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© Ahmadou Ahidjo et Paul Biya
Les débuts de règne du président camerounais ont été ébranlés par un putsch râté, le 6 avril 1984. Mais, c'est aussi ce qui a permis à Paul Biya de consolider son pouvoir depuis trente huit ans.
Depuis la fin des luttes pour l’indépendance, le Cameroun est perçu à l’extérieur comme un pays relativement stable. Mais on oublie trop souvent qu’il a connu d’autres heures troubles, notamment dans la première moitié des années 80. Deux ans après l’arrivée de Paul Biya au pouvoir, un coup d’Etat militaire fait vaciller le nouveau régime. Le pays plonge dans une dérive sécuritaire et les rivalités ethniques s’exacerbent entre le Nord, musulman pour une très grande partie, et le Sud, majoritairement chrétien. On n’est pas au bord de la sécession, mais les deux parties se regardent en chiens de faïence pendant les dix années qui suivent la tentative de coup d’Etat du 6 avril 1984.
Mais que s’est-il réellement passé?
Dans la nuit du 5 au 6 avril 1984, Yaoundé, la capitale du Cameroun, est brusquement réveillée par des coups de feu, avec des balles qui viennent se perdre jusque dans les domiciles de certains habitants. Les télécommunications sont coupées, et, la radio nationale diffuse en continu de la musique militaire, jusqu’à ce qu’un message, lu de façon saccadée, annonce la prise de pouvoir par le mouvement «J’ose!», en raison du «délabrement du pays et la situation pathétique de la gestion de l’Etat du Cameroun». La voix qui s’exprime ainsi au petit matin du 6 avril 1984, sur les ondes de Radio-Cameroun à l’époque, porte en réalité la parole d’un groupe d’officiers factieux de la Garde républicaine qui ont décidé de renverser le régime. Le couvre-feu est instauré et les frontières fermées.
Seulement, comme l’a décrit Henri Bandolo dans La flamme et la fumée, des soldats loyalistes, conduits par le général Pierre Semengué, organisent la résistance. En une journée, ils retournent la situation et Paul Biya peut s’exprimer à la nation, le 7 avril au soir, en tant que président de la République du Cameroun. Le putsch fait pschitt et les mutins prennent la poudre d’escampette. Mais, la journée est sanglante. Une centaine de morts sur le carreau. Et personne ne se doute encore que ce n’est qu’un début.
Immédiatement après la tentative de coup d’Etat, les soupçons se portent sur Ahmadou Ahidjo, le premier président du Cameroun, qui a démissionné deux ans plus tôt et que certains, accusent à ce moment-là, de vouloir revenir aux affaires. On soupçonne les militaires originaires du nord du pays, dont est issu Ahmadou Ahidjo. Dans son discours à la nation, lendemain de la tentative de putsch, Paul Biya, en fin stratège, relativise:
«La responsabilité du coup d’Etat manqué est celle d’une minorité d’ambitieux assoiffés de pouvoir et non celle de telle ou telle province, encore moins celle des Camerounais de telle ou telle religion.»
L’on peut penser que c’était une façon d'embrasser l’ennemi pour mieux l’étouffer. De fait, une véritable chasse aux sorcières commence alors dans le pays.
En novembre 1982, le président Ahmadou Ahidjo, un musulman du Nord du pays, quitte ses fonctions pour des raisons de santé. Son successeur, Paul Biya, est un sudiste bilingue et chrétien qui a occupé plusieurs postes importants auprès du président avant de devenir premier ministre en 1975. Successeur constitutionnel, Biya accède à la présidence après la démission d'Ahidjo, le 4 novembre 1982. Le nouveau président manifeste rapidement l'intention de gouverner seul. Pendant un congé en France, Ahidjo est forcé de quitter la direction de l'Union nationale camerounaise en septembre 1983. Biya consolide ensuite son pouvoir en renvoyant son premier ministre et des membres du cabinet proches d'Ahidjo. Candidat unique à la présidentielle de 1984, il fait amender la Constitution pour abolir le poste de premier ministre. La rivalité entre Ahidjo et Biya s'accentue en février 1984 alors que ce dernier fait condamner Ahidjo à mort, avant de le gracier.
Le 6 avril 1984, le président Biya décide de dissoudre sa garde, une unité d'élite de 1500 hommes composée largement de musulmans du Nord, et d'intégrer ses membres à différentes unités de l'armée. Puis, Biya renvoie des militaires nordistes hauts placés.
Ce geste provoque le soulèvement de 700 membres de la garde présidentielle le 7 avril. Des membres de la garde présidentielle camerounaise se soulèvent contre le président Paul Biya afin de ramener au pouvoir l'ex-président, Ahmadou Ahidjo. La révolte, qui fait des centaines de morts, est écrasée par l'armée après trois jours de combats.
L'état d'urgence est proclamé pour six mois à Yaoundé et ses environs. Des supporteurs d'Ahidjo, qui appuient ce coup, contrôlent une station de radio, un dépôt de munition et l'aéroport sans résistance. Mais Biya leur échappe en s'appuyant sur les éléments loyaux de l'armée. Après trois jours de durs combats, la révolte est écrasée. Le gouvernement dit qu'elle a fait 71 morts, mais des observateurs étrangers évaluent plutôt ce nombre à 500. D'autres dissidents seront jugés et exécutés.
La liste des condamnés à mort exécutés à Mfou, à Mbalmayo, à Yaoundé et celles des personnes admises en prison
Quelques rares noms ayant bénéficié de la clémence du président BIYA qui jusqu’à ce jour demeurent ses collaborateurs
1- NIAT MARCEL NJIFENJI, actuellement président de Senat
2- ISSA TCHIROMA BAKARY, actuellement ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle
3- MARAFA HAMIDOU YAYA, enlevé au poteau dexécution à Mbalmayo. Il est actuellement en prison pour une nouvelle affaire liée aux détournements, faits qu'il nie.
Condamnés à mort, exécuté à Mbalmayo en mai 1984
2 ABALI IBRAHIM Capitaine…
3 ABOU KATIL Sergent Suicidé
4 ABOUBAKARI LIMANGANA Maréchal des logis chef 1er mai 1984, Mbalmayo
5 ALIOUM HAMAL Adjudant-chef
6 AMADOU ALADJI DJATAO Maréchal des logis chef
7 AMADOU AMINOU Lieutenant
8 AMADOU SADOU Capitaine
9 AWALABASSI Capitaine
10 BOUBAOUMAROU Capitaine
11 DAMA WASSOU Lieutenant
12 DJIDDA DJIBRIL Capitaine
13 DONGUE Etienne Maréchal des logis chef
14 DOURANDI Mathieu Lieutenant
15 HAMADOU HAMAHOULDÉ Maréchal des logis chef
16 HAMZA Paul Lieutenant
17 HAROUNA Lieutenant
18 ILOU OUSMAN Adjudant
19 ISSA ADOUM Dg Fonader
20 KOMANDA René Maréchal des logis chef
21 MALIKI Lieutenant
22 MARKISSAN SAIDOU Sergent
23 MEIKLANDI MEY Maréchal des logis chef
24 NGOMNA Lieutenant
25 NLOHOU ADAMOU Maréchal des logis chef
26 OUMAROU YORONGUÉ Lieutenant
27 OUSMANOU NGAINIL Maréchal des logis
28 SALE IBRAHIM Colonel
29 SALI OUMAROU Adjudant
30 SAMBO Etienne Maréchal des logis
31 SEHOU TOURÉ Adjudant
32 SOULEY GOURNOI Lieutenant
33 YAYA ADOUM Sous-lieutenant
34 YAYA MAZOU Capitaine
35 ZEBOBE Elie Lieutenant
Condamnés à mort et exécutés à Mfou les 15 et 16 mai 1984
1 BANAMO Gendarme 15 mai 1984, Mfou
2 DALIL MOYAL Adjudant-chef 15 mai 1984, Mfou
3 DANLADI MAITOURARI Maréchal des logis chef 16 mai 1984, Mfou
4 DANMO Blaise Maréchal des logis chef 15 mai 1984, Mfou
5 DJIBRILLA BOUSSA ADJI Gendarme 15 mai 1984, Mfou
6 KASKA ALCAO Gendarme major 15 mai 1984, Mfou
7 OUSMANOU SALBE Maréchal des logis chef 16 mai 1984, Mfou
8 TRAPTOUANG Philippe Gendarme major 15 mai 1984, Mfou
Condamnés à mort et exécutés à Yaoundé
N° 1 AFTADAY ISAAC Maréchal de logis chef 09 août 1984 Yaoundé
2 INOUA MOHAMAL Maréchal de logis chef 09 août 1984 Yaoundé
3 SOUWE Thomas Sergent 1er juillet 1984 Yaoundé
4 YAYA OUMAROU Civil 09 août 1984 Yaoundé
Morts en détention pour mauvais traitement, mauvaise alimentation et manque de soins...
1 ADAMA AHI Gendarme 12/10/1984
2 ADAMA WAPOUO Gendarme 15/04/1985
3 AMADOU SADOU Gendarme 05/09/1987
4 BATCHANE Gendarme 25/01/1985
5 BOUBA GONI Sergent-chef 03/02/1988
6 DAOUDOU Dieudonné Gendarme 03/12/1987
7 DJAKAYA Albert Gendarme 13/08/1987
8 DJELANI GONI Gendarme 27/10/1984
9 DJIBERSOU TCHASSOU Sergent-chef 03/03/1988
10 GOLDON Jean Gendarme 12/10/1984
11 HAMALAMOU Gendarme 02/02/1987
12 HAMAN KOULOUDA Gendarme Major 27/07/1988
13 HINBARA Marcel Gendarme 19/12/1985
14 MADI Pascal Gendarme 25/09/1987
15 MADOUM DOGO Capitaine 03/12/1989
16 MONGASPE Mathieu Gendarme 08/04/1985
17 MOUDIO HILDIMA Administrateur Civil 11/04/1989
18 MOUSSA DJIBE Gendarme 15/08/1987
19 NAGASSOU Pascal Gendarme Major 11/10/1988
20 NGAWBAI Joseph Gendarme Major 03/07/1988
21 TOUMBA Paul Gendarme 21/08/1988
22 WALA Dieudonné Maréchal des logis chef 27/10/1984
23 WANMENE Victor Gendarme Major 17/08/1988
24 WARON Jean Gendarme 03/10/1984
25 YODELEGON Mathieu Maréchal des logis chef 14/10/1984
Condamnés à mort et peine commuée en détention
1 SALATOU ADAMOU Capitaine
Depuis ce coup d’Etat manqué de 1984, l’armée s’est vue plus que jamais être choyée. Avec la crise économique, et alors que les fonctionnaires camerounais subissent des baisses de salaires, le solde des militaires n’a cessé d’augmenter, faisant des salaires des militaires les plus élevés de la Fonction publique camerounaise. Il faut également noté que l'armée camerounais est l'une des meilleure sur le continent. La seule armée qui est sur 3 fronts ( Extrême nord avec Boko Haram, Crise Anglophone, guerre en Centrafrique)
Par Africa24monde avec Regardsurlafrique