissamba». Avec sa mort, c’est une page de l’histoire du Cameroun qui se tourne.
On se rappelle qu'en 2014, le vétéran du parti historique avait donc rendu hommage à Ernest Ouandié, fusillé le 15 janvier 1971 à Bafoussam. Son compagnon de lutte pour l’indépendance du Cameroun. Il avait associé à Ernest Ouandié d’autres monuments de la lutte d’indépendance comme Patrice Lumumba de la République démocratique du Congo, assassiné et inhumé dans les bois dans son pays avec la complicité de Mobutu Sese Seko. Aussi un vibrant hommage à Nelson Mandela, la figure emblématique de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.
Dans une déclaration signée à Douala le 23 octobre 2018, Ngouo Woungly-Massaga et Anicet Ekane analysaient la crise post-électorale. Dans ladite déclaration, l’ancien upéciste âgé aujourd’hui de 84 ans et le fondateur du Manidem constate que le processus électoral de l’élection présidentielle du 07 Octobre 2018 est arrivé à son terme même si des à l’issue d’un contentieux électoral, riche en contestations plus ou moins légitimes, le Conseil Constitutionnel a proclamé Paul Biya, Président de la République. Les deux férus de l’Upc constatent que le tribalisme qui bat de l’aile actuellement au Cameroun était prévisible mais invitaient les Camerounais à un sursaut patriotique.
« L’élection présidentielle de 2018 avait donné l’occasion de vérifier que la situation globale a produit sur la société kamerunaise, des comportements et tendances qui segmentent la société, non pas en classes sociales conscientes de leur rôle et ambition politiques, mais en groupes ethno-tribaux à tendance chauvine », peut-on lire. Plus fondamentalement, Ngouo Woungly Massaga et Anicet Ekane estiment que les vraies questions ont été éludées. Ce sont, entre autres, les questions en rapport avec le néocolonialisme, panafricanisme, la monnaie indépendante, justice sociale, d’unité et de souveraineté et surtout la crise anglophone qui menace et stresse l’ensemble du pays. « L’on n’a pas parlé de lier la situation kamerunaise à celle des autres pays d’Afrique, pour mieux la comprendre et la changer. L’on n’a pas parlé de l’extraversion d’une économie et d’une société, qui ressemblent plus à une scène de pillage et d’abrutissement, etc. D’après eux, l’on a vu plutôt, les clivages inter-communautaires prendre toute la place dans le débat », écrivent-ils. La réalité du pays a été ignorée et largement mise à l’écart.
Biographie
Après des études primaires à Eséka et à Lolodorf, des études secondaires au Collège de Die (Drôme), au Lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, des études supérieures à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand, Woungly-Massaga s’inscrit à la Sorbonne en 1960 pour présenter une thèse de doctorat en Mathématiques.
Il est président de l’Union nationale des étudiants du Kamerun (UNEK) quand il fait l’objet d’un arrêté d’expulsion pris par le premier ministre Michel Debré, à la suite d’une manifestation d’étudiants africains sur les Champs-Élysées après l’assassinat de Patrice Lumumba1. Il s’évade de l’ambassade du Ghana à Paris, encerclée par la gendarmerie, avec ses collègues Michel Ndoh et Joseph Etoundi, déguisés en prêtres, jusqu’à Bonn puis Accra. Arrivé au Ghana, il devient secrétaire administratif de l’UPC, principal collaborateur d’Ernest Ouandié qu’il accompagnera aux frontières du Nigeria et du Cameroun, puis secrétaire administratif de la Conférence des Peuples africains (où il remplace Frantz Fanon), travaillant avec le Ghanéen Kodjo Adison, et le ministre résident de Guinée au Ghana, secrétaire général de la Conférence. Il remplace Ernest Ouandié au comité directeur de cette conférence où siégeait également Ossendé Afana, au titre du secrétariat afro-asiatique du Caire où il représentait l’UPC.
De 1962 à 1965, il est conseiller à la présidence de la République du Ghana auprès de Kwame Nkrumah, collaborateur confidentiel de la direction du parti Action Group du Nigérien Samuel Goomsu Ikoku et collaborateur secret des syndicats nigérians (Gogo Chu Nzeribe (en)) ; collaborateur de Agostinho Neto, président du MPLA (Angola) ; collaborateur confidentiel du groupe d’Ibrahim Abacha pour la lutte armée au Tchad ; collaborateur des conseillers du président Massamba-Débat, (notamment Antoine Maboungou Mbimba) et des syndicats du Congo (Bantou) ; collaborateur des groupes de Léonard Mitudidi et Thomas Mukwidi pour la lutte armée au Congo-Lumumba.
De 1965 à 1969, collaborateur au Cabinda de Hoji-ya-Henda (en), fondateur des Fapla (Forces armées de libération de l’Angola (en)) sous le nom de Commandant Gama ; commandant en chef du IIème Front de l’Armée de libération nationale du Kamerun (ALNK) (Combats de la Lélé, Combats de Ndongmen dima, de Djoum.. »).
Après la mort d’Osendé Afana en mars 1966, il devient le principal dirigeant de l’UPC. Il tente alors de la réorganiser militairement en implantant un camp d’entrainement en Angola, dans une région contrôlée par les combattants du MPLA. Les militants upécistes bénéficient de l’aide d’instructeurs cubains, qui leur offrent aussi un meilleur équipement. La troupe commandée par Massaga prend le nom de « colonne Ruben Um Nyobè », traverse le Congo, et pénètre au Cameroun à la fin de l’année 1967. Elle est cependant repérée par les services de renseignement d’Ahidjo et doit essuyer en décembre la contre-offensive de son armée. La majorité des combattants parviennent finalement à rejoindre le Congo mais le gouvernement de Marien Ngouabi refuse de leur permettre de poursuivre leur combat. Woungly-Massaga s’envole alors pour Cuba.
En 1970, il entre en clandestinité au Sénégal. En 1972, il lance le courant du Manidem et la formation des cadres pour la reconstruction de l’UPC. En 1974, il crée le Manidem, puis l’ARPA (Alliance Révolutionnaire des Peuples Africains) dont un des dirigeants sera assassiné aux côtés de Thomas Sankara. De 1982 à 1990, il est secrétaire général de l’UPC (il sera le dernier Secrétaire Général de l’UPC clandestine et unie). En 1991, il crée le PSP/UPC (Parti de la solidarité du Peuple). En 1994, il réintègre le PSP/UPC dans l’UPC pour lancer le travail d’organisation d’un congrès unitaire du parti. En 1996, il est élu secrétaire national aux Affaires politiques de l’UPC au Congrès unitaire du 13 septembre. L’UPC a sombré de nouveau dans la division en 1998 avec quatre branches (UPC/Ntumazah,), (UPC/Kodock pro-gouvernementale), (UPC Hogbe, en concurrence avec Kodock pour un Ministère) et UPC/Manidem continuée aujourd’hui par Moukoko et Mack-Kit).
En 2003, nouvelle tentative de Congrès unitaire lancée par Kissamba qui échoue. De 2008 à 2010, il consacre deux études aux grands défis du continent africain que sont l’intégrisme islamique et les réseaux ésotériques.
Africa24monde avec Regard Sur l'Afrique