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© Luc André Diouf, député et secrétaire fédéral de la politique des réfugiés du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE)
Il parle six langues et vit à Las Palmas en Espagne depuis près de 30 ans. Il y est devenu une référence au sein du mouvement syndical. Après avoir été sans-papiers, Luc André Diouf est aujourd’hui député et secrétaire fédéral de la politique des réfugiés du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) et vient d’être élu député.
Luc André Diouf, polyglotte d’origine sénégalaise
Luc André Diouf parle 6 langues. Cela en fait déjà un député différent des autres. De plus, aucun autre candidat au Congrès n’a eu un parcours de vie tel que le sien : celui d’un immigrant qui a été SDF avant de devenir une référence pour le mouvement syndical aux Canaries.
Né à Joal, au Sénégal, en 1965, le secrétaire fédéral à la politique relative aux réfugiés du PSOE vit depuis 27 ans à Gran Canaria, où il fut un jour un immigré clandestin. Pour cette raison, ses débuts dans le pays ont été très difficiles. « Une fois le visa expiré, je n’avais plus d’argent et j’ai dû dormir sur la plage de Las Canteras pendant 45 jours. Je ne mangeais qu’une fois par jour », a-t-il confessé.
A l’époque le ministre José Luis Corcuera, avait promu une loi sur la sécurité des citoyens inscrite dans l’histoire sous le surnom de « coup de pied dans la porte ». Elle permettait à la police de demander des papiers d’identité à tous les immigrés, dans presque toutes les circonstances, et de les arrêter si ceux-ci n’étaient pas en règle.
C’est pourquoi, Diouf et 11 autres immigrés avec qui ils vivaient dans un appartement du quartier du port de Las Palmas, qui l’ont accueilli alors qu’il souffrait d’une pneumonie, se rendaient rarement dans la rue. Ils achetaient même leur nourriture depuis chez eux, en utilisant un sac et une corde qu’ils lançaient par la fenêtre avec de l’argent et qu’ils remontaient rempli des choses qu’ils avaient demandés.
« Un matin, la police est apparue et a frappé à notre porte. J’ai été sauvée du renvoi au Sénégal à cause du livret de famille de ma fille et du fait que je suivais un traitement de chez moi », se souvient Diouf.
Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol lui ouvre ses portes
Diouf rencontre en 2016, le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, qui le recrute pour son projet de gouvernement, aux côtés de personnes comme Josep Borrell, Rafael Bengoa ou Sami Naïr. L’immigré alors en situation irrégulière parlait français, anglais, sérère et wolof. Il a appris l’espagnol sur place et s’est inscrit dans une école pour apprendre l’allemand.
Pendant 17 ans, Diouf a été conseiller technique, puis coordinateur de différents centres d’information aux travailleurs étrangers, avant de devenir secrétaire à l’immigration du PSOE. Il est ainsi devenu une référence essentielle pour la communauté des Africains aux Canaries.
Celui qui est aujourd’hui devenu député a permis à plus de 32 000 migrants africains de pouvoir s’installer aux îles Canaries en 2006. Parmi ces migrants, il y avait de nombreux jeunes originaires du Sénégal. Le peuple canarien, dont une grande partie est composée de descendants de migrants vénézuéliens, a grandement contribué à ce résultat.
« J’ai dénoncé et continuerai à dénoncer la négligence de certains gouvernements africains. Ils se contentent de regarder ces personnes risquer leur vie, des personnes qui peuvent physiquement contribuer au développement du continent africain. Et ce n’est pas une génération, il y a plusieurs générations qui sont en train de perdre », explique-t-il.
Luc André Diouf a sa situation régularisée depuis longtemps (il est espagnol depuis 2001), mais il n’a pas ignoré la communauté immigrée des îles Canaries. Il lutte à la fois contre les politiques anti-migrants et contre celles préconisant « des papiers pour tous ».
« L’espace intermédiaire entre ces deux positions doit être raisonnable. Il ne faut pas jouer avec les sentiments des personnes dans le besoin. Je suis du Sénégal et il existe une politique de migration. Au Sénégal, les frontières ne sont pas ouvertes à tout le monde », explique-t-il.
Africa24monde avec RSA